Los Angeles (Californie) - France USA Media.
“Le peuple, uni, ne pourra pas être défait”. “Nous sommes les 99%”. Les pancartes commencent à s’agiter en cette matinée de jeudi. “Tout le monde au carrefour !” crie une jeune femme dans le mégaphone. Quelques dizaines de personnes accourent. Le tam tam rameute. C’est parti pour une nouvelle manifestation. Pourtant, nous sommes bien loin de Wall Street. A 3932 kilomètres, très exactement, sous le soleil de Los Angeles.
Le mouvement “Occupy L.A.” est né la semaine dernière en solidarité des protestations anti-Wall Street à New York. Environ cent cinquante personnes se retrouvent chaque jour devant l’Hôtel de Ville de L.A., deuxième ville du pays. Et beaucoup plus le week-end. Quelques dizaines dorment sur place, dans des tentes de fortune. “90% de notre effort va au soutien de nos amis new-yorkais, explique Giovanna Trimble, étudiante de 23 ans. Et nous fonctionnons uniquement grâce aux donations : pour la nourriture et la logistique - ordinateurs, téléphones portables”. Son t-shirt dit “Eat the rich”, un jeu de mot entre “les riches” et la nourriture trop riche.
Au-delà du soutien à New York et des mouvements qui commencent à naître dans d’autres villes américaines, “Occupy L.A.” veut répondre à des spécificités locales. “On essaie de convaincre les syndicats californiens à s’engager derrière nous, explique Paul Murufas, 20 ans et “occupeur professionnel”, comme il dit. “La population latino a également de la sympathie pour tout cela. Il faut maintenant qu’elle nous suive”. Les Hispaniques, première minorité du pays, représente environ 40% de la population en Californie du Sud. Un “vivier” de voix très courtisé au moment des élections…et par les groupes anti-capitalistes actuels.
Contrairement au mouvement new-yorkais, celui de Los Angeles paraît plus hétéroclite. Sur une table tréteaux et un drap posé par terre, une librairie improvisée propose de la littérature “libertarienne” - une mouvance ancienne qui récuse l’intervention de l’Etat dans la vie privée. A vingt mètres de là, cinq jeunes se tiennent par les épaules et prient de longues minutes. Sur le trottoir, adossé contre un poteau, une écologiste d’une cinquantaine d’années hurle contre la “mort de la planète”. Le message anti-capitaliste est donc un dénominateur commun à des groupes bien différents les uns des autres.
Mais si l’on ose comparer ce mouvement à celui du Tea Party, qui est également né à la base en 2009 avant d’être récupéré par les politiciens, c’est la vexation garantie ! “Non non, s’offusque Giovanna Trimble. Je ne vois aucun point commun. Nous ne sommes par le Tea Party de la gauche”. Les Américains apprennent donc la protestation “à l’européenne”, non sans maladresse. “On suit de près ce qu’il se passe en Grèce ou en Espagne, reprend l’étudiante. Mais je suis heureuse d’être aux Etats-Unis, où nous sommes protégés par la liberté d’expression (garantie dans la Constitution, NDLR). Jusqu’où le mouvement ira ? Point d’interrogation.