Des deux côtés de la méditerranée, l'un du côté européen (Grèce, Espagne) et l'autre du côté des pays arabes (Tunisie, Egypte, Maroc), il y eut l'émergence d'un fort printemps de contestation. Mais cette contestation fut-elle et est-elle encore soit sociale,soit politique,soit économique ou les 3 en même temps ?
Aujourd'hui la Libye est aussi en pleine guerre civile ainsi que la Syrie.
On peut alors légitimement se demander ce que tous ces soulèvements des peuples ont à la fois en commun et de différent.
Tout d'abord, ce qu'ils ont en commun est la prise de conscience collective de la possibilité d'abattre des murs idéologiques et réels. Idéologiques, car il est depuis trop longtemps dans les esprits des populations qu'"on ne peut rien faire" et que "c'est comme ça". Ici, tous les peuples, à des degrés différents, ont montré à eux-mêmes et démontrés à d'autres que c'était possible. Reéls, car il a fallu faire face à une répression policière et /ou militaire violente pour certains cas et meutrière pour d'autres.
Cependant, au delà de cela, qu'ont en commun un "indigné" espagnol, un révolté tunisien et un rebelle libyen ?
Sont-ils tous pour une révolution ? Souhaitent-ils tous un changement de système politique, économique et social ? C'est à dire systèmique. Parce qu'un changement de système sociétal qui ouvre la voie véritable de la révolution doit englober ces 3 paramètres : Social, politique, économique. Puisqu'il ne suffit pas de "couper la tête" à un dictateur pour avoir fait la révolution ou pour la faire.
Or, Les cas européen, maghrébin et libyen sont symptomatiques de l'imposture révolutionnaire que, principalement, les médias et les politiques occidentales nous servent.
Concernant l'Espagne et la Grèce, il n'y a aucun projet politique et économique. Les "indignés" veulent simplement leur "part du gâteau", c'est à dire travailler et vivre de leur salaire et ceci quelque soit l'environnement politique ou économique. Et ce n'est pas l' air un peu "libertaire" du mouvement espagnol, dans le sens qu'il agit hors du contrôle syndical ou politique, qui peut faire penser qu'il y ait une volonté profonde d'une nouvelle étape fondamentale. En Grèce, qui est sous le joug du FMI et du carcan financier européen, la seule différence est l'implication des syndicats (grève générale à répétition), mais cela ne change rien au fait que franchir le pas d'une révolution est un pas qui est un pas encore trop grand à faire. On peut aussi y ajouter actuellement les "indignés" d'Israel qui sont du même accabit.
Concernant le Maghreb et l'Egypte, le soulèvement de ces peuples avait bien commencé dans le sens qu'il y eut un côté volontaire très marqué du fait du climat dictatorial mortifère qui règnait dans ces pays. Du coup, il ne suffisait pas de grand chose pour embraser les rues. Oui mais, cette illusion révolutionnaire s'est vite envolée parce que sous couvert d'une fausse croisade anti-islamique, l'impérialisme occidental est aux aguets. Et alors même que pendant des années les occidentaux ont fermé les yeux sur Ben Ali, Moubarak et consorts car ceux-ci se réclamaient constituer les seuls remparts contre l'islamisme fanatique, et alors qu'ils ont tous crié de concert à l'imposture lors de leurs renversements, les états occidentaux utilisent ou vont utiliser le même argument ou tout du moins effectuer l'ingérence nécessaire pour que le système impérialiste c'est à dire le capitalisme néo-colonial se pérénise dans ces pays.
Enfin, concernant la libye, il est à se demander si ce mouvement de guerre civile, qui est légitime sur le fond, n'est pas guidé en sous-main par le désir occidental de s'octroyer via le peuple libyen des ressources énergétiques et une place géo-stratégique. Mais ceci n'est qu'une hypothèse bien farfelue évidemment !..(cf : Guerre d'Irak).
Aussi, nous le voyons bien, certains ne réclament que de pouvoir profiter de leur part du système, d'autres encore attendent toujours des réformes, et enfin quelques uns se demandent bien ce qui se passe et où ils vont réellement.
Et ce n'est pas les pantomines de justice où l'on passe à la moulinette judiciaire des vieux dictateurs soudainement grabataires ni les bons mots des dirigeants européens et américains qui, tel Sarkozy, évoquent la croisade des démocraties contre des tyrans barbares qui vont effacer des décennies de complicité et de duplicité des peuples et qui vont instaurer un vrai souffle de liberté dans ces territoires.
En conclusion, nous ajouterons que tout ceci se tient aussi dans une différence conceptuelle importante : celle de la différence entre populaire et prolétaire. Parce que dans le mot populaire, tout peut y entrer.La notion de populaire est une notion vague, parfois démagogique et souvent dévastatrice pour les peuples car utilisée par les tenants du pouvoir pour donner, par exemple, l'illusion de la démocratie et de la liberté.
La notion de prolétaire,elle, est la seule voie idéologique qui ouvre une réelle perspective de changement par la prise de conscience particulière qui est celle de la conscience de classe. Puisqu' elle est la seule qui protège de la manipulation des foules par les pouvoirs en place, puisqu'elle est la seule qui rejette toute récupération financière par les puissants, et qu'elle est la seule qui permet le réveil et l'avènement des classes exploitées.
Alors ? Révolte populaire ou Révolution prolétaire ? L'UPAC a son avis sur la question et concernant ces peuples contestataires dans leur ensemble, ce n'est malheureusement pas la seconde solution qu'ils ont empruntés.