Le cercle Elisabeth Dimitriev fut la base du regroupement de la tendance “lutte des classes”. Ce cercle est créé en 1971 par quelques femmes appartenant aux groupes de quartier parisiens mais surtout par des femmes faisant parties du groupe trotskiste AMR (Alliance Marxiste Révolutionnaire).
Qui était Elisabeth Dimitriev? C’était une femme d’origine russe qui est née en 1851, elle était la fille d’un officier tsariste. Elle milita très jeune dans les cercles socialistes de Saint-Petersbourg. Elle se maria à l’âge de dix-sept ans et partit vivre à Genève. Lors de l’insurection de la Commune de Paris en 1871, elle fut envoyée par Karl Marx en mission d’information. Une fois installée à Paris, elle fonda et dirigea l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés.
Le cercle E.Dimitriev était un groupe de travail faisant parti du MLF, il réunissait des femmes ayant une position commune. Ce groupe avait sa propre conception de la lutte des femmes et de l’autonomie que devait avoir le Mouvement :
- Au niveau de l’organisation du Mouvement : Le cercle E.Dimitriev était contre le fonctionnement spontané du MLF, au contraire, on pouvait retrouver dans l’organisation souhaitée par le cercle des formes de hiérarchisation et de représentation propres aux partis politiques (leur projet provoqua d’ailleurs une réaction brutale à cause de ceci). En effet, il préférait un système de coordination des groupes par l’intermédiaire de déléguées (les diffèrents groupes devaient envoyer des déléguées à une réunion commune qui devait prendre des décisions). Il souhaitait que le Torchon brûle paraisse plus régulièrement et que le Mouvement ait un bulletin d’information en plus du Torchon. Il souhaitait également créer une commission de coordination avec la province, etc.
- Au niveau de l’autonomie du Mouvement : Il faut que les femmes se regroupent dans une organisation spécifique pour lutter contre leur oppression. Cette organisation doit être autonome pour que les femmes puissent émettre leurs propres revendications. Cependant le Mouvement ne doit pas être autonome par rapport à la lutte des classes car la révolution socialiste ne peut aboutir sans la libération des femmes et la libération des femmes se doit d’exister dans la révolution socialiste.
Du cercle Elisabeth Dimitriev et des Groupes de quartier découla Les Pétroleuses qui fut l’organe d’expression initiale du féminisme tendance « lutte des classes ».
Source : Féminisme tendance "lutte des classes" sur Toulouse dans les années 1970.