« C'est un film joyeux, enthousiasmant, qui injecte de l'énergie au cœur du spectateur », s'exclame le militant antifranquiste, Lucio Urtobia, 80 ans.
Squat-la ville est à nous retrace l'épopée des squatteurs barcelonais, de 2003 à 2011, et se clôt avec l'occupation de la place de la Catalogne par los indignados...
Squat-la ville est à nous est un grand film documentaire. Pendant huit ans, son auteur, Christophe Coello (1), a filmé de l'intérieur les actions et discussions de « Miles de Viviendas » (« des milliers de logements »), un collectif de réappropriation urbaine, dans un quartier populaire de la capitale catalane en proie à la spéculation.
Ils sont une trentaine. Le plus jeune a 19 ans, le plus âgé 40. Gloria, Vicente, Ada, Marc, Emma et les autres sont des militants d'un autre type. Comme l'écrit la sociologue Florence Bouillon, « à mille lieux des clichés, les squatteurs apparaissent ici comme des individus et des groupes hyper actifs, réfléchis, réflexifs, dont la capacité à problématiser la question sociale et à engager des actions collectives le disputent à l'humour et à l'autodérision ».
Squat-la ville est à nous est un film d'action. Car si les militants de « Miles de Viviendas » ont le goût du débat politique, entre eux et avec les autres, ils sont des adeptes de l'action directe. Réquisition d'un bâtiment vide pour dénoncer la spéculation immobilière, occupation du siège d'une entreprise de technologie militaire et embarquement des ordinateurs pour « enquête », récupération et distribution de nourriture... les forbans catalans n'ont pas froid aux yeux, y compris quand il faut s'affronter avec les robocops espagnols. Comme le résume l'une des animatrice du collectif : « Que nos actions soient illégales, on s'en fout, du moment qu'elles sont légitimes. »
Comme l'explique un autre militant, Vicente, « ce que le film exprime très bien (…), c'est le sentiment de puissance collective. Il montre comment nos squatts s'articulent à la vie de quartier, aux pratiques de vie en groupe, aux conflits de la rue, à la question des libertés populaires, notamment avec la rencontre avec les vieilles dames du quartier de la Barcelonetta ». « Notre position, précise Gala, c'est dire que ne sommes pas des squatteurs, mais des voisins. (…) Nous sommes d'abord des gens qui cherchons une réponse à la brutalité de la spéculation et du capitalisme, et cette réponse peut être mis en pratique par n'importe qui. (…) Tout le monde peut faire la même chose que nous. »
Le film de Christophe Coello nous éclaire sur les racines du mouvement des Indignés espagnols. Au printemps 2008, l'officias d'okupaciao (bureau des occupations) dénombrait deux cent cinquante okupas (squats) dans la ville de Barcelone. C'est dans ce laboratoire ancré dans les quartiers que des milliers d'hommes et de femmes, dégoutés de la représentation électorale, ont fait l'apprentissage d'une autre façon de faire de la politique et à ne compter que sur eux-mêmes.
Squat-la ville est à nous
Au cinéma l'Espace Saint Michel
http://cinemasaintmichel.free.fr/
7 place Saint Michel, Paris Ve
(Métro Saint-Michel)
Le site du film,
avec notamment les infos
pour organiser des projections :
(1) Philippe Coello a notamment réalisé plusieurs documentaires sur les luttes en Amérique latine. École en terre maya(1996), sur le maintien des langues indiennes, Chili, dans l'ombre du jaguar (1999), sur l'absurdité du « miracle économique » chilien voulu par Pinochet, Mari chi weu (2000), sur la lutte du peuple Mapuche. En Europe, Philippe Coello a, entre autres, tourné un documentaire sur la scolarisation des enfants gitans, Regards croisé sur l'école(2006), ausculté un quartier HLM de Perpignan, Bonjour, bonsoir (2007) et coréalisé avec Stéphane Goxe et Pierre Carles un dyptique sur le rapport au travail : Attention danger travail(2009), Volem rien foutre al pais(2007)