
Lors de la convention du Bloc identitaire à Orange, le 3 novembre. Crédits AFP / Gérard Julien.
La direction du Bloc identitaire a interdit d'entrée à sa convention, dimanche 4 novembre à Orange, le journaliste de l'AFP pour une dépêche de la veille qui relatait la diatribe racialiste tenue publiquement à la tribune par l'un de ses invités vedettes.
Cette interdiction a été notifiée à notre confrère par le "service de sécurité" des Identitaires, après des notifications verbales plus informelles dans son hôtel. Le Monde a du coup décidé de quitter la convention par solidarité. Les journalistes de Golias et de l'Humanité ont fait de même.
Ce comportement est en tout cas un signe de plus de la radicalisation - à demie assumée- du Bloc Identitaire. Lors de la convention, qui a réuni plusieurs centaines de personnes sur deux jours, l'on a aussi vu une dichotomie dans la stratégie affichée par le Bloc confinant à la posture inaudible.
D'un côté, Fabrice Robert a mis fin à la volonté qu'a eu le BI de se transformer en "parti politique". "Nous nous sommes trompés. Ce n'est pas dans notre ADN", a-t-il déclaré. M. Robert qui se félicite par ailleurs du rôle "d'aiguillon idéologique" de sa formation qui, selon, impose "les thèmes du débat politique". Il fait référence notamment, "au racisme antiblanc", au halal ou encore à "l'islamisation" supposée de la France et de l'Europe. M. Robert a de nouveau revendiqué une "marque de fabrique" qui serait l'activisme de rue.
A côté de ce "mouvementisme" assumé, Philippe Vardon, lui, a tendu la main au Front national pour faire des listes communes lors des municipales de 2014 dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine (RBM), parti où peuvent adhérer les formations ou les personnes qui soutiennent Marine Le Pen sans être au Front national.
"Nous voulons des élus municipaux et pourquoi pas participer à des exécutifs locaux dans le cadre de listes d'union et d'ouverture. Nous en avons la capacité et l'envie", a assuré M. Vardon. Du côté du FN, Marine Le Pen nous a déclaré mardi 30 octobre que l'adhésion éventuelle du Bloc identititaire au RBM n'était "pas du tout à l'ordre du jour". Cependant, un court message de soutien de la part de Paul-Marie Coûteaux, président du SIEL parti membre du RBM, a été lu lors de la convention identitaire. Et Renaud Camus, qui a soutenu Marine Le Pen lors de la présidentielle, était quant à lui présent dimanche matin.
Par ailleurs, toujours dans l'optique d'avoir une image sérieuse, le BI va lancer un think-tank, Les identitaires, et va mener une "grande campagne sur la « détaxation des produits de proximité".
Activisme, électoralisme. Le Bloc identitaire n'a donc toujours pas tranché entre ces deux orientations tactiques. Pourtant, sur le terrain, l'on voit que c'est bien l'activisme qui est privilégié - comme lors de l'occupation du chantier de la mosquée de Poitiers le 20 octobre- ce qui pourrait, in fine, obérer toute alliance avec des partis d'envergure nationale comme le FN.
Ainsi, pour les dix ans de l'organisation, l'on a pu donc assister à une radicalisation dans la forme et notamment dans certains discours d'intervenants extérieurs. Peu d'invités internationaux avaient répondu à l'invitation du Bloc. Les représentants du Vlaams Belang (Belgique) et du FPÖ (Autriche) ont décliné. Ces deux partis appartiennent à l'Alliance européenne pour les libertés à laquelle appartient Marine Le Pen. Et ils ont été prié de privilégier un seul interlocuteur par pays, à savoir le FN. Cependant, Hilde de Lobel (Vlaams Belang) a adressé un message de soutien au BI.
"Bastonner quand il faut!"
Il restait donc au Bloc les invités italiens. Et ils n'ont pas déçu. Le premier, Antonio Rapisarda, journaliste au Secolo d'Italia (droite) a ainsi évoqué "un espace vital européen", poliment traduit par "place vitale".
Ensuite Mario Borghezio, eurodéputé de la Ligue du Nord (parti xénophobe) a enflammé la salle avec une diatribe racialiste. "Il faut être avec le livres, les idées mais aussi avec le baton. Il faut bastonner quand il faut! (…) Un peuple c'est le sang, une ethnie, des traditions et nos ancetres ! (...) Vive les blancs en Europe! Vive notre ethnie! Vive notre race!", a-t-il ainsi harangué sous les hourras de la salle. Par la suite il s'est référé à son "maître Julius Evola" (un des penseurs phares du fascisme) et a indique qu'il faudrait aujourd'hui, "un poète comme Brasillach" pour "s'enthousiasmer".
Même si certains responsables identitaires ont fait savoir que ces déclarations n'engageaient pas le Bloc puisque M. Borghezio n'est pas adhérent, l'on peut juger cette défense pour le moins spécieuse. En tous cas l'on peut s'interroger sur la pertinence d'inviter M. Borghezio d'un côté et de tenter d'amadouer le FN de l'autre, notamment en vue des municipales à Nice. Le FN a rompu tout lien avec cet eurodéputé de la Ligue du nord. C'est un compagnon de route de longue date des Identitaires qui connaissent très bien son goût prononcé pour les déclarations chocs. Et c'est, entre autres choses, pour cela qu'il est isolé dans son propre parti en Italie. Trop sulfureux.
Quelques minutes avant l'intervention du très exalté Borghezio, avait été lu, en tribune, un message de soutien d'un responsable du syndicat universitaire UNI, présenté comme membre de l'UMP. L'on dira que ce responsable qui faisait part de certaines "préoccupations communes" a, au mieux, été imprudent.
Source: Droite Extrême