L’ex-skinhead valaisan, condamné en septembre dernier à Martigny à onze ans de prison pour avoir tenté d'assassiner un Valaisan d'origine kosovare en 2009 à Saillon, était rejugé à sa demande mercredi à Sion devant le Tribunal cantonal.
Il demande que seule la tentative de meurtre (punie de cinq ans de prison au maximum) soit retenue, estimant que l'absence de scrupule, propre à l'assassinat, ne doit pas être maintenue. Pour le procureur André Morand, qui a requis le maintien de la peine de onze ans, le geste de l'accusé était fait pour tuer. "Un assassin peut tuer pour un rien, sans que cela ne l'émeuve, ni avant, ni après l'acte", a-t-il ajouté. En 2009, des témoins ont vu sourire l’accusé devant sa victime grièvement blessée au sol.
Pour l’avocat du blessé, Me Bastien Geiger, l’absence de scrupule ne fait pas de doute : "il frappe à la gorge par surprise, avec perfidie. Puis, il fume une cigarette et donne ses cartes de crédit à ses lieutenants pour qu'ils retirent son argent en vue de sa défense.»
Avocat de l'accusé, Me Gonzague Vouilloz, a estimé que l'instruction a été faite principalement à charge. Il rappelle que l'accusé a dit avoir frappé de manière «automatique, n'importe où, sans préméditer son geste. Il n'était pas dans son état normal. Un coup de folie. Il faut tenir compte de la fulgurance de l'acte. " Selon lui, "le premier tribunal a jugé les apparences. On a voulu mettre le maximum à un skinhead."
C’est lors d’une fin de soirée de décembre 2009, que la victime, alors âgée de 26 ans, avait eu le malheur de croiser le chemin, dans la discothèque la Bastide de Saillon, d’une bande de skinheads arborant des t-shirts avec des slogans d'extrême droite. Le condamné, meneur de la bande, fit l'éloge d'Hitler devant eux. Le Suisse d’origine kosovare lui a rétorqué : "oublie Hitler, il est mort !" Agé alors de 21 ans, le condamné avait pour toute réponse sorti son couteau à cran d'arrêt et tranché la gorge de la victime, lui sectionnant la carotide, ainsi que plusieurs nerfs. Le blessé avait échappé de justesse à la mort.
Par Gilles BERREAU
Source: Le Nouvelliste