Dans cette crise du système capitaliste dont les instigateurs sont les tenants du système même, et alors que le choix politique de l'individu devrait être de tendre vers un changement radical des fondations de la société pour atteindre son émancipation, c'est malheureusement, pour l'instant, le choix contraire qui fait "recette". Celui du racisme, du nationalisme, du communautarisme, qui ne sont que les ingrédients de base du capitalisme dont les axes de travail reposent sur la classification et la division, ainsi que sur la concurrence et l'affrontement.
Aussi, adopter une attitude raciste par effet de mode (pour les apolitiques inconscients) ou être raciste par convictions (pour les prédicateurs fanatiques ) ce n'est en faite que servir le système que l'on croit combattre ou que l'on veut vous faire croire que vous combattez. Le Front National en est un exemple flagrant, enfin, apparement pas pour tous...
Pour illustrer ses propos, l'UPAC vous livre ci-dessous, au travers de 3 univers, Transport, Santé, Justice des faits qui ne sont pas nouveaux mais qui sont symptomatiques de la dérive raciste qui peu à peu, pernicieuse, vicieuse mais surtout dangereuse, est en train, comme dans les années 30, de nous mener, si nous ne réagissons pas, à une triste époque.
Pour conclure, cette petite histoire vraie qui a choqué l'UPAC :
Dans une commune du sud de la France, le maire a récemment décidé d'offrir une prime de 1 euros par amende et par fonctionnaire de sa police municipale qui donnerait une amende au quidam grâce à l'installation du système de vidéo-surveillance. Ce n'est pas tant la prime qui nous choque et ce système de course à l'échalotte sécuritaire que bien sur nous dénonçons aussi; mais c'est surtout la réaction des gens interrogés dans la rue qui n'avaient que pour unique critique le faible coût de la prime. Aussi, aucun d'entre eux ne remet en cause le principe du flicage à outrance de notre environnement mais rapportant à soi, ne conteste, dans un point de vue purement capitaliste, le fait que 1 euro ce n'est pas assez !! Voilà bien une réaction significative du formatage de nos esprits à l'adoption unique d'un raisonnement intelectuel qui ne s'excerce que dans le champ capitaliste c'est à dire individualiste et financier.
Pour l'UPAC, Kyosen.
Le premier livre que j'ai lu en 2011 était le fameux « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel. C'est la première fois que je tiens une résolution au-delà du 3 janvier. C'est un train Paris-Lyon qui m'a indignée au plus haut point.
Je somnole entre deux wagons, sur une petite banquette. Réveillée par le contrôleur qui donne le sentiment de ne sourire que si on lui file dix balles. Quelques minutes plus tard, le même, suivi d'un collègue, revient entre les deux wagons avec une jeune fille asiatique. Première phrase : « Elle comprend pas le français celle-là. » Ça donne le ton.
Effectivement, elle ne le comprend pas. Les contrôleurs lui demandent : « Is it your card ? » en tenant une carte 12-25. « Yes » répond-elle. « I call police », répond le contrôleur.
J'ai beau être dans le coltard, je trouve ça quand même très fort. Trop fort. Et la fille de paniquer toute seule. « Police », c'est universel, tout le monde comprend. Elle sort une carte de métro de son portefeuille pour montrer que c'est bien le même nom.
L'attitude méprisante des contrôleurs me choque. Ils veulent voir d'autres cartes. Au final, les voilà avec quatre cartes en main, à comparer les noms et prénoms entre toutes. Et oui, c'est bien le même sur chacune, mauvaise pioche les gars.
Ils les lui rendent. L'un des contrôleurs lui lance un « passport is nécessaire ». L'autre dit à son collègue :
« Nécessaire, elle comprend pas.
– Oui ben en France, on parle français, elle a qu'à comprendre, c'est tout. Je dis “nécessaire” parce qu'on est en France. »
Et ils s'en vont, sans un au revoir, sans un merci ou un « excuse me ». Cinq minutes plus tard, les voilà qui reviennent, à trois : après la multiplication des pains, la multiplication des contrôleurs patriotiques. Avec un couple de jeunes maghrébins. Un contrôleur tient leur e-billet :
« Alors je vais vous expliquer : regardez, je bippe votre billet, et là qu'est-ce qu'on voit ? Que vous avez annulé votre billet avant de partir. Donc vous fraudez. »
Tout de suite, un deuxième enchaîne : « Ça va vous mener très loin ça, vous allez avoir de gros problèmes. »
Le type garde un sang froid impressionnant pendant que je sens la colère monter en moi. Sa copine vient s'asseoir avec moi, je lui fais part de mon indignation. Elle, elle reste calme. On observe la scène ensemble. J'ai l'impression de regarder un film de cowboys américains qui croient dominer le reste du monde.
Son copain maintient qu'il n'a pas annulé le billet. L'un des contrôleurs continue :
« T'es un joueur toi, tu veux jouer, hein ? Dès qu'on t'as vu sur le quai, on savait quel genre de type t'étais [Ah bon ? Pourtant il a même pas de sweat à capuche, ndla]. Alors tu veux jouer ? On va jouer, on va être joueurs aussi. Y a la police qui est dans le train juste pour toi, on va aller les chercher, et tu vas continuer à jouer avec eux. »
Le type ne répond toujours pas, il a l'air… tétanisé. Qu'il fraude ou pas, il n'y a strictement aucune raison de parler de cette façon à quelqu'un.
Un arrière-goût d'injustice et de honte
Ça y est, l'indignation explose : je leur dis qu'ils sont irrespectueux, que leurs propos sont plus qu'excessifs, que c'est très choquant. Je n'ai pas le temps de finir ma tirade qu'ils me coupent d'un : « Taisez-vous vous, vous mêlez pas de ça, la police va arriver », avec un ton d'abus de pouvoir et de menace.
Je suis tellement cocotte minute que je pars trois wagons plus loin pour exploser à ma guise. Je suis une émotive. Je me sens lâche sur le coup. J'aurais dû rester, leur tenir tête, soutenir le couple. Au lieu de ça, j'éclate seule en sanglots.
Tiens, les voilà qui passent devant moi et reviennent avec une policière en civil, qui enfile son brassard. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de ce couple. J'ai simplement entendu ensuite au wagon-restaurant le barman dire à un collègue : « Ils ont eu du bol, elle était dans le train, ils ont pu faire appel à elle. Elle voyage avec son frère. » La policière… j'en déduis qu'elle n'était pas en fonction.
Ce trajet m'a laissé un arrière-goût d'injustice, d'abus de pouvoir, de discrimination, de racisme. De honte, surtout. A quand les contrôleurs avec des Tasers tant qu'on y est ? Ces atteintes à la dignité humaine, combien les vivent par jour ? Je suis épargnée, je suis blonde à la peau blanche. Pour autant, je m'indigne.