Parce que nous sommes attachés à l'esprit de la Charte d'Amiens de 1906 qui fonda les bases du syndicalisme révolutionnaire, parce que nous nous opposons à la dérive réformiste de notre
confédération depuis les années 1970 et que nous condamnons la déviance contre-révolutionnaire de notre CGT depuis la fin des années 90, nous avons fait le choix de ne pas mettre en lien le site
de la confédération ainsi que celui de l'UD de la Creuse qui ont pris le chemin d'un syndicalisme bureaucratique et élitiste.
Les « 4 pages » déséquilibre écologique et inégalités sociales (pp. 15-16-17-18) sont disponibles en tiré-à-part pour distribuer dans vos comités ou manifestation (4 euros les 100
exmplaires de frais d’envois). Les commander à OCL-Egregore, BP 1213, 51058 Reims cedex ou à « oclibertaire@hotmail.com »
page 13 •Notre-dame-des-Landes, la lutte s’élargit
page 15 • Les grands projets ne sont que le produit du capitalisme (4 pages à Commander)-
page 19 • Romainville, un procédé nocif, un projet à rendre inutile
page 23 •Italie : mourir du cancer ou de faim à Tarente
Nous n’aurons rien à dire, nous sommes prévenus ! L’année 2013 sera Annus Horribilis ! Les chiffres du chômage, notamment des jeunes de 15-25 ans, vont grimper comme un thermomètre
sur la banquise. Tout comme les impôts, les loyers, le prix de l’électricité et du gaz, la baguette et la bière, etc. Et inversement les revenus, les aides sociales, les créations de postes
vont stagner au mieux, ou carrément disparaître.
Cette belle unanimité des experts, journalistes et autres communicants rappelle la campagne précédant le référendum pour l’adhésion au Traité européen. Même Hollande nous fait le coup de la
déclaration sincère, lucide et courageuse : La tempête économique va souffler très fort, la récession oblige à réduire la voilure des subventions malgré nous, inutile de revendiquer
quoique que ce soit, c’est perdu d’avance ! Seuls survivront ceux et celles qui font le dos rond sous la bourrasque. Il n’y a pas d’alternative ! Comme disait Thatcher de sinistre
mémoire... Il ne semble pas que cette propagande martelée sans cesse convainque vraiment ; les profits obscènes et records de certains qui s’étalent au grand jour, avec leurs privilèges et
passe-droits, jouent une petite musique de classe, entêtante qui sape toute cette com !
En regardant plus finement le tableau de la crise, présenté comme la réalité, nous assistons plutôt à une accélération du redéploiement de l’ économie, et une accentuation de la pression sur
les salaires. Dans l’automobile par exemple avec des milliers d’emplois menacés, Renault achète un constructeur russe et délocalise un peu plus son centre de gravité. Peugeot pousse sa
collaboration avec GM et délocalise en Russie, Inde, Chine.. Au même moment, l’industrie automobile anglaise remonte la pente (même si elle ne pouvait guère descendre plus bas) et sur la base
d’une main-d’oeuvre très flexible et peu chère, reprend des parts de marché pour exporter même en Chine ! De la même façon, la réussite économique de l’Allemagne repose sur des conditions
de travail-rémunération dégradées depuis les mesures Hartz 4, avec certains emplois « obligatoires » à 5 euros de l’heure. La population hexagonale semble donc encore résister à un
traitement appliqué de longue date en Grande-Bretagne, en Allemagne, et plus récemment en Grèce, Portugal ou Espagne.
Rétrospectivement, le mouvement hexagonal de 1’hiver 1995 contre la réforme des retraites du secteur public avait stoppé cette attaque globale du niveau de vie des classes populaires et du coût
de la main-d’oeuvre dans l’Union Européenne ; puis les années 2000-2010 avaient vu s’exercer une érosion constante sur les revenus. Aujourd’hui, le PS au pouvoir veut tourner la page de
1995 et de nouveau remettre en cause retraites, salaires, pensions et autres revenus indirects en 2013, pour aligner la France sur les conditions salariales des autres européens. Hollande doit
tenter de passer les mesures impopulaires le plus vite possible, pour avoir une chance de remonter sa côte en fin de quinquennat et viser sa réélection. Et son premier ministre Ayrault fait le
job, quitte à rabrouer les membres du gouvernement qui se tortillent pour sembler encore de gauche, et quitte à battre des records d’impopularité huit mois après sa nomination.
A Nantes et en Loire-Atlantique, l’industrie déjà très diminuée voit une flambée de fermetures, de licenciements et autres réductions de postes : Mittal à Basse-Indre, Micmo à Machecoul,
Alcatel-Lucent à Orvault,... Les réponses syndicales sont classiques, et semblent mener les velléités de lutte droit dans le mur ; les possibilités de résistance dans les entreprises sont
de toute façon tellement encadrées par la législation qu’elles n’autorisent que peu d’initiatives légales.
La lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes au nord de Nantes, son audience et son élargissement (actuellement prés de deux cents collectifs locaux à travers l’Hexagone) n’en
est que plus remarquable dans ce contexte, pour avoir négligé les arguments de l’emploi et de la dynamique économique brandis par les promoteurs (Vinci, droite et gauche unies, patronat local).
La propagande incessante en faveur du projet et le dénigrement systématique des résistances restent inefficaces.
Bien sûr la population rurale est sensible à la défense des terres contre leur bétonnage, mais citadins comme ruraux se rejoignent dans la résistance contre ce projet peut être aussi parce
qu’il condense tout ce que les délocalisations industrielles et économiques ont d’arbitraire, de préoccupation financière pure et de gâchis évident, avec le déplacement d’un aéroport d’une
trentaine de kilomètres, qui coûtera des centaines de millions, voire deux à trois milliards tous comptes faits. Cette délocalisation ubuesque, avec tout son cortège d’argumentations
gestionnaires et de justifications technocratiques, est peut-être la goutte d’eau qui va mettre en mouvement de nombreux collectifs d’individus, dans une recherche d’une plus grande maîtrise de
leur avenir face à une logique économique de plus en plus inacceptable *.
Cette délocalisation d’aéroport devrait pouvoir interpeller les salarié-e-s des différentes boîtes de Loire-Atlantique confrontées eux-aussi à des plans de restructuration et/ou délocalisation
de la production. Et la résistance à ce projet de Notre Dame des Landes peut aussi démontrer que ce n’est pas forcément en s’enfermant dans sa boite que l’on peut gagner, mais au contraire en
s’ouvrant à d’autres réalités-dimensions de la lutte que l’on peut être rejoint par d’autres, avec lesquels la perspective de victoire ou du moins de rapport de forces maintenu est possible.
C’est inédit, mais sans doute pas exceptionnel à l'avenir. Des députés UMP viennent de déposer un projet de loi (cliquer ici pour le lire) avec le FN
demandant la reconnaissance d'un "génocide vendéen" datant d'il y a deux siècles. Ce concept fumeux est l'invention d'un historien marginal M. Reynald Secher, lié à la droite extrême et catholique. Elève de Pierre Chaunu, ce
professeur de la Sorbonne qui détestait la Révolution, invité d'initiatives de l'Action Française ou deChrétien
Solidarité de l'ex FN Bernard Antony, M. Secher a inventé ce terme en 1985 par pure
provocation malsaine. Déjà en 1987, Jean-Marie Le Pen et Bruno
Gollnish avaient sauté sur l'occasion et présenté un projet de loi quasi indentique à l'Assemblée nationale. Nouvelle preuve, s'il le fallait, que le FN ne change
pas.
En réaction à cette tentative de forfaiture historique et idéologique, j’ai envoyé le communiqué de presse ci-après.
Dans la seconde partie de ce billet, je publie un extrait d’un chapitre du livre que nous avons co-écrit Laurent Maffeis et moi même, au titre de « Robespierre, reviens ! » (Editions Bruno Leprince) qui me semble donner quelques éléments
de réponse aux calomnies que contient le PPL. Je trouve ces lignes d'autant plus pertinentes qu'elles ont été écrites par mon ami Laurent.
Communiqué de presse
Pour la première fois des députés UMP et FN font un projet de loi commun. Il a bien
évidement pour ciment la haine de la Révolution.
Cette proposition de loi (PPL) déposée par sept députés UMP, dont un ancien ministre, et Mme Marion Maréchal-Le Pen (FN), demande que
soit reconnu un« génocide vendéen en 1793-1794 ». C’est un acte grossier de manipulation historique, indigne de parlementaires
français.
Indigne, car il est frauduleux d’utiliser le terme de « génocide » pour qualifier les conséquences de guerres civiles qui dureront jusqu’en 1796, incompréhensibles si l’on oublie le
contexte et les graves difficultés que rencontrait la République naissante. Ce vocabulaire inadapté est une vieille ruse idéologique de l’extrême droite pour calomnier la Révolution française et
banaliser les génocides bien réels du 20ème siècle. Il ne devrait pas avoir sa place dans la bouche de parlementaires républicains.
Indigne, car les mêmes qui proposent ce PPL, et qui veulent « tripatouiller » l’histoire de la Révolution française, refusent que notre pays soit lucide sur notre histoire coloniale
récente, inventant le mot de « repentance » quand des historiens et des élus réclament seulement la vérité historique.
Indigne enfin car Mme Marion Maréchal Le Pen a défilé dimanche dans les rues de Paris aux cotés d’un antisémite et négationniste,
M. Nick Griffin, sans que cela ne pose manifestement de problèmes à ses co-signataires UMP.
Ce PPL absurde a tout de même un mérite : mettre à jour la jonction idéologique qui s’opère entre UMP et FN.
Le 9 février 2001, Michele Deroma, Federico Pais, Riccardo Sotgia et Salvatore Nurra ont été arrêtés au cours du braquage d’une bijouterie à Luras (Sardaigne). Le 13 juillet 2001,
Federico, Torre et Ricardo ont pris 5 ans et quatre mois, Michele a pris 7 ans et quatre mois plus un an de contrôle judiciaire (il a pris plus parce que récidiviste). L’appel a eu lieu le
15 janvier 2002 et a confirmé les peines
Je suis un homme libre, et comme homme libre, je suis allé faire un braquage. Je suis libre, même maintenant alors que j’écris derrière les barreaux d’une prison sordide, monument de la
démocratie répressive de l’Etat. Je suis libre parce que je suis hors des murs gris surveillés par les fidèles chiens en uniforme, je suis loin des barbelés rouillés, parce que je vis dans
chaque acte de rébellion, je fais partie de chaque révolutionnaire, de chaque prolétaire, de chaque exploité.
Il y en a qui pensent que la solution à leur problème est d’enfermer certains d’entre nous (toujours trop malheureusement !) dans ces quelques mètres carrés, en nous privant de la
liberté de nos corps, mais ils ne comprennent pas que la liberté ne réside pas dans les corps.
Est-ce que l’employée qui, tous les matins, va à son bureau qu’elle hait parce qu’elle est victime du chantage de ceux qui lui donnent un salaire misérable pour survivre, est libre ?
Est-ce que l’ouvrier, la cuisinière, le mineur, l’enseignant, victimes du même chantage à vendre à bas prix leur corps sur un étalage du “marché du travail” sont libres ?
En quoi sont-ils/elles différentEs des prostituées qu’ils/elles dénigrent tant, ces gens bien ?
Est-ce que la fille, l’enfant, dont la conscience, la moralité, la sexualité sont quotidiennement violés par la morale tordue et religieuse qui imprègne chaque parcelle de notre société,
sont libres ?
Est-ce que mon père était libre lorsqu’il a abandonné sa langue pour utiliser celle du patron ? Est-ce que ma mère était libre quand, pour me soustraire à l’exclusion et à la violence
de l’impérialisme italien, elle a décidé de ne pas m’enseigner notre langue ?
Et pourtant le monde est rempli d’hommes et de femmes “libres” comme tous ceux-là, femmes et hommes qui ne se rendent même pas compte que leur cellule est bien plus petite que la mienne,
parce qu’elle ne dépasse pas leur épiderme : ils sont à la fois prisonniers et leur propre prison… prisonniers d’eux-mêmes. Leurs ailes sont engluées par un liquide visqueux et
liberticide que les Etats répandent sur les individus, communautés, pour les empêcher de voler et d’observer les monstruosités qu’ils accomplissent sur la terre…
Nous, délinquants, malfrats, hors-la-loi, nous ne sommes pas un problème pour la société, mais un fruit de son problème, nous sommes ses enfants : nous sommes fils de l’inégalité et de
l’injustice légalisée, et tant qu’il y aura un monde basé sur l’inégalité, nous serons là, ses fils, en promenade de par le monde, toujours prêts à se réapproprier ce qui est à nous.
Tant que le “système actuel” engendrera des souffrances, il y aura des mains souffrantes prêtes à s’armer contre lui pour être libres. Tant que tout cela continuera à exister, il y aura des
consciences prêtes à comploter, subvertir et attaquer l’existant.
Ce sont ces mains et ces consciences, armées par la volonté de combattre, qui me donnent aujourd’hui, ici en taule, la force de vivre et de lutter avec la certitude que, demain, nous serons
encore ensemble, unis dans cette même lutte ; que nous continuerons encore, côte à côte, dans le futur, parce qu’il nous appartient.
Je vous embrasse.
Solidarité avec tous les camarades poursuivis, perquisitionnés, persécutés par l’impérialisme bourgeois
Pour la fin du 41bis [les prisons spéciales italiennes] et de tous les régimes d’incarcération spéciaux dans le monde
Pour la libération immédiate de tous les malades en phase terminale ou qui ont une maladie grave
Pour la libération immédiate de ceux qui ont passé vingt ans en prison
La lutte n’est pas un devoir moral mais le plus sublime des plaisirs
Une manifestation antiraciste s’est déroulée ce samedi 19 janvier 2013 dans la capitale grecque, dans un contexte d’exacerbation des tensions et de la haine xénophobe. Plus de 1 500 personnes
ont défilé dans le centre d’Athènes, contre la violence raciste et pour la régularisation de quelque 260 000 sans-papiers. La Grèce compte 1 million d’immigrés africains, philippins, afghans,
pakistanais et bangladais notamment, soit 10% de la population du pays.
Un Pakistanais assassiné cette semaine, un Afghan de 18 ans tué à coups de couteau le 6 janvier, un Irakien poignardé cet été… On ne compte plus les agressions racistes en Grèce.
Qu’attendent les autorités pour réagir ? C’est ce que les manifestants demandaient ce samedi dans le cortège.
Moussa, un ressortissant guinéen qui a rejoint la manifestation, a été victime comme beaucoup d’autres d’actes xénophobes. « Depuis que je suis venu en Grèce, la police et les racistes me
fatiguent, confie-t-il. Ils m’ont blessé plusieurs fois à la tête, alors que j’étais sur une moto. Même la police, c’est des racistes ! Ils m’ont frappé plusieurs fois dans ce quartier. »
Les ONG et le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies ont dénoncé à plusieurs reprises l’intensification des agressions racistes, surtout depuis l’arrivée au Parlement, en juin,
du parti néo-nazi Aube Dorée.
Pour l’heure, aucune condamnation n’a été prononcée. Le seul procès sur la question concerne l’agression, en septembre 2011, d’un demandeur d’asile Afghan qui a survécu à un coup de couteau à
la poitrine. Mais le procès ne cesse d’être ajourné.
Le doute n’est désormais plus possible, absolument plus possible. La politique économique, sociale et budgétaire du gouvernement Hollande est libérale, absolument libérale.
C’est ce que Jérôme Cahuzac a démontré durant l’émission #motscroisés du 7 janvier 2013. Et nous
devons rendre à César ce qui lui appartient ; il l’a fait avec conviction et passion. C’est ainsi que l’homme à la taxe à 75%, qui n’aura jamais lieu, a plaidé avec fougue pour les
spéculations financières sur les états, pour une Europe favorable aux marchés plutôt qu’une Europe favorable aux peuples, pour les largesses fiscales aux entreprises du CAC 40, pour l’austérité
contre les classes populaires. Comment un tel plaidoyer en faveur d’un capitalisme plus sauvage que jamais a-t-il pu sortir de la bouche d’un ministre si important d’un gouvernement
socialiste ? Parce que Cahuzac, l’homme chargé d’assurer la communication du gouvernement Hollande en cette rentrée 2013, n’a jamais été socialiste. Et là aussi c’est avec fougue et
passion qu’il le revendique : “C’est notre principale divergence : la lutte des classes. Vous, vous y croyez toujours. Moi, je n’y ai jamais cru.” lancera-t-il à son
contradicteur du soir, Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, Cahuzac, au nom du gouvernement Hollande tout
entier a, le 7 janvier 2013, tué Jaurès.
Le meurtre a débuté par cette défense de fer en faveur de la spéculation financière contre les
états. On doit rembourser la dette. Peu importe son origine, peu importe son injustice, peu importe sa cruauté. Quand on est “responsable” on ne se soucie pas de ce genre de détail. Pour
Cahuzac, l’assassin du socialisme, il ne s’agît pas d’un simple remboursement, mais bien plus de ne pas se mettre à dos les maîtres créanciers. Sinon ils risqueraient de se fâcher et de ne plus
prêter d’argent aux taux qu’ils décident, aux conditions de remboursement qu’ils fixent. Parce que la dette c’est leur gagne pain, le moteur de leur système. C’est donc la peur de voir le maître financier réprimer l’esclave nation qui motive le
ministre libéral du budget. Pas question pour Cahuzac de remettre en question les chaînes de l’aliénation boursière, mais bien plus de les resserrer au point de s’en étrangler jusqu’au sang. Que
deviendrait l’esclave sans son maître ? Cahuzac choisit la soumission là où Jaurès luttait pour la libération. Pourtant, lorsque l’Argentine ou l’Islande refusent de se soumettre, ils ne meurent
pas, ils se libèrent. L’Argentine et l’Islande ne sont pas la France, cinquième économie mondiale, deuxième économie européenne. Mais l’esclave se voit toujours plus petit que le maître.
Le meurtre s’est poursuivi par la justification d’une banque centrale européenne aux services de la monnaie plutôt qu’une banque centrale européenne aux services des européens.
Le rôle de la BCE n’est pas, dit le meurtrier, de financer les économies des pays. Mais de veiller à ce que l’Euro assure des rendements suffisants à celles et ceux qui, sur les marchés,
spéculent contre lui. Sinon, l’Euro deviendrait si faible qu’il risquerait de disparaître. Il est donc préférable de voir les peuples souffrir, quand ils ne meurent carrément pas. Le bien être du
maître mérite bien le sacrifice de quelques esclaves. Ainsi la BCE devient-elle le nouveau
pharaon à qui on érige des pyramides. Jaurès, lui, était du côté des ouvriers bâtisseurs, pas du côté de pharaon.
Le meurtre est devenu sanglant lorsque le social libéral qui n’a jamais cru à la lutte des classes n’a pas compris l’émoi provoqué par le don de 20 milliards d’Euros fait aux
entreprises. “Ce n’est pas votre argent ni le mien” a-t-il déclamé à un Jean-Luc Mélenchon qui s’était préparé à tout, mais certainement pas à un tel
homicide. “C’est celui des Français” a-t-il poursuivi. Pourquoi donc les puissants que nous sommes devraient-ils s’émouvoir d’un tel don fait avec l’argent des pauvres
pouvait-on comprendre. Ainsi, financer les entreprises du CAC 40 avec l’argent des salariés, des chômeurs, des ouvriers, des employés, des précaires, quoi de plus naturel pour celui qui se rend
plus volontiers aux universités d’été du Medef plutôt qu’à la fête de l’Huma. Chaque fois qu’un gouvernement prend fait et cause pour le patronat parce qu’il le considère comme le principal atout de l’économie d’un pays, il se détourne des salariés, des syndicalistes, des
classes ouvrières et populaires. Chaque fois il finit par réveiller la lutte des classes dont il niait l’existence. La lutte des
classes n’est pas un concept théorique. Demandez donc aux Mittal, aux Sanofi, aux PSA, aux Virgin, aux SFR…si la lutte qu’ils mènent pour garder un emploi qui les fait tout juste
vivre c’est de la théorie ! Demandez à Jaurès si son engagement aux côtés de ces
salariés mineurs licenciés c’était de la théorie ! C’est cet engagement aux côtés des classes ouvrières et populaires qui le fit rentrer en politique. C’est cette lutte des classes qui lui
fit créer le socialisme français dont le PS se réclame pourtant avec tellement de facilité à chacun de ses congrès. Mais à présent l’usurpation n’est plus possible. Les références des cadres du
PS sont désormais à chercher du côté de Friedman et Goldman
Sachs.
Le meurtre est devenu prémédité lorsque le porte voix d’Hollande a admis que l’austérité n’avait plus aucun bien fondé mais qu’elle serait tout de même poursuivie. Le FMI,
organisme rouge vif comme chacun sait, dénonce ce suicide économique,
après l’avoir vanté, mais Cahuzac persiste parce que les fonds spéculatifs l’exigent. Mieux vaut être du côté du capital finalement, en faisant payer le travail. Sans aucun doute aucun, Jaurès
n’aurait jamais milité dans ce parti social libéral là.
Le coup de grâce arriva donc en fin d’émission avec cette déclaration triomphale que même Woerth et Barouin réunis n’avaient jamais osé prononcer : la lutte des classes ça n’existe
pas. Elle a cependant un mérite, un seul. Elle met maintenant au pieds du mur ces militants socialistes qui apprennent de la bouche même de leurs dirigeants que leur parti est
libéral et qu’il ne croit pas dans la lutte des classes. Elle met également au pied du mur ces électeurs qui croient voter à gauche chaque fois qu’ils votent pour la rose maintenant bleue UMP.
Plus d’excuse, plus d’écran de fumée derrière lequel se dissimuler. Plus de prétexte pour justifier l’état hypnotique dans lequel médias et chiens de garde de la pensée des maîtres libéraux essaient de
nous plonger. Chaque électeur, chaque militant du parti social libéral sait à présent qu’il vote, qu’il milite pour le parti qui a, un certain 7 janvier 2013, tué Jaurès.
Mardi soir 8 janvier, à 20h45, ne manquez pas, sur France 3, Le Grand Georges, un film de François Marthouret. Moment trop ignoré de la mémoire française, l’histoire de vie qu’il nous
remémore est de celles qui, par leur modeste grandeur, sauvent l’espérance pour demain.
C’est l’histoire d’un héros intensément tragique, premier maquisard de France et, pour ce fait même, mauvaise conscience brûlante pour tous ceux qui, en 1940, accompagnèrent l’abaissement
national, entre petits calculs et grandes hontes. Il se nommait Georges Guingouin (1913-2005), était instituteur de métier et communiste d’engagement, et il fut l’initiateur, le chef et l’âme
du plus grand maquis de la Résistance, celui du Limousin. Guingouin dit « Lou Grand », le seul civil que j’aie jamais appelé avec déférence « Mon colonel »…
Compagnon de la Libération, ce libérateur de Limoges en sera brièvement maire de 1945 à 1947, avant d’être détrôné par l’ancien maire socialiste d’avant-guerre qui, en 1940, avait voté les
pleins pouvoirs à Pétain. Tandis que les notables qui avaient accepté la collaboration prenaient leur revanche sur le résistant du premier jour, la direction du PCF lâchait sans ménagement le
militant au franc parler qui avait critiqué son attentisme militaire de 1940-1941, puis son attentisme social de 1945-1946.
Déchu, Guingouin allait alors connaître une épreuve terrible, dans une inversion des rôles à perdre tout repère : arrêté en 1953 pour des crimes supposément commis par des maquisards
incontrôlés, ce héros de la Résistance se retrouvera face à des gendarmes, à des policiers et à des juges qui avaient servi, sans mot dire voire avec zèle, le régime de Vichy. Humilié,
calomnié, battu à mort par ses geôliers, oublié de presque tous sauf de ses proches camarades, il obtiendra un non-lieu six ans plus tard, en 1959, l’avocat général allant jusqu’à prendre sa
défense en s’étonnant que des poursuites aient pu être engagées.
C’est cette histoire que raconte le film de François Marthouret, écrit par Patrick Rotman et produit par Michel Rotman. Celle d’un victorieux vaincu ou d’un vaincu victorieux, comme l’on
voudra, c’est-à-dire d’un homme dont le ressort n’était pas de l’ordre du pouvoir mais de celui de l’idéal. L’un de ces imprudents qui, devant l’événement, ses défis et ses paris, choisissent
d’inventer le chemin inconnu que leur dicte leur conscience plutôt que d’arpenter les routes trop fréquentées des calculs, des renoncements et des carrières.
Dans une lettre à l’auteur de Ces chefs de Maquis qui gênaient, l’un des rares livres qui s’est efforcé de retracer son calvaire, Georges Guingouin constatait sans amertume et avec
stoïcisme cette défaite qui grandissait ses victoires : « La philosophie de l’Histoire m’a appris que les précurseurs ont toujours tort et que les guerres de libération nationales,
menées exclusivement par des volontaires, sont les plus cruelles qu’aient à subir les nations. Le sacrifice de leurs meilleurs fils atteint irrémédiablement la fibre morale des peuples et,
l’épreuve passée, c’est le temps des habiles et la revanche de ceux qui manquèrent de courage. Le temps de la décadence morale succède au temps où l’homme s’élève face à l’événement. »
La bonne action de Marthouret et des frères Rotman souligne les longs et lourds silences du cinéma et de la télévision françaises sur ces histoires de vie qui dérangent les idéologies
consensuelles d’une histoire officielle, antiquaire et muséale, figée dans le refus de regarder en face tout passé qui bousculerait le présent. Dans d’autres nations, notamment les Etats-Unis
qui ont fait du cinéma leur roman national, l’extraordinaire saga de Guingouin aurait déjà donné lieu à des dizaines de récits, films et séries. Cet oubli est enfin réparé, fût-ce dans les
limites financières d’une fiction télévisée, avec un souci de rigueur et d’honnêteté que le réalisateur, éminent comédien lui-même, explique fort bien dans la vidéo ci-dessous, venue du
Limousin où le film fut tourné.
Pour ma part, j’ai connu Georges Guingouin au seuil de l’été 1985. J’avais été le rencontrer dans sa petite maison de Sainte-Savine, dans la banlieue de Troyes, où il habitait depuis sa
retraite de l’éducation nationale. Il m’attendait de pied ferme, avec cette autorité naturelle que l’on retrouve dans son personnage du film, incarné par Xavier Gallais, celle d’un instituteur
à l’ancienne qui, à tout juste ou à peine trente ans, fut aussi un chef de guerre. Sur la table de sa cuisine où eut lieu notre entretien, il avait posé en évidence un exemplaire annoté de mon
premier livre, L’Effet Le Pen, paru en 1984, façon de dire qu’il s’était renseigné afin d’évaluer son interlocuteur.
J’étais venu voir Guingouin à la demande de mon chef de service d’alors au Monde, Jean-Maurice Mercier. Canardier hors pair dont les brusqueries cachaient une rare élégance d’âme et de
style, il est décédé à 77 ans à Limoges, en décembre 2007, au moment même où commençait l’aventure de Mediapart. Corrézien ayant vécu, enfant, la guerre et l’occupation dans cette région
paysanne où l’on ne blaguait pas avec l’honneur, Mercier était encore habité par la légende du « préfet du maquis » autoproclamé dont les avis et les tracts annonçaient que
« justice avait été faite » quand un collaborateur avait été châtié. Aussi quand la revue Le Crapouillot, au printemps 1985, remit le couvert de la calomnie pour accuser
le « colonel communiste Guingouin » d’être responsable d’un millier d’exécutions sommaires, il m’envoya vers cette banlieue de Troyes où vivait dans une sorte d’exil national
le premier maquisard de France.
« Le combat pour la mémoire et pour l’honneur du colonel Guingouin, résistant limousin » : l’article parut dans l’édition du Monde du 8, datée 9 juillet 1985, soit
deux jours avant l’attentat contre le Rainbow Warrior qui marqua le début de l’affaire Greenpeace, évoquée dans mon précédent billet. Décidément, curieux été 1985… Tout en contestant farouchement,
faits après faits, les accusations de ses détracteurs, Guingouin assumait sans hypocrisie la violence du combat libérateur. Nous avions évoqué ensemble le souvenir du massacre nazi
d’Oradour-sur-Glane qui est toujours là pour rappeler ce que fut l’extrême dureté de la guerre en Limousin.
Mon article faisait droit à sa protestation contre ce « retournement des valeurs où résistants et collaborateurs sont jugés à même enseigne », « à cet air du temps qui
érode la mémoire et met sur le même pied la résistance au nazisme et l’engagement fasciste ». S’ensuivit une correspondance régulière, entrecoupée d’appels téléphoniques, à l’exemple
de cette lettre du 17 avril 1989 où il me demande si je peux l’aider à trouver un éditeur pour son livre de témoignage paru en 1974, Quatre Ans de lutte sur le sol limousin, que la
maison Hachette refusait de rééditer alors qu’il était épuisé.
Dans ses lettres, ses appels et ses discours annuels, notamment lors de la commémoration en juillet de la bataille du mont Gargan de juillet 1944, « Mon colonel » Guingouin ne
cessait de s’alarmer pour l’avenir, s’inquiétant avec prescience et lucidité « de la désillusion des masses populaires et du chômage toujours accru », tandis que les
idéologies barbares faisaient retour. Dès lors, et plus que jamais, « rendre la mémoire au peuple est une nécessité », répétait-il. Rendre, c’est-à-dire donner en retour. Faire
don et honorer sa dette.
C’est ce que vous ferez, je l’espère, mardi soir, en regardant Le Grand Georges sur France 3. En attendant, vous pouvez visionner cet hommage poétique à celui que les campagnes du
Limousin appelaient et continent encore de nommer Lou Grand :
L'UPAC se félicite de la création du Collectif Antifasciste Vaucluse. Déjà une première action à leur compte, l'annulation d'un rassemblement des JN et du GUD. Bravo à eux !
Voici leur communiqué suite à cela :
Le 22 décembre dernier, un rassemblement fasciste devait avoir lieu à Avignon, organisé par les Jeunesses Nationalistes (JN) et le Groupe Union Défense (GUD). Cette tentative de banalisation
des idées les plus à droite de l’extrême-droite a eu un effet inattendu dans ce département : la naissance d’un collectif antifasciste.
Ce collectif remporta presque instantanément une première victoire : l’annulation par le patron du bar le Wall Street de la vingtaine de réservations faites au nom des JN.
Malgré une période de fêtes peu propice à la mobilisation, mais grâce à un tractage intensif, plus de 300 personnes se sont réunies ce samedi 22 décembre 2012 devant le lieu de rendez-vous
annulé des néonazis, afin de prouver que malgré les hauts scores du Front National et l’avènement de Marion Maréchal Le Pen à Carpentras, les idées nauséabondes ne sont pas les bienvenues dans
le Vaucluse. Et que, comme dans un passé pas si lointain, elles se heurteront à un mouvement de résistance déterminé.
Ce samedi 22 décembre 2012, les "jeunes" nationalistes qui, la veille, jouaient aux petits héros de la patrie dans la presse locale, se cachaient le lendemain par peur d’être démasqués.
Les JN devraient se chercher une mascotte plus appropriée que l’aigle royal et le collectif antifasciste Vaucluse tient à leur disposition une longue liste de noms d’oiseaux qui conviendraient
à merveille pour symboliser leur idéologie et leurs pratiques militantes.
D’ailleurs, nous n’attendront pas que la demande nous soit faite, nous nous déplaceront dès leur prochaine réunion publique - si elle a lieu.
Si nous regrettons encore aujourd’hui l’absence de réponse de certaines organisations associatives, syndicales ou politiques à nos appels, nous espérons bien qu’elles se joindront à nous dès la
rentrée.
Bientôt, de nouvelles actions antifascistes seront organisées à Avignon et dans le département. Les organisations et les simples individus qui souhaitent participer à ces rendez-vous peuvent
nous écrire à antifa[arobase]collectif84[point]org et nous les tiendront informés.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à voir ce département se transformer de jour en jour en musée vivant de la collaboration.
Les étrangers sont bienvenus ici, les fachos non.
Collectif Antifasciste Vaucluse.
à Avignon, le 3 janvier 2013.
Qu’est-ce que “ le fétichisme de la marchandise ” ?
L’analyse de la marchandise est le point de départ choisi par Marx dans Le Capital (1867) pour critiquer radicalement – à la racine – la société capitaliste. La marchandise n’est pas un simple
objet, elle n’est pas non plus anhistorique, elle est propre au capitalisme. Marx analyse d’abord son double caractère, la valeur d’usage et la valeur d’échange. Il décrit ensuite le double
caractère du travail, celui utile et celui abstrait qui est la substance même de la marchandise. Puis vient la forme de la valeur et enfin le caractère fétiche de la marchandise et son secret. J.
Bidet [1] explique que le
marché chez Marx est « une division du travail selon laquelle les travaux des uns permutent contre ceux des autres » et « apparaît aux acteurs concernés comme un système
naturel et spontané de permutation entre des choses qui s’échangent entre elles en fonction de leur valeur, sans qu’ils aient prises sur lui ».
Ainsi comme l’analyse clairement Anselm Jappe [2], « dans la société moderne, capitaliste et industrielle, presque toute activité sociale prend la forme d’une
marchandise (…) La marchandise est déterminée par le temps de travail nécessaire à sa production. » C’est la quantité de travail qui y est incorporée qui décide de son sort, et non ses
qualités concrètes. « Les produits de l’homme commencent ainsi à mener une vie autonome, régis par les lois de l’argent et de son accumulation en capital ».
Du coup le fétichisme est à prendre à la lettre. Selon A. Jappe, les hommes modernes vénèrent ce qu’ils ont produit eux-mêmes, en attribuant aux marchandises une vie indépendante et le pouvoir de
les gouverner à leur tour. C’est le mode de fonctionnement réel de la société marchande. « En tant que marchandises, tous les objets et tous les actes sont égaux. Ils ne sont rien d’autre
que des quantités plus ou moins grandes de travail accumulé, et donc d’argent. C’est le Marché qui exécute cette homologation, au-delà des intentions subjectives des acteurs. » Marx
critiquait d’ailleurs l’économie politique comme donnant un caractère naturel à ce qui ne l’est pas, et ironisait sur ce caractère « mystique ». La logique de la marchandise jette ainsi
un « voile brumeux » sur les relations réelles, c’est-à-dire les relations sociales entre les individus.
[1] Jacques Bidet, « Paradoxes marxiens de la Marchandise », Actuel Marx, n°34, 2003
[2] Anselm Jappe, « Est-ce qu’il y a un art après la fin de l’art ? »,
palim-psao.over-blog.fr, 2009
« Quand le FN recrute dans les syndicats », voilà ce que titrait en une le Parisien, ce mercredi. Le journal, a en effet décidé d’offrir une tribune médiatique à la propagande
frontiste concernant la question de ses relations avec le monde syndical. On pouvait retrouver sur son site une partie de « l’enquête » consacrée à ce sujet. On y découvre qu’avec,
une absence totale d’esprit critique, le journal se contente de reprendre différentes déclarations, sans les commenter, ni chercher à dénouer le vrai du faux. Ainsi, on apprend tout
d’abord que d’après Steeve Briois (secrétaire général du FN), « de plus en plus de syndiqués, même des élus et des mandatés, prennent leur carte » au parti. Ensuite, le sociologue
Sylvain Crépon nous explique que les frontistes « prennent contact avec les syndicalistes, essaient de les rencontrer » et que « leurs thèses trouvent un écho ». Enfin, le
Parisien conclu son article en citant un « haut cadre de la CGT », sans bien évidemment le nommer, qui aurait déclaré, « en privé », « dans le Nord ou l’Est, certains
gars sont devenus ouvertement pro-Front national, du jamais-vu ! ».
Peut-on parler « d’enquête », lorsque l’on prend pour argent comptant les déclarations des uns et des autres ? Un tel article ne peut que réjouir la famille Le Pen. Une fois de
plus, et de façon éhontée, on présente le Front national comme le parti des travailleurs. On lui offre une tribune, crédibilise son discours, sans se soucier ni de la réalité, ni des
conséquences que cela pourrait avoir. Après avoir érigé Marine Le Pen en défenseuse de la laïcité, une partie des médias est entrain de lui offrir sur un plateau, le rôle de porte-parole des
travailleurs. Pourtant, le Front national les a toujours méprisé, et continue de le faire. Pour s’en rendre compte, il suffit de s’intéresser à la réalité des faits.
Le Front national contre les syndicats et les travailleurs
Marine Le Pen dit représenter les ouvriers, le peuple qui souffre, face aux puissances de l’argent. Pourtant, lorsque l’on se penche sur son programme, rien ne va en ce sens. Pas d’augmentation
du SMIC, pas de salaire maximum, rien sur les mesures fiscales et la répartition des richesses , rien sur le retour de l’âge du départ à la retraite à 60 ans…
En réalité tout cela n’a rien d’étonnant. A chaque conflit social, le Front national brille par son absence. Prenons un cas concret. Lorsque en septembre 2010, Unilever annonce la fermeture du
site de Géménos (Bouches-du-Rhône) dans le but de délocaliser sa production en Pologne, qui se trouve au coté des 182 salariés dont les emplois sont menacés ? Les syndicats. Qui est aux
abonnés absents ? Le Front national. Qui sont donc « les complices des délocalisations » ? Un mois plus tard, le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur vote à
l’unanimité une motion de « solidarité avec les salariés de Fralib », le Front national (24 élus, dont un certain Jean-Marie Le Pen) sera le seul parti à refuser de se
prononcer !
Souvenons-nous des grandes manifestations contre la réforme des retraites. Où était le FN à l’époque ? Le clan Le Pen prétend se soucier du sort des travailleurs. Pourtant, chaque
1er mai, il préfère honorer Jeanne d’Arc, plutôt que de défiler à leur coté pour la défense de leurs droits. Comment peut-on donc penser un instant que le sort des classes populaires
intéresse ce parti ?
Un rapprochement entre les travailleurs proches des syndicats et le Front national ?
Si les médias maitrisent bien une chose, c’est l’art de faire d’un épiphénomène un mouvement de fond, qui mérite toute leur attention. Lorsque en 2011, le cas de Fabien Engelmann, ce frontiste
syndiqué à la CGT, fait la une des journaux, la question d’un rapprochement entre le Front national et le monde syndical devient une évidence pour certain. Ce débat ressurgit lors de la
campagne présidentielle suite à un sondage de l’Ifop.
Selon ce sondage, 19% des actifs proches d’un syndicat pensaient voter pour Marine Le Pen. Pour les proches de la CGT le chiffre montait à 22% ! Une telle révélation qui faisait se
demander à l’Express, « pourquoi les
sympathisants votent de plus en plus Le Pen ? ». Ce mouvement de fond annoncé ne va cependant pas se vérifier dans les urnes trois mois plus tard.
En effet, d’après une enquête réalisée par Harris interactive au lendemain du
premier tour, les salariés se déclarant proches d’un syndicat ont été seulement 12% à voter pour le Front national. Le rapprochement entre le monde syndical et l’extrême droite n’a donc pas eu
lieu. Bien au contraire, Marine Le Pen ayant fait un score avoisinent les 18%, on se rend compte que les salariés proches d’un syndicat sont sous représentés dans le vote frontiste. Ils ont
cependant été 19% à porter leur voix sur Jean-Luc Mélenchon, contre 11% pour l’ensemble des électeurs. Concernant la CGT, on constate là aussi un écart important entre les deux sondages. Selon
Harris interactive, seulement 9%, contre 22% annoncés, des cégétistes ont glissé un bulletin Le Pen.
Les sondages n’ont de valeur que pour ceux qui leur en donnent. Cependant cet écart entre les intentions de vote et la réalité des faits suite au scrutin n’est pas inintéressant. Sur quoi se
basent donc aujourd’hui les médias, pour affirmer qu’un rapprochement entre le monde syndical et le Front national a lieu ? Sur les déclarations des uns et des autres ou sur des cas
particuliers qui n’ont absolument pas valeur de vérité générale. Il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte que le clan Le Pen souhaite la mort des syndicats, comme il souhaite la mort
de la laïcité. La réalité est là, le Front national est plus proche des milieux skinheads et néo-nazis que des syndicats et des travailleurs.
Ne nous livrons pas aux chants des sirènes fascistes, qui sous couvert d'un discours anti-systémique bien rôdé, ne visent qu'à instaurer un régime aux relents des années 30. Ne soyons pas
naifs face à ce nouvel ordre moral que veulent imposer par le mensonge et la peur les tenants de la haine et du "sang pur". Sous couvert d'une fausse expression démocratique et
médiatique, le FN ne s'est jamais détaché de ce qui a construit son origine : une droite populaire qui rejette le prolétaire, une droite chrétienne qui rejette le non-croyant ou l'autre
croyant, une droite corporatiste qui rejette l'union des travailleurs. Le FN a ses petits groupuscules néo-nazi dont il se défend d'être en lien publiquement mais avec qui
il travaille bien tranquillement : GUD, bloc identitaire et autres "natios".
Et lorsque l'on se penche sur son programme politique le vernis craque : Contre la retraite par répartition et tout ce qu' a fondé le CNR de 1945 (où était-il
lors des manifs de 2010 ?) , contre les droits des salariés ( poujadiste un jour, poujadiste toujours !) etc...
De nombreux documents démontrent l'imposture du FN. L'UPAC vous en propose deux :
-Celui du collectif VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes), qui s'intitule "FN, le pire ennemi des salarié(e)s" et dont le lien est sur le blog, 29 pages.
Ne lâchons rien !
Face au bras tendu du facho, levons le poing ferme du prolo !!
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