Début mai était publié l'article intitulé
Asian skinhead - part 1: l'empire du milieu au début duquel il
était question, je le rappelle, "de faire le tour de quelques groupes des différents pays asiatiques". Heureusement qu'immédiatement après était précisé "sans velléité d'exhaustivité", car en
depuis macache, zibe, nada. Les deux millions de lecteurs quotidiens de ce blog y allaient de leurs lettres d'insultes, s'estimant floués de ne rien voir venir d'autres. Le rédacteur de cet
article se bidonnait de sa bonne blague dictée par une flemmingite aigüe conjuguée (au plus que parfait, ce qui le décrit parfaitement) à un emploi du temps de ministre fraichement nommé tandis
que les trois employés préposé au tri des commentaires tiraient sacrément la gueule devant tant d'heures supp certes défiscalisées. Ça aurait pu en rester là, ça aurait même du. Sauf que je
deviens sacrément conformiste et qu'après avoir publié la partie 1, lors d'une nuit sans sommeil, m'est venu l'envie de faire une partie 2. Bon, à ce rythme là peut-être même verra-t-on un jour
une partie 3…
Après l'empire du milieu, place au pays du soleil levant. Comme on dit dans les mauvais guides de voyage, le japon est une terre de contraste entre tradition et modernité. Bref, ce pays est un
peu l'occident de l'Extrême-Orient, et le rock européen y a pénétré plus vite que chez ses voisins. Ainsi, il y a une scène punk japonaise depuis déjà un bail, et pas que de l'émo-punk pour ados
déguisés.
A partir de 1979-1980, plusieurs groupes punks défrayent la chronique japonaise. Le plus connu en Europe est sûrement
The Stalin, fondé en 1980 par Michiro Endo après un éphémère premier
groupe appelé
Jieitai.
The Stalin, c'est un groupe de punk, relativement pêchu mais pas forcément ultra-carré. Le groupe tient beaucoup à la personnalité de son leader qui aura
choqué en se faisant vomir sur scène en chantant (
Kaiboushitsu), en s'y mettant
à poil (il est presque aussi gros qu'Iggy Pop!) et en foutant le bordel. Un concert de
The Stalin, ça tient autant de la
performance que du pur moment musical. Cet aspect "performance" sera encore plus présent chez le groupe suivant de Michiro Endo,
Video Stalin (le gars avait de l'énergie à revendre mais
pas forcément une énorme imagination pour les noms de groupes puisqu'il fondra ensuite un dernier groupe appelé
Stalin, sans article).
Dans la même période, Tokyo voit émerger en 1980
GISM , groupe anarcho-punk hardcore déjanté et speedé, très engagé. A la base,
GISM signifiait "
Guerrilla Incendiary Sabotage Mutineer", puis jouant sur l'acronyme, se sont succédés "
God In the Schizoid Mind", "
General Imperialism Social Murder",
"
Genocide Infanticide Suicide Menticide", ou encore "
Gnostic Idiosyncrasy Sonic Militant". Dans la veine hardcore, le japon a aussi accouché (dans la douleur) du groupe anar Gauze
en 1981, devenu un groupe phare dans la scène hardcore underground mondiale.
Bon, il en est qui vont rouscailler parce qu'en dépit du titre, il n'est toujours pas ici question de skins. Mais on va voir qu'on s'en rapproche puisque je voulais dire deux mots d'un groupe
fondamental au jappon, le Tokyo Ska Paradise Orchestra, groupe majeur de ska-jazz fondé en 1985 et qui tourne encore aujourd'hui. On avait une scène punk et hardcore provocatrice, voici
que TSPO amène une pièce nodale dans l'émergence de la culture skin japonaise puisqu'ils reprirent pas mal de morceaux fondateurs de cette mouvance, notamment des titres des
skatalites. La scène ska nippone est d'ailleurs bien vivante, chaque année TSPO organise le Tokyo Ska Jamboree, festival de ska qui rassemble chaque année depuis 2009 des milliers
de fans de ska près du lac Yamanaka (contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom) devant des groupes japonais ou étrangers (comme le New York Ska-Jazz Assemblee).
Quand on cherche à se renseigner sur les skinheads japonais (sukinzu) sur le net, on tombera surtout sur des trucs de fachos (comme le site ONG) relayant la scène d'extrême-droite en grande
partie nazie qui se rassemble là-bas sous le sigle SSS ("Skinheads Samurai Spirit"). Cependant, comme l'explique bien
cet article de brain magazine, la scène skinhead japonaise est très riche, globalement bon enfant et antiraciste.
Il y a un paquet de groupe de Oi dont je ne connais pas la majorité mais que vous pouvez pour certains écouter sur le net pour vous faire une idée (outre Cobra, groupe pionnier en 80, brain
magasine cite par exemple
Booted Cocks,
LRF,
Allegiance,
Miburo). Mais la mouvance skinhead nippone existe aussi au travers du Ska et du Rocksteady. Parmi les
principaux groupes on trouve notamment
Oi Skall Mates, groupe de ska 2 tone de type skinhead traditionnaliste clairement antiraciste à l'imagerie assez Mods (voir
ce clip). Ils sont surtout connus en Europe via le split qu'ils ont fait avec
Bad Manners intitulé
Fatty England Vs Nutty Japan.
Musicalement, il y a des trucs un peu gnan-gnan peu convaincant comme celui ci-dessus et d'autres qui m'ont franchement plus botté comme
Skinhead Running.
Avant de mouler le japon pour d'autres contrées pas forcément plus hospitalières, je voulais glisser deux mots sur un dernier groupe: The 69yobsters. Il s'agit là d'un pur groupe
Early-reggae, spécialisé dans les reprises d'artistes anglais et jamaïcains. Certains sont rétifs à la reprise, mais c'est quelque chose d'inhérent à la musique et quand, comme ici, il ne s'agit
pas d'un simple plagiat mais d'une véritable réinterprétation, je n'y vois rien de problématique.
Au menu des
69yobsters, on retrouve une version de
These boots are made for stomping (qui attire décidément la vague skin après
M. Symarip ou les
Bad Manners qui
l'avaient reprise, on en parlait
icigo en mars), le ludique
Rudeness, adaptation de
Message to You Rudy de
Dandy Livingston rendu célèbre par la reprise des
Specials (à noter, je ne sais pas si ça a un lien mais la principale échoppe de fringue pour skins du
Japon s'appelle justement Rudeness, par ailleurs,
Rudeness est aussi le nom d'un groupe de ska chinois dont j'aurais peut-être pu parler en partie 1 si je l'avais connu),
Skinheads
Can't Fail, reprise aux allures de ballade de
Rudie Can't Fail, des
Clashs, la sympathique reprise de
Jack the ripper de
Harry "Zephaniah" Johnson, aka
Harry
J, aka
The Liquidator, ou les morceaux laissant la part belle à l'orgue comme
Time is skinheads (est-on sensé y reconnaître Skinhead Time des The Oppressed?) ou
Skinhead On
The Wave… Bref, c'est plutôt sympathique, assez frais et sautillant, parfait par le beau temps actuel. Je précise pour finir que les
69Yobsters nous ont eux aussi gratifié d'un split
avec un groupe européen, en l'occurrence les antifascistes italiens de
Klasse Kriminale.
Source: Red & Rude
|
Punks ou skins, ils ont un pb avec les nippes ces nippons!
|