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Antifascistes !

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Vive la CGT 1906

Parce que nous sommes attachés à l'esprit de la Charte d'Amiens de 1906 qui fonda les bases du syndicalisme révolutionnaire, parce que nous nous opposons à la dérive réformiste de notre confédération depuis les années 1970 et que nous condamnons la déviance contre-révolutionnaire de notre CGT depuis la fin des années 90, nous avons fait le choix de ne pas mettre en lien le site de la confédération ainsi que celui de l'UD de la Creuse qui ont pris le chemin d'un syndicalisme bureaucratique et élitiste.

 

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 15:34
Les comités syndicalistes révolutionnaires se définissent comme une tendance syndicale dont le but n’est pas de se substituer aux syndicats mais de contribuer à alimenter le débat nécessaire dans toutes nos structures syndicales. Notre projet est cohérent parce qu’il est basé sur la nécessaire reconquête d’outils syndicaux permettant au syndicalisme confédéré de passer à l’offensive contre le capital : syndicalisme interprofessionnel (renforcement et développement des UL), syndicalisme d’industrie (création et renforcement de syndicats de branche locaux pour faire vraiment vivre les statuts : pas de syndiqué sans syndicat), sociabilité prolétarienne (sports, loisirs, culture, consommation anticapitaliste, logement, etc.) par l’animation d’associations, de mutuelle et de coopératives agissant sur tous ces terrains mais liées au mouvement syndical. Une stratégie qui veut donc renouer avec les racines de la CGT, avec ses fondements politiques.

Ce sont ces outils, coordonné au sein de la confédération, qui prépareront demain l’offensive nécessaire pour se débarrasser du capitalisme et qui permettront au prolétariat de construire, enfin, le Socialisme : le syndicat comme organe de pouvoir et de gestion d’une société sans exploitation et sans discrimination.

En 2009, pour la préparation du 49ème congrès confédéral, notre courant s’était exprimé avec un réel optimisme. Le document de congrès exprimait une certaine prise de conscience de la crise que traversait notre confédération. Des résolutions proposaient des solutions concrètes pour répondre à cette crise. Malheureusement, la majorité des militants, des syndicats et des responsables de fédérations et d’UD ne se sont pas emparés de ces résolutions. C’est une toute autre politique qui a été suivie, la politique de l’autruche !

Une prise de conscience superficielle

Le 48ème congrès avait tiré un bilan de la fragilisation de nos Unions Locales. Le 49ème congrès faisait le même constat pour la majorité des syndicats CGT. Cette prise de conscience était d’autant plus importante que notre organisation était sur le point, comme chacun le savait, d’engager une bataille fondamentale, celle des retraites. Ainsi les deux derniers congrès confédéraux avaient marqué une véritable avancée dans le constat.

On pouvait donc s’attendre à ce que nos structures se réorganisent rapidement pour se préparer à la bataille. L’urgence était donc à programmer les assemblées générales ou les congrès de syndicats (résolution 4 du dernier congrès). C’était l’occasion d’unifier cette multitude de petits syndicats désorganisés et isolés dans des syndicats professionnels locaux bien plus forts. C’était l’occasion de les impliquer dans leur Union Locale et donc préparer la future mobilisation dans les territoires. C’était l’occasion de reformer des équipes militantes soudées, fonctionnant réellement sur une base collective. C’était surtout l’occasion de se rappeler que la CGT n’a jamais eu vocation à s’enfermer dans le syndicalisme d’entreprise. Bref c’était l’occasion de regrouper ses forces, de les réorganiser en vue d’une bataille de classe fondamentale. Rien de tout cela ne fut fait ! La défaite était donc programmée. La grève est ainsi restée isolée, là où il existait des syndicats réellement implantés. Ailleurs, la grève fut un mythe, les manifestations rassemblant des travailleurs en RTT, en heures de délégations, en congés ainsi que des étudiants et des retraités. Les cortèges étaient imposants mais ne regroupaient que des individus non organisés car non confédérés. Or une grève générale c’est tout l’inverse d’une masse de protestataires désorganisés.

La CGT sous-traite sa stratégie aux politiciens

Malgré l’évidence de nos carences pour gagner une bataille revendicative essentielle, la CGT continua alors de fonctionner comme avant. Chacun se replia sur la petite routine de son mandat syndical et de ses institutions représentatives du personnel. Aucun bilan ne fut donc tiré de la défaite des retraites. Ce qui aurait permis un débat sur la stratégie des luttes : comment faire pour gagner la prochaine fois ? Quels outils syndicaux nous font défaut ? Et maintenant nous sommes face à une nouvelle vague de licenciements, de désespérance, et d’austérité et nous n’avons fait aucun pas en avant ! Les résolutions du 49ème congrès furent vite oubliées et la nouvelle actualité fut imposée par les échéances politiciennes. La précipitation à soutenir des candidats à l’élection présidentielle fut d’autant plus importante que chaque syndicat était dans l’incapacité de produire lui-même une réflexion politique. Quand l’organisation syndicale ne réfléchit plus, elle est automatiquement attirée par les démagogues. On assista donc à un grand moment de bouffonnerie. Des syndicalistes qui font campagne pour des gens qui sont sensés représenter le monde du travail, en l’occurrence des candidats qui ont du travailler 6 mois dans leur vie !

Comment est-on tombé aussi bas ? Tout simplement parce que nous avons abandonné cette culture du travail qui était le ciment idéologique de la Confédération Générale du Travail depuis ses origines. La CGT représentait le monde du travail face aux parasites. Elle collectivisait les connaissances des producteurs. Ces connaissances devaient permettre de transformer les rapports de production, c’est-à-dire de permettre aux travailleurs de gérer les usines et les services. Aujourd’hui cette dignité ouvrière est abandonnée. On préfère soutenir la campagne électorale d’un énarque ou bien celle d’un vieux sénateur social-démocrate pris d’une subite hystérie gauchiste. Les militants de la CGT ne croient plus en eux-mêmes, ne croient plus en leur classe. Ils en sont réduits à aller demander à des notables de changer la société à leur place.

Après les élections bourgeoises, les élections confédérales !

Certains responsables eurent le courage d’exprimer des doutes sur la « gouvernance » confédérale. Des responsables d’Unions Départementales et de Fédérations soulignèrent que les modalités de décisions respectaient de moins en moins le fédéralisme. Que le Bureau confédéral était sous la pression permanente de « conseillers » et « d’experts » qui n’avaient pas été élus par les structures légitimes.

Cette petite caste menacée fit alors tout son possible pour imposer la désignation comme prochain(e) successeur de Bernard Thibault d’une personnalité docile. La majorité des Unions Départementales et des Fédérations refusa ce passage en force. On aurait pu penser que ce conflit allait redonner une culture du débat et de l’autocritique dans nos rangs. Ceci n’est malheureusement pas le cas. Quelques promesses ont été faites discrètement sur les pratiques démocratiques de la future « direction » confédérale. Ces promesses ont servi à rassurer bien des UD et des Fédérations et à présenter une unité de façade lors d’un dernier CCN décisionnaire sur la succession. Ce ralliement fut certainement trop précipité car des responsables nationaux, jugés pas assez dociles, ont été entre temps évincés.

Nous nous inquiétons du poids grandissant des opportunistes qui ne pensent qu’à se placer en échange d’une extrême docilité. Ce ne sont pas les seuls à avoir gravi les échelons confédéraux en s’appuyant plus sur leur soumission que sur leur expérience syndicale. Mais l’augmentation de ce type de responsables a pour conséquence de désorganiser la maison confédérale, de rendre des structures totalement inefficaces car gérées par des incompétents notoires. Nous nous inquiétons également de la stratégie de repli de nombreuses UD et Fédérations sur le champ territorial ou professionnel. Les forces centrifuges deviennent très fortes et la démoralisation et le repli sur soi créent une atmosphère de tensions internes et de conflits entre de nombreuses structures. L’urgence est de relancer le débat stratégique dans la confédération. Non pas par la polémique et par l’insulte, mais en renouant avec le débat fraternel à tous les niveaux de l’organisation.

Retrouver nos repères et nos outils syndicaux

Le 50ème congrès doit être tout sauf une commémoration ou un congrès de façade ne servant qu’à introniser un nouveau secrétaire général. L’état de santé de la confédération nous apparaît tellement préoccupant qu’il n’est pas possible de persévérer dans la politique de l’autruche. Or les documents de congrès vont bel et bien dans ce sens. Les textes se satisfont de « l’évolution » de la CGT et se limitent à proposer d’intensifier les efforts. Nous pensons au contraire que la CGT doit réaliser sa révolution interne en sortant de sa routine. La CGT continue de se retrancher sur ses bastions traditionnels avec pour seuls outils de défense les statuts et l’Etat providence. Malgré les beaux textes votés en congrès, la majorité des militants se refuse à voir la réalité du salariat du XXIème siècle. Les salariés des grandes entreprises et des services publics sont désormais très minoritaires. La défense du statut est perçue comme un mot d’ordre dépassé, lié aux « Trente Glorieuses » (1945-1975). Cela ne correspond pas au vécu des jeunes travailleurs. Ce statut (celui de la fonction publique comme celui des grandes entreprises ou des services publics qui ont été nationalisés) ne peut plus être défendu comme il l’a été jusqu’aujourd’hui : ni avec les mêmes arguments ni avec les mêmes perspectives.

Cette déconnexion d’avec la réalité inquiète les responsables CGT et les empêche d’aller à la syndicalisation de la jeunesse. La campagne pour les TPE en a été la démonstration. Dans les grandes UD, aucun effort réel n’a été entrepris dans ce sens, malgré les beaux discours sur la jeunesse, le salariat féminin, la précarité, etc.

Cette incapacité à s’adresser au « nouveau » prolétariat vient d’un problème d’organisation. Pendant les « Trente Glorieuses », la CGT s’est réorganisée sur la base du syndicat d’entreprise. Elle s’est donc focalisée sur le salariat à statut en laissant de côté le reste du salariat. Elle a donc marginalisé les conventions collectives au profit des statuts et des NAO. Mais depuis les années 1970 la bourgeoisie a changé de mode de gestion de la main d’oeuvre. Selon le modèle toyotiste, elle a explosé les équipes de travail en développant la filialisation, l’externalisation, la sous-traitance, l’intérim, le salariat détaché et les contrats précaires.

Dans la CGT, les syndicats d’entreprise ont été créés avec l’illusion que la majorité des travailleurs allait intégrer les services publics ou une grande entreprise. C’est tout l’inverse qui s’est produit ! Les syndicats d’entreprise ne sont donc pas en capacité d’intégrer les jeunes travailleurs à la CGT. La CGT est une véritable passoire où ce salariat adhère et s’en va sans pouvoir s’impliquer dans la vie de l’organisation. Et les cas ne sont pas rares où ce salariat n’arrive même pas à se syndiquer à la CGT ! Le rapport d’activité (page 12) n’hésite pas à détailler cette réalité. Sur les 2 778 adhésions individuelles réalisées sur le site confédéral, seuls 400 de ces nouveaux adhérents ont pu trouver un syndicat d’accueil ! Comment expliquer une telle situation alors que le 49ème congrès avait décidé que chaque syndicat devait tenir un congrès ou une assemblée générale afin de définir son champ de syndicalisation (resté limité à une entreprise ou élargir les adhésions au-delà de l’entreprise) avant décembre 2011 ! Très peu de syndicats ont appliqué les décisions de congrès. La raison est évidente : la grande majorité des 24 000 syndicats de la CGT (pages 13 : « 50% des bases ont moins de 10 syndiqués ») n’ont même plus les forces ou le savoir-faire pour convoquer une assemblée générale. La plupart n’ont plus aucune activité collective et se limitent à envoyer des élus aux réunions DP et CE, sans les mandats du peu d’adhérents qui restent.

Tout le monde le sait, mais c’est encore la même politique de l’autruche. Car les UD et les Fédérations avaient également la responsabilité d’aider à l’organisation de ces congrès et assemblées générales. Quelles sont celles qui ont réellement appliqué le mandat ? Les constats faits aux 48ème et 49ème congrès confédéraux étaient primordiaux. Quand donc les points d’étape ont été sérieusement faits et débattus par les deux organismes directeurs principaux de la CGT que sont la direction confédérale (la CE) et le CCN ? Quand donc la sonnette d’alarme a été tirée et l’implication de tous ces dirigeants exigée pour l’application des importantes résolutions sur les syndicats votées au 49ème congrès ? Voilà le principal bilan de la direction confédérale sortante ainsi que celui de nombreuses directions de fédérations et d’UD. Pourtant, dans les Fédérations du Commerce-Services et de la Construction-Bois-Ameublement, les expériences de syndicats professionnels et de site ont été couronnées de succès.

Ailleurs, on se retrouve donc dans la situation de 2009 avec une CGT passoire, avec 80 000 adhérents de la CGT qui n’ont pas de syndicats, c’est à dire ne sont pas syndiqués ! On nage en plein délire et cela ne choque personne au quotidien et on continue de nous parler de syndicalisation, de qualité de vie syndicale, de la perspective du million de syndiqués, etc. On marche sur la tête. Et c’est cette mascarade que nous propose le document d’orientation.

Le 50ème congrès : reconstruire la CGT par le bas

Alors oui on pourrait se limiter à dénoncer l’orientation politique de la CGT ou attaquer violemment la « bureaucratie ». On pourrait se faire plaisir comme malheureusement beaucoup de camarades « oppositionnels » le font. Mais la situation nous apparaît trop grave pour perdre notre temps. Car tous ces discours radicaux n’ont aucun sens tant que la CGT ne retrouvera pas un fonctionnement démocratique et fédéraliste, c’est à dire si ces débats sont réellement portés par les syndiqués et non pas par une poignée de dirigeants. Cette « qualité de vie syndicale » n’est possible que si elle repose sur des syndicats qui fonctionnent. C’est à dire des syndicats qui ont assez de militants formés pour animer de vrais bureaux, de vraies commissions exécutives, de s’investir dans leur UL-UD et dans l’activité de leur fédération, mais aussi de débattre de stratégie et donc de définir un projet de société.

Nous le disons clairement : 6 délégués et 4 adhérents dans une entreprise, ça ne s’appelle pas un syndicat mais une amicale ! De quelles forces dispose-t-on dans cette situation ? La politique se limite à parler des problèmes de la boite et de temps à autre, de citer Che Guevara, Melenchon ou Besancenot pour se faire plaisir. Mais personne n’est dupe, on se limite en fait à résister à son patron sans vraiment remettre en cause la gestion patronale, ni dans l’entreprise, ni au niveau de la société capitaliste. Cette capacité à combattre le capitalisme, à définir une stratégie à partir d’un projet de société, on ne l’obtient qu’avec un puissant syndicat réellement intégré à ses UL-UD et à sa fédération. C’est-à-dire un syndicat en situation de mener véritablement une politique offensive. Cette contradiction est flagrante dans le travail réalisé par des syndicats, des UL, des UD et des fédérations sur la question industrielle. Ce travail riche et important a mis en lumière le manque de coordination entre toutes ces structures, la réelle difficulté à y impliquer les syndiqués. Or les propositions avancées ne passeront pas le cap du papier si elles ne rencontrent pas les outils syndicaux adaptés pour passer à l’offensive comme nous y invitent ces mêmes propositions. Elles ne pourront pas modifier le réel. C’est l’outil qui manque à l’esprit de la démarche engagée contre la désindustrialisation.

Depuis les années 1920 nous sommes pollués par l’idéalisme, c’est-à-dire par la croyance que la politique se mène principalement au niveau des idées : c’est à celui qui saura le mieux manier les mots, les concepts, les brillantes analyses, etc. Comme les fondateurs de la CGT, nous pensons tout l’inverse. Nous sommes des matérialistes et nous estimons donc que les idées sont le produit des conditions matérielles. Une organisation qui dysfonctionne ne peut produire que des réflexions qui manquent d’impact social réel, c’est-à-dire qui ne modifient pas réellement le rapport des forces. Quand des idées justes s’emparent des travailleurs, que ceux-ci se les approprient alors ces idées deviennent des forces matérielles, des forces réelles qui changent la société et donc les conditions de vie des travailleurs.

Le problème fondamental de la CGT ne réside pas dans ses idées (ses revendications, ses arguments, etc.). Il réside dans le fait que la désorganisation, la faiblesse des structures syndicales et leur décalage face à la réalité du prolétariat (constats faits lors du 49ème congrès) font que ces idées ne peuvent se transformer en force matérielle agissante sur la réalité sociale vécue par les travailleurs. Nous n’avons pas, nous n’avons plus, l’outil suffisamment efficace pour cela. C’est ce qui explique la pauvreté des débats dans notre confédération. Cela devrait tracer la feuille de route de toute direction syndicale dans la CGT : du syndicat, de l’UL, de l’UD, de la fédération, de la confédération.

Ceci est vrai pour la stratégie, la réflexion, l’organisation et la vie démocratique de la confédération. La maison confédérale ne repose pas sur la personnalité de quelques grands dirigeants, comme les médias bourgeois tentent de nous le faire croire. La maison confédérale repose sur ses fondations : les syndicats confédérés. Si les syndicats sont fragiles et instables, comme c’est actuellement le cas, les fondations s’affaissent. Elles emportent avec elles les piliers (les UL, UD et fédérations) et la maison confédérale. C’est cette situation matérielle que nous constatons dans notre action quotidienne. Très peu de structures fonctionnent convenablement, à tous les niveaux.

La priorité est à l’application des décisions prises au 48ème congrès (renforcer les UL) et surtout du 49ème congrès (concernant les syndicats). Nous devons stabiliser et renforcer nos fondations. C’est cela « reconstruire la CGT par le bas ». C’est cela qui lui garantira de garder son caractère de classe. La richesse et la tradition militantes dans la CGT sont des atouts d’une grande valeur pour y arriver. Nous appelons tous les militants de la CGT à se poser, à réfléchir sans faux fuyant à l’état réel du prolétariat, à l’état réel des outils syndicaux où ils militent, à débattre collectivement maintenant, sans tarder, à cela. Car là résident selon nous les coordonnées principales de l’issue de la lutte des classes. Si ce travail collectif de réflexion et d’action pour « reconstruire notre CGT par le bas » est vraiment engagé, alors oui, la peur va changer de camp !

Nous appelons donc tous les militants de la CGT à faire respecter les décisions de congrès, c’est-à-dire à convoquer des assemblées générales ou des congrès de réorganisation de leur syndicat. L’urgence est à sortir du syndicalisme d’entreprise, de s’ouvrir sur le reste de la classe, c’est-à-dire à reconfédérer son syndicat dans la CGT. Que ce 50ème congrès soit le moment de dire « stop ! Maintenant sortons de l’impasse ».

Comités Syndicalistes Révolutionnaires (CSR)

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 15:29
Stratégie du chaos : quand les partisans de Collon sèment le brun dans la CGT

Le numéro de novembre-décembre 2012 du journal « la Fédération » (publication destinée aux syndiqués de la Fédération CGT des salariés des activités postales et de télécommunications) faisait la promotion, en « 4eme de couverture », du livre « La stratégie du chaos », de Michel Collon et Grégoire Lalieu, aux éditions Investig’action et Couleurs Livres.

Le propos de Michel Collon est classique, classique d’une certaine extrême-droite, qui s’est illustrée ces dernières années dans la défense des dictatures ou le soutien à la liberté d’expression des négationnistes, sous couvert de rébellion contre « la pensée unique » ou d’ « anti-impérialisme ». Collon s’auto-proclame journaliste, mais a surtout joué ces derniers temps les supplétifs des propagandistes du régime d’Assad ou de Kadhafi. On l’a trouvé dans des manifs prétendûment anti-guerre, aux côtés de négationnistes notoires

Voir ici :

[le lien est sur indy je le copie pas là]

comme les membres de l’association Entre La Plume et l’Enclume.

Evidemment nous avons été quelques-uns à tomber des nues et à chercher pendant plusieurs semaines comment la promotion d’un auteur tel que Collon avait pu se retrouver dans un journal syndical diffusé à des dizaines de milliers d’exemplaires.

La réponse est venue dans un compte-rendu de la dernière Commission exécutive de la Fédé en question, où l’on trouve l’intervention suivante de Christian Mathorel, responsable CGT à France Telecom, intervention qui n’a manifestement donné lieu à aucune réaction.

« Sur la guerre au Mali, je partage ce qui a été dit et je pense que l’on a besoin d’un éclairage pour nous et pour les salariés sur la réalité de la situation.

Il y a par exemple un livre que l’on a proposé dans le journal fédéral du mois dernier qu’il faut absolument que vous lisiez et qui peut aider à comprendre ce qui se passe. C’est « la stratégie du chaos » de Michel Collon (qui anime également un site internet très instructif « investig action ») et qui explique toute l’histoire et l’actualité de l’impérialisme, sa stratégie et sa logique au moyen Orient et en Afrique, le renforcement des tensions et des enjeux avec l’arrivée dans le jeu des acteurs (USA, France, Grande Bretagne) de La Chine….. Je pense qu’il faut lire ce livre qui commence d’ailleurs par : « Ce n’est pas à la télé que vous aurez les vrais informations qui vous permettrons de vous faire votre propre idée sur ce qui se passe réellement au Moyen Orient et en Afrique ».

Si la promotion du livre de Collon dans le journal de la Fédération est sans doute l’initiative donnant le plus large écho à un « homme passerelle » entre l’extrême-gauche et l’extrême-droite, la CGT en a connu d’autres. Pierre Cassen, fondateur de Riposte Laïque était ainsi syndiqué de la Filpac, la Fédération du livre, jusqu’à son exclusion en juin 2011, soit plusieurs années après la dérive fasciste de Riposte Laïque, et même plus d’un an après sa participation officielle à l’Apéro Saucisson Pinard avec des organisations violentes d’extrême-droite comme le Bloc Identitaire.

La réaction de la direction de la CGT à l’époque aura été si lente que Pierre Cassen, aura pu, en janvier 2011, en mettant en avant son propre statut de militant de la CGT, donner la parole à Fabien Engelmann, secrétaire d’un syndicat d’employés de la fonction publique territoriale, candidat du FN et finalement exclu par sa fédération syndicale.

Faudra-t-il attendre que les militants diffusant la propagande de Collon au sein de leur syndicat s’affilient nommément à un parti fasciste pour que la CGT réagisse ? Faire la promotion d’un auteur qui défend Dieudonné, qui a participé avec des fascistes notoires comme Meyssan à l’Axis for Peace, qui a co-signé un livre (Israël , parlons-en) avec le biographe hagiographe de Faurisson , Paul-Eric Blanrue ne suffit-il pas ?

En tout cas, Christian Mathoret, figure médiatisée de la CGT du secteur Telecoms et candidat à la commission exécutive confédérale au prochain congrès de Toulouse, n’est pas le premier à mettre Michel Collon en avant.

On trouve des liens vers le blog de Michel Collon sur le site de l’Union syndicale de l’intérim, celui de l’UL de Tourcoing. Plusieurs UL du Pas de Calais invitaient fin 2011 à une conférence de Michel Collon à Isbergues, on trouve des reprises de texte de Michel Collon sur le site du syndicat CGT de l’Hôpital de Vienne ou de la CGT Randstad…

On trouve des militants CGT partageant ouvertement les positions de Michel Collon, c’est par exemple le cas de Jacques Lacaze, secrétaire de l’UL de Liévin, ex PCF et PRCF

Voir ici
[Idem le lien est sur Indy]

Comment est-il possible que dans une confédération comme la CGT le journal officiel d’une fédération ou le site internet d’une union locale fasse la pub de ce type d’ouvrages ? Poser cette question revient à s’interroger sur les pratiques syndicales et les analyses qui les sous-tendent. Nul doute que des salariés, et parmi eux de nombreux syndiqués, trouveront matière à travailler aux réponses de manière plus précise et concrète. Cela dit, nous pouvons risquer quelques pistes, sans nier la complexité des racines d’un tel phénomène ou l’existence de plusieurs niveaux ou réseaux d’explications.

Il y a d’abord la manière dont fonctionne la CGT et nombre de ses structures. Les décisions et informations restent très centralisées, en particulier dans les structures fédérales. Comme cette centralisation alourdit la charge de travail des dirigeants syndicaux, il y a une tendance à faire confiance sur certaines questions et tâches, souvent jugées moins importantes, à des militants sans forcément en savoir très long sur leurs convictions réelles, leurs pratiques, leurs engagements. Idem sur les candidatures à de hautes responsabilités : les délégués votent dans la majeure partie des cas pour des camarades dont ils ne connaissent rien ou pas grand-chose. On peut donc tomber sur le meilleur comme sur le pire. Les sites d’une union locale ou d’un syndicat ou sa page facebook d’ailleurs sont souvent animés par une seule personne, et personne d’autre n’a le temps ou ne voit l’importance d’une réflexion collective sur le contenu…

Bref, quelques militants bien formés et organisés en réseau n’auront guère de difficultés à imposer leurs thématiques et à faire la promotion d’une tendance politique ou d’une autre, surtout lorsqu’il s’agit du champ para-syndical, des questions sociétales ou internationales, que le salarié investi à fond sur les luttes de classe n’aura pas le temps de creuser. Et aujourd’hui, avec la montée en puissance d’une mouvance politique rouge-brune, il n’est au fond pas étonnant qu’une offensive de leur part touche la CGT.

Pourquoi ce discours rouge-brun passe ? On peut trouver des éléments de réponse dans la manière dont le fascisme est appréhendé par la CGT. Il est indéniable que la volonté existe de combattre l’extrême-droite, le racisme, les discriminations… Mais les impulsions données sont souvent très vagues, peu concrètes. Et autant la lutte contre le racisme, le sexisme et l’homophobie existe, du moins pour l’affichage de façade confédéral, autant la CGT est relativement muette sur l’antisémitisme, et peut publier dans son bimensuel un article sur Auschwitz sans écrire une seule fois les mots « Juifs » ou « antisémitisme »…

Sur l’histoire et la mémoire, du travail est fait, en particulier dans les instituts d’histoire sociale, mais les périodes peu glorieuses de la CGT ont tendance à ne pas être creusées. On met en avant la partie de la direction confédérale qui a résisté sous le régime de Vichy et l’Occupation, mais on se pose nettement moins la question de savoir comment un dirigeant CGT de premier plan est devenu Ministre du Travail de Pétain . On informe sur le 17 octobre 1961 ces dernières années (ce qui est une bonne chose), mais en passant plus que vite sur la faiblesse des réactions syndicales au lendemain de l’évènement. On trouve des responsables syndicaux démunis face à des militants faisant part d’opinions racistes, nationalistes, xénophobes ou antisémites… Ce n’est pas une généralité, ça dépend vraiment « sur qui on tombe », et de nombreux militants combattent au quotidien les manifestations du phénomène, mais souvent individuellement, sans vision d’ensemble ou sans pouvoir en débattre collectivement dans leurs structures.

La formation politique, autrefois bien souvent assurée, avec tous les défauts qu’on peut y trouver, par le PCF, est largement insuffisante aujourd’hui, pour ne pas dire parfois inexistante (manque de temps ou de moyens d’un côté, volonté de contrôle des bureaucraties à qui ça convient…). En conséquence, nombre d’infos et de débats n’atteignent pas l’ensemble des syndiqués ni mêmes des syndicats ou sections syndicales. Par ailleurs, la réflexion confédérale de la CGT (et la plupart des syndicats ne sont pas allés plus loin non plus) n’a porté que sur le FN, au moment de l’affaire Engelmann ou au moment d’élections politiques.

L’exclusion du leader de Riposte Laique est restée confidentielle et n’a été rendue publique par son syndicat qu’un an après, parce que Cassen se vantait (comme un syndicaliste de FO également militant de Riposte Laïque) d’avoir claqué la porte de lui-même. Et sur l’affaire Engelmann, l’analyse courante, c’est de voir ça comme un « noyautage » par le FN, donc comme la stratégie d’éléments extérieurs au syndicalisme, quant il s’agit au contraire du glissement de syndicalistes vers l’extrême-droite, glissement facilité par le nationalisme économique que portent une partie des dirigeants CGT (et de l’extrême-gauche en général) et par des visions et pratiques syndicales fréquemment en décalage avec les réalités sociales et économiques des dernières décennies.

Il existe donc des syndiqués de base tout comme des dirigeants qui adhèrent à des thèses d’extrême-droite. On le dit peu mais il n’y a pas que la section syndicale de Fabien Engelmann qui penchait ou penche toujours pour le FN.

De plus, il ne suffit pas d’afficher son opposition au FN ou aux fascistes en général, encore faut-il aussi combattre les idées de cette extrême-droite MEME quand elles n’émanent pas de ce qui est déjà étiqueté extrême-droite officielle.

Car des militants comme Collon savent bien utiliser les failles du corpus idéologique de la gauche et de l’extrême-gauche. Malheureusement, il suffit souvent de mettre en avant quelques concepts bien vus et jamais questionnés pour faire passer la pire propagande fasciste.

Ainsi, il suffit d’en appeler à l’ « anti-impérialisme » et à la lutte « contre les guerres occidentales », pour faire passer un appel à une manifestation où seront présents les soutiens des dictatures et des négationnistes. Or l’anti-impérialisme en France, depuis des années n’est le plus souvent que l’autre nom du soutien aux pires régimes autoritaires. Ainsi, il suffit de taper sur Israel et de se déclarer « antisioniste » pour avoir un succès fou chez les lecteurs de gauche avec un bouquin où l’on a va entre autres donner de la place à un Paul Eric Blanrue, hagiographe du négationniste Faurisson et par ailleurs lié à l’extrême-droite depuis sa prime jeunesse.Or l’ « antisionisme » en France depuis des années n’est que l’autre nom de l’antisémitisme, utilisé par des tendances politiques qui n’ont jamais aucun problème avec les autres nationalismes, bien au contraire

Ainsi il n’est pas très compliqué de faire passer les pires discours nationalistes et chauvins sous couvert de la défense de « nos » emplois et de « nos » entreprises face à la vilaine mondialisation. Ainsi, le corporatisme, au sens d’identité des intérêts du patronat et des salariés, se fraye un chemin au travers du discours sur les petites entreprises, où le patron « travaillerait » autant que ses employés et serait lui aussi victime des grosses entreprises.

L’égalité est une valeur progressiste de base, on le voit a contrario à la vigueur des mobilisations réactionnaires ou fascistes contre le mariage pour tous ou le droit de vote des étrangers. Mais l’égalité et la solidarité de classe sont une bataille exigeante au quotidien, et elle n’est pas toujours menée : des syndicats refusent l’adhésion de sous-traitants ou ignorent les précaires présents en nombre conséquent, depuis des années et de manière permanente dans l’entreprise. Les "blagues" ou lieux communs à fond raciste, antisémite, sexiste ou homophobe sont loin d’être relevés systématiquement.

Trop souvent, l’activité syndicale se résume à deux champs complètement séparés : d’un côté la défense des droits au quotidien, et l’activité de lutte de classe qui absorbe évidemment le temps et l’énergie de beaucoup de militants. De l’autre côté, l’activité d’ « élargissement » sur des questions de fond plus globales, qui se résume bien souvent au vote de motions de « soutien » à telle ou telle position politique sur tel ou tel sujet d’actualité, à l’investissement dans une publication syndicale ou dans telle association dépendant de l’organisation syndicale.

Bien souvent, ces activités là sont squattées par des militants politiques dont l’investissement dans la CGT est avant tout conçu comme un moyen d’influencer le syndicat dans le sens des positions spécifiques de leurs organisations. Ils utilisent tous les outils possibles à cet effet (sites internet, journaux, listes mails), puisqu’ils ont le temps de le faire, ces militants étant rarement investis en même temps sur le champ des luttes dans sa boite ou son quartier.

Les militants du PRCF et de toutes les autres petites boutiques par ailleurs liées aux fascistes comme Collon ou Jean Bricmont sont bien dans cette logique mûrie et réfléchie depuis de longues années. Ils savent au mieux profiter des moyens de la CGT.

Mais leur exclusion, nécessaire si l’on a un minimum de cohérence politique, ne suffira pas à régler le problème.

A un moment donné, c’est à chaque syndicaliste, à chaque structure de base de comprendre que des luttes comme l’antifascisme ou la solidarité internationale, sont des points d’appui très forts pour aller vers cette « transformation sociale » que revendique officiellement la CGT.

Mais l’antifascisme et la solidarité internationale ne se font pas, dans le syndicat, par des déclarations de principe, mais par des actions concrètes et des discours clairs qui permettent à chacun de se saisir des enjeux et qui n’offrent pas de prise aux idées fascistes.

Ainsi sur le Mali, rien n’interdit aux syndicats qui se sentent concernés d’agir concrètement notamment en soutenant la lutte des travailleurs sans papiers présents ici, en relayant les mouvements sociaux importants de ces derniers mois, notamment dans l’enseignement, ou en lançant des campagnes de pressions sur nos gouvernements pour obtenir que des fonds soient enfin débloqués pour faire barrage à la famine qui ravage le Sahel aussi gravement que les groupes intégristes.

Une dernière chose : nous savons d’emblée que des camarades nous reprocheront à la fois d’avoir mis ce débat sur la place publique et de rester anonymes.

Sur le premier point, les affaires Cassen et Engelmann et la manière dont elles ont été traitées nous a suffisamment instruits : nous savons bien qu’en vertu d’une certaine culture du consensus, jointe à la peur de « créer du conflit et d’affaiblir nos structures alors qu’il y a des priorités », la passivité reste malheureusement de rigueur tant qu’il n’y a pas le feu au lac, c’est à dire tant que les débats ne sortent pas du niveau interne.

Sur le second point, malheureusement, nous sommes aussi très réalistes sur le rapport de forces entre nous et la tendance rouge-brune au sein de la CGT : nous savons que nous nous attaquons à des militants organisés, avec des moyens de nuisance nombreux et bien installés dans la structure syndicale. Nous savons aussi que ces militants se moquent éperdument de la lutte des classes, du quotidien syndical et seront prêts à tout mettre en œuvre pour écraser les salariés syndiqués qui se mettent en face d’eux, sans évidemment tenir aucun compte de l’importance de leur activité de lutte quotidienne. Or nous ne sommes « que » cela, des militants syndicaux ayant fait le choix de rester des salariés comme les autres.

La CGT n’hésite pas à revendiquer les responsabilités particulières que lui confère sa place de 1ère organisation syndicale. Nous verrons comment elle les assume face à la montée de l’extrême-droite et à la contamination et la propagande en son sein d’idéologies fascistes.

Des salariés syndiqués CGT

http://operationpoulpe.blogspot.fr/2013 ... isans.html
Source : Classe Contre Classe
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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 14:54

La rencontre organisée par « La Marseillaise » dans ses locaux entre Mireille Chessa, secrétaire de l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, et Stéphan Brousse, président du Medef Paca a permis aux deux responsables de débattre sur des sujets majeurs : nouveau modèle économique et social, métropolisation, travail du dimanche, port de Marseille et la lutte des classes qui s’est inévitablement invitée dans la discussion.
« La Marseillaise », ancrée à gauche sur des valeurs de transformation sociale, a réussi son pari de faire vivre la confrontation d’idées et la bataille d’opinions.
Les échanges ont été nourris, parfois vifs. Mais chacun a pu défendre ses positions. Comme on pouvait s’y attendre, Mireille Chessa et Stéphan Brousse ne sont pas tombés d’accord quant à leur vision du monde du travail et de la société française. Ils ont promis de se retrouver, certainement sur d’autres fronts.

 

 

Sécurisation de l’emploi

 


Le Medef a signé l’accord avec des syndicats, dont la CFDT, mais pas la CGT. Pourquoi ?

Mireille Chessa : Une conférence sociale a eu lieu en juillet. On est passé un peu vite dessus mais elle a donné lieu à un bras de fer entre le Medef et les syndicats sur la question de la compétitivité. Dans les conclusions, le terme n'a pas été retenu. Mais, au final, on s’est retrouvé avec un texte de 70 pages dans lequel le patronat avait réintroduit la compétitivité. Et, pour la CGT, ce n’est pas un petit détail. Cet accord ouvre la voie à beaucoup de régressions, de déréglementations du droit du travail, c'est l'amorce de la fin du CDI. Il sera possible avec des accords d'entreprises de baisser les salaires pendant deux ans ou de diminuer le nombre d'heures travaillées. Ses signataires parlent improprement d'accord de « sécurisation » : trois jours après, Renault s'appuie dessus pour faire du chantage à l'emploi. Imaginez la situation dans les TPE sans organisation syndicale, c'est déjà la loi de la jungle!
Nous allons mener bataille pour permettre aux salariés -qui se sont prononcés majoritairement pour le changement- de prendre la question en main et d'intervenir sur le débat parlementaire.
Les organisations non-signataires sont plus représentatives des salariés que celles qui ont signé. Les parlementaires auront à s'en soucier.

Stéphan Brousse : La question fondamentale qui se pose c'est : faut-il réformer ce pays ? Le titre de l'accord « nouveau modèle économique et social » porte cette ambition. On se félicite que, pour une fois, le monde politique laisse la main au patronat et aux syndicats. Pourquoi y a-t-il eu un clash à la conférence de juillet ? Parce que la synthèse présentée par le Premier ministre n’était en rien conforme à la discussion. Pour le Medef, il fallait remettre les notions de compétitivité et de flexibilité dans le débat. Aujourd’hui, en France, ça devient presque impossible. Cependant, la CGT ou FO qui n'ont pas signé ont participé jusqu'au bout, ils n'ont pas quitté la table, c'est responsable de leur part. La priorité du président de la République c'est l'emploi, nous la partageons. Comment fait-on ? Ce que j’entends c'est que vous êtes représentatifs de ceux qui ont du travail et on ne se pose pas la question des 5 millions qui n'en ont pas.

 


Mais lorsque les syndicats parlent de partage du travail vous n'êtes pas d'accord...

S.B. : Le travail ne se partage pas. C'est une erreur majeure, c'est celle des 35 heures. Règle-t-on le problème de l'égalité et du niveau de vie en prenant aux riches pour donner aux pauvres ? Règle-t-on le problème de l’emploi en enlevant des heures de travail à ceux qui en ont pour les donner à ceux qui n'en ont pas ? Je réponds que ça ne marche pas comme ça. Le gâteau n’est pas figé, il faut le faire grandir en créant de la valeur ajoutée par l'investissement, l'innovation et la compétition à l'international. L’objet de l’accord est de supprimer la peur d’embaucher, c’est Michel Sapin qui l'a dit. Formidable d’entendre cette phrase dans la bouche d'un ministre du Travail de gauche. Beaucoup de PME sont en capacité de créer un ou deux emplois et ne franchissent pas le pas à cause des obstacles. Le CDI a une période d'essai trop courte et, par conséquent, les CDD se multiplient ce qui n'est pas acceptable. Cet accord apporte un vrai changement.

M.C. : Et pour les moins de 26 ans ? C’est pire que le CPE !

S.B. : Non ! L’accord dit que si on donne directement un CDI à un jeune on a droit à trois mois d’exonération de charges. Le jour où CGT et Medef signeront ensemble, nous gagnerons parce que le monde politique comprendra que c’est à nous de gérer nos affaires.

M.C. : Ce qui m’intéresse ce n’est pas ce que la CGT ou le Medef ont à gagner mais ce que les salariés ont à laisser. Quand on voit que les agences de notation ont applaudi la signature de cet accord...
Ça me déclenche un réflexe ! Pourquoi la compétitivité serait une donnée universelle ? Le travail n’est pas un coût, c'est lui qui crée la richesse pas les chefs d'entreprise. Sur le fond idéologique assumez cet accord, ne parlez pas de réforme mais de régression. C'est dans le droit fil des logiques de rentabilité financière qui ont conduit à la crise actuelle.

S.B. : La financiarisation, la mondialisation, ça ne veut rien dire. Ma PME, qui travaille dans 40 pays, a 18% de croissance. Bien sûr la concurrence c'est sanglant pour les chefs d'entreprise. 80% des patrons de PME ne distribuent aucun dividende alors arrêtons avec le CAC 40... Cet accord n'est pas un texte du Medef mais un compromis sur certains points difficiles à vendre aux chefs d'entreprise même si l'opposition de la CGT nous y aide. C’est un équilibre extrêmement fragile, on ne veut pas qu'il soit touché au Parlement.


Comment gère-t-on les situations en aval, avant que des salariés comme à Virgin ou Fralib se retrouvent sur le carreau ?

S.B. : Michel Sapin le dit lui-même, quand une entreprise est obligée de dégraisser pourquoi retarder l’inéluctable au risque de perdre davantage de postes ? Aujourd'hui, il faut faire un plan de sauvegarde de l'emploi, vous en avez pour un an ou deux... le temps que la boîte ferme. Cet accord donne de la souplesse en permettant de s'entendre sur du chômage partiel par exemple.

M.C. : Ça n’est pas applicable à Fralib !

S.B. : Les multinationales sont libres de leur implantation. A nous d'être attractifs. Bien entendu que celui qui a mis le capital veut un rendement, ne fait pas de social. Avec l'exemple terrible de Fralib, qui va venir s'implanter ici ? Quand à Virgin, les salariés perdent leurs emplois mais l'actionnaire perd sa mise. Quand on parle investissement c'est toute la question du financement qui est posée.


Êtes-vous pour une maîtrise publique du secteur bancaire ?

S.B. : Surtout pas ! Néanmoins le gouvernement va dans le bon sens avec la banque publique d'investissement qui répond à un besoin des PME.

M.C. : Il faut un contrôle beaucoup plus strict des incitations fiscales et des aides aux entreprises qui sont aujourd'hui pour beaucoup sans contrepartie.


Le travail dominical

 


A quoi faut-il attribuer l’échec de l’ouverture des boutiques à Marseille le dimanche ?

S.B. : L’important est d’abord de tirer le bilan de la loi à laquelle j’ai activement participé. Je rappelle qu’elle repose sur la base du volontariat, qu’elle comporte un volet d’augmentation des rémunérations, ainsi que l’octroi d’une journée de repos.
Il faut être dans l’air du temps, comme l’ont compris les organisations syndicales qui ont signé. Le combat mené pour la fermeture dominicale me semble totalement désuet. A Plan-de-Campagne, chacun s’accorde à reconnaître que cela a contribué à sauver 1 000 emplois. C’était donc un bon accord et je regrette que la CGT ne l’ait pas signé, comme cela est le cas en général de cette organisation. Cependant, je reconnais qu’à Marseille, c’est compliqué pour l’instant mais je ne doute pas que cela marchera.

M.C. : Vous devriez mieux vous informer et savoir que la CGT est le syndicat qui signe le plus d’accords. Mais pour en revenir à ce qui nous intéresse, c’est un fait que cela ne fonctionne pas à Marseille. En cherchant à vouloir vous convaincre du contraire, vous pratiquez la méthode Coué. Sans voir que la régression du pouvoir d’achat n’incite pas à la consommation. Du point de vue des salariés, c’est un autre rythme de travail que vous voulez imposer. Et pourquoi pas, dans cette logique, instaurer le travail de nuit ? En jouant sur une augmentation des rémunérations, vous reconnaissez implicitement que les patrons paient mal les salariés.

S.B. : Je pense que dans ce pays, on manque cruellement de souplesse. Regardez aux Etats-Unis, on peut tout acheter 24 heures sur 24.

M.C. : Nous, ce que nous constatons, c’est que vous n’obéissez qu’à votre propre logique. Celle du profit maximum. La logique de votre classe. Savez-vous qu’un récent sondage a révélé qu’une très grande majorité de Français pensent que la lutte des classes est plus que jamais d’actualité ?

S.B. : Ne venez pas nous parler de lutte des classes. Il y a longtemps qu’on n’est plus dans la lutte des classes. Il faut évoluer par rapport à cette mentalité.

M.C. : Est-ce que vous venez à Marseille de temps en temps, pour voir comment les gens y vivent, quel est le taux de pauvreté, de précarité ? Et quelles sont leurs inquiétudes par rapport à l’emploi, au chômage ? Alors, plutôt que le travail du dimanche, ce que la CGT réclame avant tout, c’est la relance d’une vraie politique industrielle et nous ne cessons de demander, depuis plus de 15 ans, que les patrons investissent pour transformer et adapter leurs unités...

 


Métropole

 


Pour l’attractivité du territoire le patronat n’a qu’un mot à la bouche : la métropole. Pourquoi ?

S.B. : On ne dit pas que c'est la solution miracle mais face à ce millefeuille inextricable la métropole a l'avantage d'inscrire le territoire dans une dimension comparable à d'autres capitales européennes. Après on peut discuter des compétences : transports, logement, économie, développement à l’international. Nous pensons que la métropole est un formidable cadeau que le gouvernement de gauche ferait à notre territoire. Les guéguerres de clocher ne débouchent sur rien c'est pour ça qu'il faut une loi.

Le monde économique a-t-il des vues sur la gouvernance ?


S.B. : Il faut raisonner en termes de projets et pas d'institution mais le monde économique ne va pas se mettre à faire de la politique. Il doit en revanche participer. MP2013 en est un exemple. Le leadership est donné au monde économique mais pour autant ce n'est pas lui qui fait la capitale européenne de la culture mais l'ensemble du territoire et des institutions. On sentait bien que si on avait mis Maryse Joissains, Jean-Claude Gaudin et Jean-Noël Guérini, ça ne l'aurait peut-être pas fait. On a servi de liant et c'est bien ça notre objectif : privilégier le résultat et pas le pouvoir pour le pouvoir.

M.C. : Je pense que vous avez d'autres visées. Il y a une réforme de l'État, l'acte III de la décentralisation qui prévoit une métropole. Le Premier ministre a enfoncé le clou tant qu'il a pu lors de ses vœux à la culture mi-janvier. La métropolisation est présentée comme un moyen de se coordonner, d'être plus solidaires mais ce qu’on ne dit pas c’est qu’elle va ouvrir un énorme marché aux entreprises privées dans des missions actuellement remplies par le service public. Les délégations de service public sur les déchets par exemple sont potentiellement immenses. Il faudrait y regarder de plus près pour comprendre pourquoi le Medef 13 et certaines organisations syndicales se sont tant battus pour la métropole. Je pense aussi à l'offre de soins en Paca qui représente 18 milliards, c’est autant que le BTP, je comprends que ça déclenche des convoitises. Mais par ailleurs, sur les transports, je suis effarée que, depuis des années, on consacre 93% des crédits pour la route, il faut faire fonctionner une autorité organisatrice des transports. Mon organisation est opposée à ce projet en toute indépendance vis à vis de l'action des maires.

S.B. : Mais les intérêts politiques des uns et des autres bloquent tout depuis des années !

M.C. : Avant d'annoncer la métropole, le Premier ministre a dû regarder les rapports de force politiques.

S.B. : Si c’était ça, ça serait grave mais vous devriez être favorable au fait qu’elle soit plutôt à gauche qu'à droite ou alors je n'ai pas compris la ligne de la CGT.

M.C. : Non vous ne l’avez pas comprise, elle est indépendante.

S.B. : C’est un scoop !

 



La charte ville-port

 


Théâtre d’oppositions entre patronat et CGT, le port semble à travers ce document devenir aujourd’hui un sujet de consensus. Quel est votre lecture du document ?

S.B. : Tout ça va dans un très bon sens. Et Dieu sait qu’on s’est battu, chacun de son côté. Au final, c’est le port de Marseille qui a perdu ! Cette fois, la logique est complètement différente : dans cette grande filière portuaire, chacun avec ses compétences, nous sommes d’accord pour dire qu’il fallait plus d’investissements. Il y a eu 450 millions sur les deux terminaux de Fos, les investissements reviennent. Il fallait également une reprise du trafic. Il a augmenté de 13% cette année avec 1 million de conteneurs et l’ambition est de doubler pour 2015. Enfin, on affiche des objectifs chiffrés de progression ! Quant à l’équilibre sur les bassins Est et Ouest, on est maintenant tous d’accord et c’est écrit dans la charte : il faut maintenir de l’emploi industriel et pas en faire une marina. Les compteurs sont plutôt bons aujourd’hui et le Grand port maritime de Marseille (GPMM) arrive à convaincre de sa fiabilité. Il reste à persuader les chargeurs étrangers et les armateurs d’y revenir. Nous y croyons. Le business ce n’est que de la confiance.

M.C. : La CGT n’est pas signataire. Et ce n’est pas parce que c’est écrit dans la charte que les bassins Est sont à égalité avec les bassins Ouest. On est très préoccupé par son contenu. Notamment la question des déplacements sur le nord et les réaménagements, doublés par le projet Euromed, c’est mal pensé. La gare du Canet par exemple : qui va payer ? Le Port ou l’Etat. La CGT propose que ce soit le GPMM.

S.B. : Mais le vrai problème, c’est que la bombe à retardement du port, c’est la SNCM.

M.C. : La direction est allée déposer un carton pour répondre à la DSP sur la Corse dans lequel elle a mis 4 cargos. Et zéro ferry sur Marseille. Le mauvais scénario n’est donc pas écarté. Si tous les ferries vont au low-cost, on va à la boucherie. N’est-ce pas à l’Etat de garantir la continuité territoriale ?

S.B. : Oui, mais avec Toulon, elle est garantie.

M.C. : En ne se positionnant pas sur Toulon, la direction de la SNCM a fait un choix et le gouvernement a laissé faire.

S.B. : Il est actionnaire. Vous avez voulu qu’il le reste, il l’est.

M.C. : Mais Dufour, [président du directoire de la SNCM, ndlr] il ne s’en sortira pas les fesses propres, je vous le dis. Et on le démasquera.

S.B. : Si j’étais actionnaire de la SNCM, il y a longtemps que je serais parti parce qu’une entreprise qui ne fait que des pertes, je ne vois pas l’intérêt. Elle est sur le même trafic que Corsica ferries qui gagne de l’argent.

M.C. : Ils ne sont pas sous le même pavillon, il y a dumping social. Moi, je regarde l’intérêt des salariés, pas l’économie.

S.B. : Faites-moi plaisir, avouez que vous êtes satisfaite du retour des conteneurs sur le GPMM.

M.C. : Oui, mais avec prudence car, dans les comptes, il semble que pour atteindre un million, il y a eu un petit tour de passe-passe.


Propos recueillis par Léo Purguette, Gérard Lanux et Myriam Guillaume

La combattante et le fonceur

Mireille Chessa, première femme à diriger l’Union départementale des Bouches-du-Rhône, est à la tête d’une des plus grandes places fortes de la CGT avec plus de 36 000 adhérents. Fille de boulanger communiste, elle plonge dans le syndicalisme ses 17 ans à peine sonnés et démarre une carrière à La Poste où, déjà, elle donne le ton aux luttes. Mireille Chessa n’est pas de ceux qui mâchent leurs mots, mais elle les pèse. Peu impressionnable, elle mène ses combats auprès des salariés dans la pure tradition anarchosyndicaliste de la CGT... sans jamais rien lâcher.

Stéphan Brousse
, désormais patron du Medef Paca et conseiller spécial TPE-PME auprès de Laurence Parisot, c’est en cinq ans de mandat à la tête de l’UPE 13 que ce chef d’entreprise marseillais s’est imposé comme une figure incontournable du monde économique local. Avec un sens de l’engagement émergé de son passage chez les Jésuites, c’est dans une filiale parisienne de l’entreprise familiale d’importation de fruits secs qu’il fait ses armes. Il transforme l’entreprise familiale en holding et crée sa propre boîte qui compte aujourd’hui 18 salariés.

 

Source: La Marseillaise
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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 12:21

Alors que depuis plusieurs jours les médias n'arrêtent pas de nous bassiner avec la libération de  Florence Cassez et que les responsables politiques français s'amusent à pointer du doigt la justice mexicaine, dans les usines françaises la répression syndicale ne cesse de croitre. Tout cela couvert par une surmédiatisation du Vendée Globe ou la sortie du dernier album de Carla Bruni Sarkozy dont on se fout comme de l'an 40 !! 

Voilà, pendant ce temps là ce qui se passe dans nos usines : déclaration CGT PSA Aulnay .

 

 

C

 

 

PSA

AULNAY

ommuniqué à la Presse Aulnay, le 27 janvier 2013

 

 

La direction rouvre l'usine en organisant un climat de tension et de provocations.

5 militants CGT convoqués à la Sureté Territoriale.

 

 

Pour la réouverture de l'usine, la CGT dénonce le climat de tension que la direction veut instaurer dans l'usine en revenant aux méthodes « Citroën » des années noires d'il y a 30 ans :

En réunion de CE de vendredi dernier :

1) La direction avoue qu'elle a fait appel à une 2ème société de vigiles privée :

Cette 2ème société, la société MAURY, vient renforcer la société PRETORIAN. La direcion a refusé de communiquer le nombre de vigiles présents sur le site. Pour la CGT, ils seraient plus d'une centaine à quadriller l'usine et cela en toute illégalité article L 612-4 : « Il est interdit aux personnes exerçant une activité mentionnée à l'article L. 611-1ainsi qu'à leurs agents de s'immiscer, à quelque moment et sous quelque forme que ce soit, dans le déroulement d'un conflit du travail ou d'événements s'y rapportant. Il leur est également interdit de se livrer à une surveillance relative aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou aux appartenances syndicales des personnes »

 

2) Confirmation de l'arrivée de cadres et de maîtrise d'autres sites PSA.Selon la direcion, ils ne seront pas là pour occuper un poste mais pour « renforcer » les cadres d'Aulnay. D'après nos informations, ils seraient eux aussi près d'une centaine.

 

3) Annonce que des groupes d'intervention de vigiles et de cadres/maîtrise prendraient position derrière les portillons d'entrée du personnel aux premières heures de l'embauche.

 

4) Dernière provocation :malgré les multiples annonces faites aux différentes réunions de CE, la direction cherche les moyens juridiques pour ne pas payer la période de chômage pour les salariés qui étaient en grève depuis le mercredi 16 janvier.

 

La CGT dénonce la politique irresponsable de la direction qui a comme objectif d'empécher les salariés à se déclarer librement en grève.

 

Du côté des grévistes, vendredi dernier, à la Bourse du travail, l'Assemblée Générale des salariés a voté la grève pour lundi et a décidé de réoccuper l'usine. Malgré les pressions et les provocations de la direction, ils s'adresseront, comme depuis le début de la grève, pacifiquement, à leur camarades de travail pour les appeler à rejoindre et à renforcer la grève à la veille de la dernière réunion de négociation (mardi 29 janvier à Paris).

 

5 militants CGT convoqués à la Sureté Territoriale de Bobigny :

la direction monte d'un cran pour casser la grève.

Le cabinet d'huissier payé par PSA a porté plainte contre 5 militants CGT engagés dans la mobilisation depuis 20 mois et particulièrement dans la grève depuis mercredi 16 janvier.

Parmi les 5 militants, Agathe Martin, mère de deux enfants qu'elle élève seule. Ces convocations, une par jour, sont faites pour détourner et paralyser la mobilisation. C'est bien la preuve que PSA craint par dessus tout que la grève s'étende.

En renforçant sa campagne de calomnie et de mensonge, la direction tente par tous les moyens de casser la grève en faisant passer les grévistes pour des violents. La CGT rejette toute accusation de violence.

Jean-Pierre Mercier

DS CGT PSA Aulnay et DS Central adjoint CGT du groupe PSA

Tel : 06 60 56 44 03  

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 18:48
L’importance des CSR :

L’évocation des CSR dans les ouvrages d’Histoire est très partielle, voire totalement occultée. Les ouvrages consacrés au mouvement syndical sont obligés d’évoquer les CSR mais de façon bien évasive, à tel point que l’on finit par se demander si la presse et les archives d’époque ont véritablement été feuilletées par les historiens.
Nous avions nous mêmes fini par sous-estimer l’action des CSR, ne voyant en eux qu’un simple et provisoire instrument d’affrontement interne dans la CGT.

Pourtant les CSR ont pour particularité d’avoir été l’organisation révolutionnaire la plus puissante qui n’ait jamais existé. Les archives internes des CSR n’ont toujours pas été retrouvées. Pour donner une estimation de son influence on doit donc se reporter aux comptes rendus d’activités publiés alors dans chaque numéro de la Vie Ouvrière et de L’Humanité, chacun de ces journaux y consacrant une rubrique spéciale.
Victor Godonnèche, dans un article de 1922, établit le chiffre de 15 000 adhérents individuels, dont 7 000 dans le département de la Seine (Paris et proche banlieue). En outre, de nombreux syndicats ont adhéré en tant que tel à la tendance. Tous les membres de ces syndicats n’étaient pas des militants SR mais ceux qui l’étaient viennent s’ajouter aux adhésions individuelles. Ce sont donc plusieurs dizaines de milliers de militants qui intègrent les rangs des CSR.
En décembre 1921, les syndicats acquis aux CSR sont désormais majoritaires dans la CGT. En un an, la tendance a donc réussi à transformer le rapport de force dans la confédération. Ce qui explique le basculement des UD et des fédérations. La progression des syndicalistes révolutionnaire (SR) est réelle et constante avant octobre 1920 mais avec la création de la tendance elle devient fulgurante. Chaque semaine des organisations puissantes basculent, suite à la tenue de congrès.
La raison en est simple : la bureaucratie, organisée au sein des instances officielles de la CGT, trouve désormais en face d’elle une organisation parallèle menant un débat systématique dans les syndicats, les UL, les UD et les fédérations. À chaque congrès remporté par la « minorité », la tendance réformiste perd le contrôle d’un rouage de l’appareil. L’organisation lui échappant rapidement, elle finit donc elle aussi par s’organiser dans la précipitation en tendance plus ou moins secrète. 

Le premier succès des CSR est d’avoir permis l’unification organique des révolutionnaires, une unification qui permet provisoirement une autre unification, stratégique.
Nous verrons que la décomposition des CSR a eu pour effet de produire une décomposition politique du mouvement révolutionnaire ouvrant la voie à 90 années de sectarisme et de confusion.

Une lente maturation

En 1914, le mouvement syndicaliste révolutionnaire traverse une crise profonde. Dans la CGT, rares sont les organisations qui maintiennent leur orientation « révolutionnaire ». Même parmi les syndicats les plus acquis aux thèses SR, la démoralisation politique est profonde. Les « minoritaires », tels qu’ils vont désormais s’appeler, sont amenés à constater que seules les organisations de tendance ont conservé leurs repères, en l’occurrence le groupe de La Vie ouvrière et les Jeunesses syndicalistes. Il faudra attendre encore un certain temps pour que des fédérations à majorité SR, comme celle de l’Education, se redressent.
Pour les minoritaires il s’agit désormais de s’organiser en regroupant les éléments sûrs. Mais la structuration des syndicats ne doit pas pour autant être laissée de côté. Les forces sont tellement réduites qu’il faut aussi attirer à soi les intellectuels écœurés par les atrocités de la guerre.
Car l’enjeu immédiat n’apparaît pas être la Révolution mais l’arrêt des hostilités. Les premiers regroupements vont donc prendre la forme d’une succession d’initiatives rassemblant de façon confuse des organisations de « masse » et des militants mais aussi structures syndicales et des structures affinitaires.

Contrairement aux âneries écrites depuis des décennies, le SR ne sort pas discrédité de l’épreuve de 1914. Au contraire, c’est le seul courant à avoir maintenu un minimum d’intégrité. Les autres courants, ceux-là même qui se présentaient comme un dépassement de la crise du syndicalisme de 1909, sombrent totalement dans la collaboration de classe. C’est le cas des guesdistes, de l’ultra gauche organisée autour de La Guerre sociale mais aussi du courant anarcho-communiste dont les principaux meneurs rallient l’Union sacrée.
Il n’apparaît donc pas étonnant que la priorité pour les bolchéviques est de rallier à eux le courant SR. Mais ce sont avant tout les jeunes militants ouvriers qui utilisent le SR comme pôle de ralliement.

Les SR se sont retrouvés dès 1914 à l’avant-garde de la lutte contre la guerre. Cette hégémonie va se confirmer avec le développement des grèves en 1916. La lutte anti-militariste s’appuie désormais sur des mobilisations ouvrières, le plus souvent animées par les SR. Un Comité de Défense syndicaliste se donne pour vocation de structurer cette action. Mais ce CDS regroupe de façon confuse des syndicats et des comités locaux de militants.
Cette confusion est d’autant plus regrettable que la situation syndicale est en train de changer. La révolution russe de février 1917 donne une impulsion à tout le mouvement ouvrier européen. L’enjeu n’est plus seulement de stopper la guerre mais la perspective socialiste commence à réapparaître à l’horizon.
Cette évolution s’accélère avec la révolution russe d’octobre 1917. Désormais, chaque militant doit choisir entre une option réformiste et une option révolutionnaire. La nécessité d’outils révolutionnaires devient désormais une priorité. La majorité de la bureaucratie syndicale française refuse catégoriquement la perspective révolutionnaire. Elle va donc manœuvrer pour encadrer les luttes ouvrières qui se font de plus en plus massives et violentes. Un affrontement politique s’accentue un peu plus chaque jour dans la CGT, ce qui renforce le besoin d’organisation interne pour les « minoritaires ».
Cette nécessité va être provisoirement fragilisée par des initiatives extérieures. Nous verrons que certains militants essaient de créer une autre confédération. Mais des révolutionnaires tentent aussi de s’organiser sur une base affinitaire, en reproduisant un modèle bolchévique idéalisé. Un premier Parti communiste est constitué en 1919 par le rassemblement de la mouvance d’ultra-gauche (libertaire et marxiste). Il se veut un dépassement du SR et fantasme sur des « soviets » à la française qui ne seront jamais autre chose que des groupuscules de militants. Sa composition sociale et sa vision idéaliste de la Révolution transforment rapidement l’initiative en fiasco total.
En parallèle, les tendances de « gauche » et du «centre » dans SFIO (PS) commencent à pousser dans le sens d’un ralliement à l’Internationale communiste. Cette démarche crée un élan mais les plus syndicalistes et les plus perspicaces savent très bien que ce parti, même épuré de ses membres les plus compromis dans la collaboration de classe, ne sera jamais un parti révolutionnaire et encore moins prolétarien.

C’est donc ailleurs que les révolutionnaires vont s’organiser : dans leur organisation de classe. 

L’action des CSR 

Les CSR vont animer deux grands axes d’intervention, qui sont bien entendu liés. Le premier, celui qui va concentrer le maximum d’énergie, c’est la propagande dans la CGT afin d’obtenir un changement de majorité. Cette action remportera un succès quasi-total.
Mais les CSR se fixent aussi une action clairement révolutionnaire, en tant que tendance dans la CGT.

La bataille de tendance dans la CGT :

La conquête des UD est planifiée par des tournées de propagande, organisée à un échelon « régional ». Les bastions déjà constitués servent de point d’appui. 

Mais l’élément fondamental va être le basculement, le 28 novembre 1920, de l’UD du Département de la Seine. Ce fait n’est pas un accident. La victoire des CSR est acquise grâce au travail de tendance déjà entrepris par le Comité des Syndicats minoritaires de la Seine. Ce dernier s’est déjà transformé en CSR départemental, regroupant comme son prédécesseur à la fois les Syndicats minoritaires et les noyaux professionnels CSR. Un congrès départemental des CSR se tient le 31 octobre et premier novembre 1920. L’ordre du jour est consacré à la préparation du prochain congrès de l’UD. Mais cette perspective s’inscrit dans une vision bien plus politique que la simple conquête de l’UD. Les militants des CSR ont conscience que leur UD jouera un rôle déterminant dans le processus révolutionnaire qu’ils pensent proche. Ainsi il est décidé de relancer et d’appliquer au plus tôt la fusion des derniers syndicats de métiers dans de puissants syndicats d’industrie, ceci afin de préparer les luttes efficacement mais aussi de permettre la gestion de l’économie par les Syndicats avec des « conseils d’usines » dans chaque entreprise. Le CSR de la Seine entend aussi combattre pour la reconnaissance de « délégués d’atelier, de chantier, de bureau et de magasin » pour renforcer le pouvoir syndical dès à présent dans les entreprises.

Le 9 décembre 1920, ce sont trois membres des CSR, qui sont élus comme secrétaires de l’UD. L’impact est terrible pour la direction réformiste car l’UD de la Seine constitue l’organisation la plus puissante de la CGT. Et dans cette victoire, l’action des CSR est apparue comme un véritable rouleur compresseur. Ce sont les « CSR- Comité des Syndicats Minoritaires de la Seine » qui ont pris en main la campagne électorale interne. Dans une circulaire départementale signée de Dondicol, qui fait suite au congrès, le CSR départemental organise l’élection du Bureau et de la CE. À cette date, le congrès a déjà été gagné. Il s’agit désormais de proposer une équipe militante destinée à « reprendre le travail de recrutement et d’organisation » et à assurer un travail « d’éducation révolutionnaire de la masse ». « Pour réaliser cette action, une unité de vue, une homogénéité parfaite du bureau et de la CE sont indispensables. Un même idéal doit animer ceux à qui incombera la responsabilité de diriger l’organisation. C’est pour cela que le CSR de la Seine vous demande instamment de voter pour tous les candidats qu’il présente, mandatés par 50 syndicats, et d’éviter tout panachage qui serait un obstacle pour mener à bien la gestion de notre union ».
Le résultat des ces élections ne démontre pas seulement la progression rapide des CSR, elle souligne aussi les tensions internes. Dans le département de la Seine, il n’est désormais plus envisageable de travailler correctement avec une CE représentative de l’ensemble des syndicats. Les révolutionnaires, tout comme les réformistes, veulent fonctionner de façon homogène. Il n’y a plus de confiance quant à l’application des mandats par les représentants syndicaux de l’autre tendance.

Le basculement de l’UD de la Seine était plus que prévisible. Mais le même jour c’est l’UD de Moselle qui tombe aussi. Le fait est d’autant plus déconcertant pour la direction confédérale que dans ce département les militants du CSR ont été peu actifs. La Moselle n’a pas été une priorité fixée par la minorité révolutionnaire. 

D’autres départements appliquent rapidement les décisions nationales de septembre 1920. 
Mais les événements s’accélèrent au début de l’année 1921. La campagne de purge lancée contre les militants du CSR provoque une réaction positive. Ainsi à Rouen, un militant qui se dit « opposé jusqu’ici à la formation des CSR tels qu’ils sont conçus » se lance dans la tâche de constituer un CSR local. Sa réaction n’est pas individuelle. La création des CSR est donc souvent une réaction aux manœuvres anti-démocratiques des bureaucrates réformistes. Ces réactions salutaires sont constatées dans plusieurs départements mais aussi dans des centres qui n’étaient toujours pas actifs.

Avant même que l’année soit achevée, les militants des CSR animent désormais plus d’UD que les réformistes. Cela est d’autant plus inattendu que le changement de majorité est le plus souvent voté à une large majorité. 

L’offensive dans les fédérations d’industrie : 

Dès le 26 novembre 1920, la VO établit un état des lieux de l’avancée de l’organisation dans les fédérations d’industrie. Au Comité central du 3 janvier, 17 fédérations sont déjà représentées par des « Sous Comités fédéraux », le plus souvent animés par des militants du département de la Seine. 

En mai 1921, les CSR obtiennent la majorité des suffrages lors du congrès fédéral du Bâtiment et constituent une nouvelle CE acquise à la tendance.
Ce basculement provoque une réaction saine dans la branche. L’année va être marquée par un conflit de trois mois des ouvriers du bâtiment dans la région Nord Pas de Calais, pourtant acquise à la majorité confédérale. La Fédération, à majorité révolutionnaire, s’investit dans la lutte et soutint la lutte victorieuse contre la baisse des salaires.
Les CSR progressent dans toutes les fédérations et gagnent la majorité dans de nombreux syndicats. Et même si la majorité des Fédérations restent entre les mains des réformistes, cette « majorité » devient de plus en plus artificielle car elle repose sur le contrôle de l’appareil. En effet, contrairement à ce qui a souvent été écrit par les historiens, la tendance SR est surtout influente dans les gros syndicats. C’est d’ailleurs logique puisque les SR sont pour la fusion des syndicats de métiers dans de puissants syndicats d’industrie. Les réformistes ne conservent donc leur contrôle qu’en s’appuyant sur une profusion de petits syndicats de province.
En revanche, dans les départements et dans les Bourses du Travail, les CSR à la fin de l’année 1921 sont le plus souvent hégémoniques. Il apparaît donc que certains syndicats continuent de faire confiance aux responsables fédéraux réformistes, afin de ne pas déstabiliser ces organisations, mais localement ils se solidarisent souvent avec les militants des CSR.

Une impulsion révolutionnaire :

Nous avons dit qu’en 1920 les révolutionnaires choisissent de s’organiser en priorité dans leur tendance syndicale. Cela est tellement vrai que l’on est étonné par la lecture de l’Humanité. Après le congrès de Tours de décembre 1920 et la création officielle de la SFIC (PC), ce dernier en est réduit à soutenir les luttes menées par les CSR. Le phénomène est tel que les dirigeants intellectuels les plus modérés du Parti (Vaillant Couturier, Cachin,..) sont contraints d’assurer des tournées de propagande pour appeler les ouvriers à s’organiser… dans les CSR.
Cette réalité est d’autant plus importante à souligner que ces militants se considèrent être dans une période pré-révolutionnaire. Le choix de renforcer en priorité l’organisation syndicale est donc profondément politique.
L’année 1920 est pourtant marquée par une terrible défaite pour le mouvement ouvrier et plus particulièrement pour la tendance révolutionnaire. De nombreuses organisations sont affaiblies sous l’impact des licenciements. Cependant il faut constater que la démoralisation n’est que partielle. La perspective révolutionnaire demeure très présente chez la majorité des militants. Les grèves de 1920 n’apparaissent donc que comme une étape, un recul momentané, en attendant la prochaine poussée.
Pour certains militants, la lutte interne dans la CGT est vécue, il est vrai, comme une échappatoire à l’organisation de nouvelles luttes. Mais ce comportement est encore minoritaire. Le contexte international est toujours à la poussée révolutionnaire et les liens entre les organisations SR de chaque pays n’ont jamais été aussi renforcés et permanents. Au moment où s’organise le congrès d’Orléans, l’Italie connaît une vague de grèves inégalées. La Révolution apparaît imminente en Allemagne. L’Irlande est en proie à une insurrection contre l’occupant anglais, une révolte dans laquelle les syndicalistes révolutionnaires irlandais lancent des grèves et des occupations d’usines. 

Les CSR agissent donc dans une situation politique et organisationnelle très spécifique. En cette fin d’année 1921, une série de grèves, locales mais puissantes, intervient. C’est tout d’abord l’industrie textile qui se mobilise. Ces conflits s’organisent sur une base défensive, le patronat essayant d’imposer des réductions de salaires. Ces attaques sont menées le plus souvent sur une échelle locale mais généralisées à une profession. Cette situation favorise donc l’action des Syndicats d’industrie animés par les militants des CSR.
Là aussi les CSR doivent faire avec une UD et des syndicats d’industrie encore acquis aux majoritaires. Ainsi lorsque Lauridan, au nom des CSR, propose à l’UD la transformation de cette grève corporative et défensive en une grève offensive et révolutionnaire, il est mis en minorité.
Mais le Comité central de Grève est acquis aux CSR et le mouvement de grève est l’occasion du basculement de nouvelles organisations dont la puissante Bourse du Travail de Tourcoing. La question est donc celle de la coordination de tous ces mouvements localisés en une grève nationale À la même date, il faut aussi noter la grève du textile dans les Vosges. La majorité de cette UD est acquise au SR mais les militants refusent d’organiser des CSR pour essayer de maintenir l’unité interne. 

Cet exemple du textile est très intéressant car il démontre l’incapacité des CSR à généraliser la grève à l’échelle nationale. Tout d’abord pour une raison objective, ces luttes sont défensives et le calendrier est donc difficilement gérable par les CSR. Mais le principal obstacle vient de situations organisationnelles bien différentes. Ils doivent faire avec des UD, des syndicats locaux mais aussi une Fédération le plus souvent encore aux mains des réformistes. Les carences de la Fédération ne peuvent être dépassées que par l’action d’un comité fédéral des CSR, coordonnant les syndicats et les militants « minoritaires ».
Or en 1921, l’action de CSR organisés comme outils pour dépasser ces obstacles n’est pas toujours une réalité de terrain. La coordination est encore difficile. L’élargissement des luttes au niveau national ou localement à d’autres professions est encore fragilisé par le contrôle des réformistes sur certaines organisations.

Début octobre, le Comité Central des CSR lance un appel pour préparer de « grands meetings de protestation et des défilés d’organisations révolutionnaires  devant l’ambassade et les consulats des USA » afin d’exiger la libération de Sacco et Vanzetti. Dès le 28 octobre 1921, l’Union des Syndicats de la Seine appelle à un grand meeting unitaire dans le cadre du Comité d’Action de Bobigny avec le PC, les JC, l’ARAC,… La stratégie du Front unique permet de mobiliser dans cette campagne unitaire toutes les organisations prolétariennes.

Mais les CSR reprennent aussi leur action internationaliste en la radicalisant. La réunion du CC (Comité central) du 15 mars 1921 décide de contacter les organisations prêtes à agir « révolutionnairement contre la guerre » afin de constituer un Comité national. La décision n’en reste pas là. Le Syndicat des Métaux de la Seine, ainsi que d’autres acquis aux CSR, reprend le mot d’ordre de refus de produire des munitions. Des actions sont menées par le syndicat à Roubaix contre la commande de munitions passées par le gouvernement français. 
L’organisation de la tendance
L’organisation des CSR est directement liée à son projet politique. Nous allons voir que la tendance est traversée d’un débat qui fait apparaître deux orientations qui vont progressivement s’opposer.

L’impulsion de Marie Guillot :

La création de cette tendance est due à l’initiative de l’équipe de la Vie ouvrière et plus particulièrement à celle de Marie Guillot. L’impact de Marie Guillot est d’autant plus important que son action a été volontairement occultée. Cela est d’autant plus étonnant que les historiens et les féministes ont largement critiqué le machisme du syndicalisme-révolutionnaire. Pourtant les CSR sont certainement parmi le seul exemple d’une organisation ouvrière nationale créée par une femme.

C’est elle qui va pousser à la constitution de CSR dans sa fédération puis dans toute la CGT. Cette initiative s’explique tout d’abord par le contexte particulier dans l’Education. À la sortie de la guerre, un grand nombre de membres des amicales d’instituteurs, des corporations modérées, engagent un processus de fusion avec la CGT. Or la Fédération de l’Enseignement avait été à la pointe de la lutte contre la guerre, préservant son orientation SR. Le débat s’engage alors dans la Fédération sur la question de son élargissement. Certains s’opposent à l’entrée massive d’anciens amicalistes.
Marie Guillot pense l’inverse et elle estime que le syndicat ne peut se préparer à gérer la société que s’il regroupe dans ses rangs un grand nombre de travailleurs. Elle propose donc la création de CSR comme une réponse à l’entrée massive des réformistes dans la Fédération, positionnant de fait les SR en tant que minorité. La création d’une tendance organisée est une déclinaison correcte de la Charte d’Amiens et de ce qui deviendra ensuite le Front Unique. Tout en acceptant une fusion qui accorde de fait la majorité aux réformistes, les SR choisissent de maintenir une intervention spécifique, cette fois-ci sous la forme d’une tendance.
Un appel à la constitution de CSR est lancé le 6 décembre 1919 dans L’École Émancipée puis dans La Vie Ouvrière. En trois mois, Marie Guillot reçoit des réponses favorables dans 30 départements. Ce sont soit des syndicats départementaux soit des militants qui prennent contact. L’École Émancipée, la revue de la Fédération publie désormais une « Tribune des CSR ». 

Pendant un an, Marie Guillot dépense une énergie importante pour convaincre ses camarades de créer un comité dans chaque syndicat départemental, des comités qui vont finir par se doter d’un Comité Central fédéral.
La tendance se réunit à la veille du congrès fédéral, le 10 août 1920. De nombreux délégués sont présents et le travail fourni est très riche. La tendance se dote d’un bureau qui sera animé par le CSR de Saône et Loire, celui de Marie Guillot. C’est lors de cette réunion qu’est décidé non seulement de prendre contact avec toutes les minorités fédérales, mais aussi de leur demander la création de CSR dans les autres fédérations. C’est Marie Guillot qui se charge de cette démarche.
Un appel est donc publié dans la VO avec la perspective de la préparation du congrès minoritaire d’Orléans, à la veille du congrès confédéral. Ce document de travail est rigoureux. L’axe d’intervention des CSR est explicité en détail et ne se limite pas à décider de son adhésion symbolique à l’Internationale Communiste.
Le CSR de l’Enseignement a élaboré un projet de société avec pour « base de l’organisation politique le régime de la souveraineté prolétarienne directe. ». Le prolétariat doit « combattre, par la violence s’il le faut, pour posséder de manière exclusive les moyens de production et d’échange et mettre la main sur les pouvoirs publics afin de réaliser son dessein ». « Il est obligé, l’événement l’a montré, d’établir la dictature du prolétariat pour atteindre son but », une dictature qui se veut « momentanée ».
Les CSR doivent dès à présent élaborer un plan de socialisation de l’économie, et établir « de façon précise » les « ressources » de chaque corps de métiers.
La vision révolutionnaire n’est pas spontanéiste. Au contraire « notre action actuelle tend : à créer des cadres révolutionnaires dans toutes les fédérations. Créer un organisme central. Des organismes intersyndicaux, régionaux et locaux ». Il s’agit également de propager les idées révolutionnaires et faire connaître la Révolution russe.

Il s’agit désormais d’étendre ce type d’organisation révolutionnaire à toutes les fédérations mais surtout à tous les départements. Car la prise de conscience en revient encore à Marie Guillot. Elle estime que l’actuelle organisation des SR, en un Comité de Syndicats Minoritaires n’est pas efficace. Car ce type d’organisation laisse de côté de nombreux militants minoritaires dans leur syndicat. Il empêche une dynamique collective permettant de coordonner les efforts pour faire basculer les syndicats, leurs unions et fédérations. Mais, fait tout aussi important, il occulte de former les militants.
Comme nous l’avons dit, à la veille de leur congrès fédéral, les CSR de l’Enseignement lancent une proposition de construction de CSR à tous les niveaux. Marie Guillot utilise ses connaissances personnelles pour faire aboutir le projet. Après l’adhésion de Pierre Monatte et d’autres meneurs au projet, un appel est donc publié dans la Vie Ouvrière du 10 septembre 1920. La question va être soumise à la réunion nationale des Syndicats Minoritaires, organisée la veille du congrès confédéral.


Fin de la première partie, suite au prochain numéro de Syndicaliste !

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 21:29

Rien contre le chômage, le Medef a bloqué toute avancée pour les salariés dans cet accord signé par une minorité syndicale

quatrième analyse revue et corrigée, détaillée et complétée de l’ANI Accord National Interprofessionnel « accords de Wagram » (rédigée du samedi 12 au mercredi 16 janvier)

Les « accords de Wagram » (l’ANI s’est discuté au siège du patronat) c’est comme un contrat d’assurance, il faut lire ce qu’il y a de marqué au recto en tout petit. Ne croyez pas les grandes phrases qui l’encensent. Ceux qui le défendent font du grand baratin mais ne le citent jamais. Ils vous le vantent de façon tonitruante sans vous dire un mot de son contenu réel. C’est comme s’ils vous cachaient une tartine moisie avec beaucoup de beurre. Mais en la goûtant, on découvre forcément qu’elle a mauvais gout.
Alors lisez, lisez, lisez.
Dés qu’on prend le temps de les lire, on perçoit la nature réelle de cet accord, on est effaré.

L’accord est organisé en 28 articles, inégaux. Prenez le temps ci-dessous, on a regroupé en 13 points. Le diable est dans les détails.

Ce sont des accords régressifs, signés par une minorité de syndicalistes et ils ne feront pas un seul chômeur en moins, pas un emploi en plus. Du point de vue de l’inversion de la courbe du chômage en 2013, ils sont dangereux. S’ils s’appliquent (car rien n’est fait et même ce qui est prévu est étalé dans le temps de fin 2013 à 2016…) ils donneront lieu à des charrettes empressées de licenciements – comme Renault, après Mittal, Petroplus, Sanofi. Le Medef veut battre politiquement la gauche, il va le faire avec les armes que lui donnent cet accord.

Il n’y a pas une seule avancée… sauf pour le patronat.

C’est un accord dont la principale caractéristique est de faciliter les licenciements et de rendre plus difficiles les recours des salariés, des IRP, des syndicats.

Mais il s’y ajoute une dizaine d’attaques
- théoriques (contre la place de la procédure, contre celle du contrat individuel)
- dangereuses ( le CDI intermittent, contre les prud’hommes, la mobilité interne, le court-circuitage des plans sociaux, les « accords de maintien de l’emploi » -de compétitivité..),
- en trompe l’oeil (contrats courts, temps partiel, formation professionnelle)
- ou mesquines (blocage des dommages et intérêts aux prud’hommes, prescription des heures supplémentaires après 3 ans..)
Tout ce qu’il y a dans l’accord va contre les salariés et pour les employeurs.

Il y a 8 syndicats en France : CGT, CFTD, FO, FSU, UNSA, SOLIDAIRES, CGC, CFTC. Seulement 5, CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC ont été associés par le Medef aux négociations. Les trois syndicats qui ont signé, sont largement minoritaires.

Depuis 2008, la loi établit que ce n’est plus le nombre de syndicats qui signe qui établit la majorité et la validité d’un accord, ce n’est plus un « vote par ordre » mais un vote « par tête ». Il faut donc un seuil de représentativité en nombre de voix de salariés derrière les syndicats pour qu’un accord soit validé : ce seuil était fixé à 30 % jusqu’en 2012 et porté à 50 % en 2013.

Les trois directions CFDT, CGC, CFTC, étant totalement minoritaires sur ce coup auraient du ne pas faire bande à part, ne pas envisager de les signer. Tous leurs adhérents salariés devraient les pousser à ne pas les ratifier et à revenir dans un cadre d’unité syndicale !

Il faut autant de contrat que possible mais autant de loi que nécessaire. L’accord est présenté comme un « compromis » : Oui mais c’est le compromis d’une minorité. L’ANI étant minoritaire, le Parlement n’est absolument pas tenu de le « ratifier » tel quel, la majorité de gauche doit jouer tout son rôle pour contrer ce qu’a imposé le Medef. Il y va de la lutte contre le chômage ! Est-ce qu’il faut interpréter en le transcrivant dans la loi, cet accord de façon « fidèle et loyale » ou bien de façon « optimale » (pour les salariés) en tenant compte des « syndicats majoritaires non signataires » ? Evidemment dans l’intérêt des salariés : il y a déjà tellement trop de flexibilité dans le Code du travail. Ca fait dix ans que la droite passe le Code du travail à l’acide des exigences du Medef. On attend que la gauche corrige et redresse cela par la loi. D’ailleurs le projet socialiste 2011 se proposait de « reconstruire le code du travail ».

La flexibilité c’est l’ennemi de l’emploi. Plus il y a de flexibilité, plus il y a de chômage et de travailleurs pauvres, ça marche toujours ensemble. En France, chaque fois que les licenciements ont été facilités, le chômage a augmenté. Partout où la flexibilité a augmenté, le chômage a progressé y compris dans les pays scandinaves pris à tort comme « modèle » : la mise en place de la prétendue « flexisécurité » a permis de passer d’un taux de chômage de 3 à 7,8 % au Danemark, 7,9 % en Finlande, 8,1 % en Suède soit une augmentation moyenne de 3 à 8 % (+ 266 %). C’est quand les salariés sont bien formés, bien traites, bien payés qu’ils sont le plus « compétitifs », pas quand ils sont flexibles !

La victoire des exigences du Medef contenues dans l’accord n’est cependant pas acquise : car rien de tout cela n’aboutira avant le mois de mai 2013 (il y faut le temps des ratifications de l’accord, le temps d’écriture des lois, le temps du Conseil d’état, celui du conseil des ministres, et celui des débats aux Assemblées puis des recours).

Donc la majorité du salariat de ce pays a le temps d’expliquer, de combattre et de gagner ! Il existe une alternative : reconstruire le droit du travail pour garantir l’emploi, les salaires, l’état de droit dans les entreprises, la santé, l’hygiène, la sécurité sociale, les droits syndicaux et ceux des institutions représentatives du personnel.

Examinons ci dessous 13 points contenus dans les « accords de Wagram » (adoptés) 13 points qui… portent malheur

1°) Les contrats « courts » ? Ils sont maintenus !

Ce n’est ni le chômage, ni les salaires, ni la durée du travail, ni le droit du licenciement, ni la médecine du travail, qui ont focalisé la négociation de Wagram. Le dirigeant de la CFDT Yannick Pierron, avait choisi de tout polariser sur les « contrats courts » : « Il n’y aura pas d’accord sans accord sur les contrats courts » (dans le Nouvel Observateur le 9 janvier). Il a donc crié victoire ensuite : « Contrats courts : objectif atteint » à l’unisson avec le chef de file du Medef, Patrick Bernasconi. Mais on va le voir, rien n’a été obtenu et derrière ce leurre, ce sont les « accords de compétitivité » ont été concédés sans coup férir au Medef.

Selon l’ANI (accord national interprofessionnel) une « sur cotisation » devrait être appliquée aux contrats courts au 1er juillet 2013 :
- 7 % pour les contrats d’une durée inférieure à un mois
- 5,5 % pour les contrats compris entre 1 et 3 mois.
- 4,5 % seulement pour les contrats d’une durée inférieure à 3 mois pour certains CDD dits « d’usage » (ce sont les secteurs qui empilent le plus de CDD, notamment le sondage, activité préférée de Laurence Parisot).

Ces sur-cotisations selon le Medef couteraient 110 millions aux divers employeurs concernés. Pour les compenser, les contrats à durée indéterminée conclus avec des jeunes de moins de 26 ans seront exonérés de cotisations patronales d’assurance chômage pendant 3 mois, 4 mois dans les entreprises de moins de 50 salariés. Selon le Medef, cela rapporterait 155 millions aux divers employeurs soit une bonne affaire de 155 – 110 = 45 millions d’euros.

Cela ne fera pas un seul CDD de moins : l’intérim n’est pas concerné ! Or le surcoût d’un contrat d’intérim est de 15 % donc désormais inférieur aux CDD courts…

Les CDD de plus de trois mois ne sont pas concernés. Ni les contrats saisonniers, ni les « contrats conclus pour une tâche précise et temporaire », ne sont concernés. Seulement 30 % des CDD seront taxés.

En fait, il n’y aucune sorte de limitation des CDD ou des autres contrats précaires. Rien de dissuasif n’a été instauré. C’est une victoire du patronat de l’intérim qui protestait depuis longtemps sur le fait que l’intérim était plus couteux que les CDD : « objectif atteint » ! Les signataires le savent pertinemment puisqu’ils ont prévu « d’inviter la branche du travail temporaire à organiser un accord collectif » ! (article 4 de l’ANI).

Est-ce qu’il y aura remplacement d’un certain nombre des  » CDD courts »… par des CDI parmi les moins de 26 ans ? Pas sur du tout. Les employeurs feront peut être des
ce qui deviendra des « CDI courts » pour bénéficier de l’effet d’aubaine de l’exonération des cotisations pendant trois mois. Mais lorsque l’aubaine sera éteinte, il licencieront sans coup férir. Facile avant la fin des trois mois, les périodes d’essai ayant été allongées.

Aucun, aucun effet contre le chômage !

En alternative, nous soulignerons que les CDD de moins d’un mois, dans le passé, étaient interdits, on pouvait espérer qu’ils le redeviennent. Avec les syndicats nous demandions qu’il y ait des quotas, et qu’une entreprise de plus de 20 salariés ne puisse utiliser plus de 20 % de précaires sans autorisation préalable de l’inspection du travail. Rappelons que les syndicats contestent aussi tous les « contrats dits d’usage » dont la liste n’a cessé d’être injustement et arbitrairement allongée.

NOTE :
Environ 1 700 000 salariés sont en contrat temporaire : 1 200 000 en contrat à durée déterminée (CDD) et 500 000 en intérim selon l’enquête Emploi en continu de l’Insee (encadré 2). Depuis l’apparition du travail intérimaire en 1972 et l’instauration des CDD en 1979, la part des salariés en contrat temporaire a fortement augmenté jusqu’en 2000 pour se stabiliser ensuite. Les emplois en contrat court représentent aujourd’hui 10 % des salariés du secteur privé hors contrats aidés, soit deux fois plus qu’il y a vingt ans. Actuellement, deux salariés sur trois sont embauchés en CDD. Ce sont le plus souvent des femmes, alors que les intérimaires sont majoritairement des hommes, 76 % de ces derniers sont des ouvriers. Les salariés en contrat court exercent deux fois moins souvent des professions intermédiaires et de cadres que les salariés en CDI : respectivement 24 % et 14 % pour les personnes en CDD et en intérim, contre 39 % pour les salariés en CDI. Ils sont aussi plus jeunes : la moitié des salariés en CDD ou en intérim a moins de trente ans, contre 40 ans pour les salariés en CDI.
L’usage des CDD est totalement politique et n’a aucune justification économique : elle frappe les jeunes, les femmes, les immigrés, et récemment les seniors, tous salariés vulnérables. La preuve en est qu’entre 29 ans et 54 ans, il y a 95 % de CDI. L’économie a tellement besoin de CDI que la durée de ceux-ci s’est allongée de 20 % dans les 30 dernières années. La flexibilité est une anomalie qui sert à faire plier l’échine, à faire pression contre le plein emploi, contre le CDI, contre la syndicalisation, contre les salaires, contre le droit du travail en général. Les précaires ont davantage d’accidents du travail, de maladies professionnelles, et comptent parmi les 10 millions de pauvres.

La FSU, le 12 janvier 2013 précise : » La flexibilité et la souplesse réclamées par le MEDEF existent malheureusement déjà et sont largement mises en application, avec un résultat sur le taux de chômage que l’on connaît! Par exemple, en 2010, sur la base des données recueillies par l’ACOSS, sur 19 millions d’embauches, 12 millions ont été des recrutements en CDD de moins d’un mois, 4 millions des CDD de plus d’un mois et 3 millions en CDI. L’intérim est largement utilisé comme période d’essai, variable d’ajustement des effectifs et les ruptures conventionnelles ont explosé ».

2°) La « complémentaire santé pour tous » ? Le jackpot pour les assurances.

On entend beaucoup dire, en message rapide, qu’il y aurait une « couverture complémentaire sante », qu’elle couvrirait 4 millions de personnes qui n’en avaient pas, et que cela couterait 4 milliards.

La vérité, c’est qu’elle sera payé 50/50 par les salariés et les employeurs, que ça rapportera aux grandes compagnies d’assurances qui seront « mises en concurrence » d’ici 2016 avec les mutuelles et la sécurité sociale, car c’est l’employeur qui décidera où vont les fonds. En fait il s’agit de 4 milliards dans les poches d’AXA ou d’Allianz.

« L’argus de l’assurance » se réjouit, il y a de quoi. Lorsque le Medef lâche 2 milliards, vous pouvez être surs qu’il ne s’agit pas d’abonder la « Sécu » ni les Mutuelles mais bel et bien les assurances privées.
Cela a été de longue date la position – discutée, votée, confirmée mais pas souvent rendue publique – de la direction CFDT : « mettre en concurrence la Sécurité sociale ».

Sauf que cette concurrence comme toutes les autres sera définitivement faussée : après de longues discussions, il a été tranché que c’était le patron qui déciderait.

Article 1 de l’ ANI : « Dans le cadre de futurs accords de branche qui seront signés… les partenaires sociaux de la branche laisseront aux entreprises la liberté de retenir le ou les organismes assureurs de leur choix. »

Ensuite lisez bien il ne s’agit pas de « couverture santé » mais « d’une couverture de « frais de santé couvrant au minimum un panier de soins ».

C’est comme dans les contrats d’assurance il faut lire ce qui est écrit en petit caractère, le diable est dans les détails : « le panier de soins » est « défini » : « 100 % de la base de remboursement des consultations, actes techniques, et pharmacie en ville » (donc avec tous les tickets modérateurs et déremboursements existants !), le forfait hospitalier, 125 % de la base de remboursement des prothèses dentaires et un forfait optique de 100 euros par an.

Précis et pingre : exemple si une prothèse dentaire est remboursée à 10 % elle le sera de 12,5 %. Et 100 euros par an de lunettes c’est moins que bien des mutuelles aujourd’hui.

En moyenne, dans les « complémentaires santé » existantes les patrons paient 57 %.

Ce système est un mirifique cadeau pour Axa, Allianz et autres grandes compagnies. Elles vont se disposer de 2013 à 2016, avec le patronat, pour récolter cette manne ce que les Mutuelles ( et pourquoi pas la Sécu ?…) ne récolteront donc pas.

Est ce que la « portabilité » de cette couverture des frais de santé et prévoyance est facilitée pour les demandeurs d’emploi ? l’intention est affichée… mais rien n’est fait, elle reste à négocier ! La durée de maintien possible des garanties prévoyance et santé pour les salariés qui quittent l’entreprise et s’inscrivent à Pôle emploi est portée de 9… à 12 mois. Les partenaires sociaux affichent l’objectif de généraliser la mutualisation du financement de la portabilité, au niveau de la branche et des entreprises, et laissent à ces dernières un délai d’un an pour mettre en place un tel dispositif concernant la santé et une période de deux ans en matière de prévoyance.
Aucun, aucun effet pour inverser la courbe du chômage !
En alternative, avec des hausses de salaire augmentant du même coup les cotisations à la sécurité sociale, le remboursement des soins dentaires et de lunetterie pourraient être pris en charge et tous les forfaits qui éloignent des millions de français des soins, abrogés.

3°) Temps partiels et chômage partiel ?

Est-ce que travailler moins et gagner moins va être la « solution » au chômage de masse ?

Rien de fond ne semble changer dans l’ANI pour les temps partiels à part un plancher à 24 h : « Sauf cas particulier et avec un lissage sur l’année, un contrat à temps partiel devra prévoir une durée d’au moins 24 heures par semaine ». Donc les contrats à temps partiels restent lissés à l’année au bon gré de l’employeur s’il a arraché un accord avec des syndicats ! Et il y a d’abondantes dérogations prévues aux 24 h : les moins de 26 ans, les salariés des particuliers employeurs, ou « les salariés qui en feront la demande par écrit » (sic : ils peuvent être nombreux, si l’employeur leur demande a l’embauche) pourront travailler moins !

Les salariés déjà employés actuellement pourront demander un « complément d’heures choisies » s’ils souhaitent augmenter leur temps de travail hebdomadaire : mais le taux de ces heures « complémentaires » (qui était déjà majoré de 10 à 25 %) est limité à 8. Mais tout cela est renvoyé… à un « accord de branche étendu ».

Le « lissage sur l’année », cela signifie des périodes hautes et basses qui ne tiennent compte que de l’intérêt de l’entreprise pas du salarié. Des modulations qui vont se terminer en pratique sans délai de prévenance : de quoi gâcher la vie personnelle de la majorité des femmes qui sont concernées !

L’accord mêle de façon obscure des réaffirmations de ce qui existe dans le Code du travail et des « renégociations », du coup inquiétantes, de ces réaffirmations : pour les branches professionnelles dont au moins un tiers des salariés est occupé à temps partiel, l’ANI prévoit négociation :
- – sur le nombre et les périodes d’interruption dans la même journée (ce pluriel est très inquiétant car la loi Aubry 2 de 1999 L 3123-16 prévoyait une seule coupure au maximum de 2 heures dans une même journée.. sauf dérogations par accord collectif de branche etendu).
- – la répartition de la durée de travail dans la semaine (normalement c’était des horaires fixes, écrits dans le contrat sinon il était réputé à temps plein ! )
- – le délai de prévenance préalable à la modification des horaires (inquiétant aussi, car il est de 7 jours voire 3 jours, il est couramment violé au détriment de la vie des salariés)
- – la rémunération des heures complémentaires (10 % et à partir d’un seuil de 1/10e de la durée hebdomadaire ou mensuelle, 25 %)
- Les modalités d’accès à un temps plein (possibilité pour un employeur de proposer des emplois a plein temps… de nature différente – sic).
Tout cela est reporté à…. une autre négociation.

On ne voit rien qui change le sort de 3,7 millions de temps partiels subis, à 85 % des femmes et à 80 % des non qualifiés.
Aucun, aucun effet sur l’emploi et le chômage.

Par contre le chômage partiel est encouragé, simplifié, unifié « : travailler moins pour gagner moins » ! C’est l’antithèse des 35 h sans perte de salaire. C’est la réduction forcée du temps de travail avec baisse de salaire !

Nos libéraux dont la grande théorie est « pour sortir de la crise il faut travailler plus » et « C’est le travail qui crée le travail »… n’hésitent pas à pérenniser le système contraire :
- maintien d’un contingent annuel d’activité partielle par salarié à 1000 h.
- uniformisation des modalités de calcul des heures indemnisables par l’Unedic et l’Etat.
Aucun, aucun effet contre le chômage, évidemment, puisqu’il s’agit de l’aménager, même de le faciliter.

4°) L’ANI ouvre une brèche énorme, celle de la création d’un « CDI intermittent » dans TROIS secteurs !

La presse a annoncé que le Medef renonçait aux « contrats de projets ». Pas que la direction de la CFDT acceptait les « contrats intermittents ».

Pourtant le négociateur de la CFDT avait pourtant dit fermement « non » : « Nous sommes formellement opposés à la création de CDI de projet et de CDI intermittents. Nous savons bien que ces contrats deviendraient la norme, et signeraient donc une nouvelle précarisation des salariés. » Yannick Pierron (Nouvel Observateur, 9 janvier)

Il a cédé ! Yannick Pierron a mangé son chapeau. Or comme il le disait, c’est LA brèche gravissime dans le CDI (des CDD successifs… sans prime de précarité). Il a ouvert la brèche.

L’ANI prévoit : « Une expérimentation d’alternance entre périodes travaillées et chômées serait lancée dans trois secteurs pour les entreprises de mois de 50 salariés ». Dans le chocolat, la formation, les articles de sports.

Les salaires seront « lissés » tout au long de l’année. Magnifique économie pour le patronat de ces secteurs. Ca servira demain partout, hôtellerie, jouets, agro alimentaires, etc.…

Aucun effet sinon négatif sur l’emploi : des CDI permanents remplacés par des CDI intermittents !

5°) Un « droit de recharge » de l’assurance chômage « au fil de l’eau » ? Pour que ça ne coûte rien. Rien n’a été conclu.

Le troisième article des accords prévoyait la création de « droits rechargeables » : « un chômeur qui reprend un emploi conserve le reliquat de tout ou partie de ses droits aux allocations du régime d’assurance chômage, et peut les faire valoir en cas de retour au chômage ».

L’idée à la base est qu’actuellement une grande partie des privés d’emploi attendent d’épuiser leurs droits avant de retourner travailler. C’est un postulat idéologique selon lequel “le chômeur est chômeur parce qu’il le veut bien” constamment démenti par les faits.
En fait cette éventuelle mesure annoncée à tort par les médias sera inscrite… dans la future renégociation en 2013 de la convention Unedic.

Ce n’est pas cadeau : il faudra que cela ne coute rien : l’Unedic devra évaluer « les résultats de ce déploiement au fil de l’eau et ex post » est-il écrit dans l’article 3 de l’ANI. Qui comprend cela ?
Ce barbarisme renvoie à n’en pas douter au suivi mensuel (« au fil de l’eau ») du Taux de Sorties vers l’Emploi Durable (TSED) des allocataires. Le 21 décembre, l’Unedic a obtenu de Pôle Emploi un suivi mensuel du TSED pour les seuls allocataires du Régime d’Assurance Chômage. Il lui sera ainsi possible de vérifier – au fil de l’eau – si les droits rechargeables ont un impact sur la propension des allocataires du RAC à prendre un nouveau contrat court (4 mois ou plus) alors que leurs droits antérieurs ne sont pas épuisés.

6°) Un « compte personnel de formation » prévu tout au long de la vie ?

De grandes annonces dans les médias qui veulent bien se laisser abuser : genre « il y aurait un compte de formation « universel », « individuel » et « intégralement transférable » c’est-à-dire qu’il ne disparaît pas lorsque le salarié quitte une entreprise ».

La vérité, à lire « dans les petites lignes » c’est que ce compte, utilisable aussi par des salariés ou chômeurs, serait transférable, et alimenté… à raison de 20 heures par an dans la limite de 120 heures pour les salariés à temps plein. Rien de neuf, rien : le « DIF » (droit individuel à formation) qui existait déjà (20 h par an cumulable sur 6 ans) est inclus dans ce « nouveau » compte personnel de formation ! Ils se moquent du monde !
Minute d’étonnement : la seule « nouveauté » serait une « mobilité volontaire sécurisée » : sic. On entend cela dans la bouche de journalistes, voire de ministre sans que personne ne regarde de quoi il s’agit.
De quoi s’agit-il ? C’est inouï, en effet ! Dans les entreprises de plus de 300 personnes, les salariés ayant plus de 2 ans d’ancienneté pourront aller « découvrir un emploi dans une autre entreprise » (sic) tout en ayant l’assurance ( !) de pouvoir retrouver leur emploi… après.
On vous le dit tout de suite : il vous faudra un « avenant au contrat de travail » avec votre employeur ! Ce sera une « suspension » (ANI article 7) de votre contrat de travail à vos risques et périls ! Vous imaginez faire cela … que ce soit accepté… et que vous serez bien accueilli au retour ? (sauf à ramener des secrets de fabrication malgré les règles de concurrence ! ) L’ANI prévoit que si vous voulez anticiper, votre retour, il faudra un « accord commun » des deux parties ! Si vous revenez vous avez droit à « un emploi similaire » (sic). Si vous choisissez de rester dans l’autre entreprise… ça équivaut à une démission (perte de droits complets) de la première !
C’est presque ridicule. Infinitésimal.
Aucun, aucun effet sur la courbe du chômage.

7°) On entend claironner qu’il y aurait présence de représentants de salariés dans les « organes de gouvernance de tête » ou conseils d’administration ou de « surveillance » ?

Immense avancée ?

Un salarié ou deux salariés (quand le nombre d’administrateurs est supérieur à 12) obtiendraient une voix délibérative dans les organes de décision des grands groupes (5.000 salariés en France ou 10.000 dans le monde). Ayant le même statut que les autres administrateurs, leur fonction serait incompatible avec celle de membre du CE, du CHSCT, de DP ou de DS.

Mais dans 200 entreprises seulement ! Faites confiance aux administrateurs patronaux pour « bien » préparer les réunions où il y aura représentant des salariés. S’il apparaît nécessaire de préciser dans l’ANI que le dialogue doit être « constructif et se tenir dans un climat de confiance » c’est qu’il y a problème. Lequel est aussitôt pointé du doigt puisque ce seront les employeurs qui imposeront aux élus du personnel ce qui sera soumis à confidentialité et pour quelle durée !

En échange, « l’ensemble des informations données de façon récurrente, aux IRP sous forme de rapports ou autres » (article 12 -1) est « remplacé » d’ici un an par « une base de données unique mise à jour régulièrement » (sic). Ce nouveau « truc » à facettes multiples va introduire en pratique plus de confusion que d’informations.

L’ ANI insiste : « Les demandes d’information ou d’éclaircissement ne doivent en aucun cas conduire à empêcher la bonne marche de l’entreprise » (sic). Cela va être un recul d’une telle ampleur de l’information des IRP (institutions représentatives du personnel) que l’ANI juge bon de préciser que cela se fera « sans remettre en cause les attributions des représentants du personnel ». Ils savent tellement que ca va aller mal dans les PME/TPE qu’ils prévoient un « truc tordu » : « des adaptations aux entreprises de moins de 300 salariés dans les 12 mois suivants sa mise en œuvre dans les entreprises de 300 salariés et plus » (sic).

Beaucoup de bruit pour peu d’effet. En pratique le démantèlement des procédures actuelles d’information / consultation des IRP « remplacé » par une usine à gaz unique mais à facette multiple va être l’occasion pour les employeurs

Rien, rien à voir avec l’inversion de la courbe du chômage avant fin 2013 !

8°) Accords dits de « maintien de l’emploi » ou de « compétitivité »

Il s’agit officiellement de « donner aux entreprises les moyens de s’adapter aux problèmes conjoncturels et de préserver l’emploi ». (Titre II de l’ANI)

Il s’agit surtout de donner aux employeurs dont l’entreprise est en difficulté les moyens d’exiger des sacrifices de la part des salariés pour la redresser : « chômage partiel » et « nouvel équilibre pour une durée limité dans le temps – 2 ans maximum ! – dans l’arbitrage global temps de travail, salaire, emploi au bénéfice de l’emploi » (article 18 de l’ANI).

Il sera possible de faire varier les horaires et de baisser les salaires : c’est une généralisation d’accords qui avaient été signé et rendus célèbres à l’époque dans des entreprises comme Bosch, et Continental, ce qui ne les avait pas empêché de fermer après avoir essoré leurs salariés !

Une façon de faire plier l’échine aux salariés en prévoyant que lorsque l’entreprise est mise en difficulté, ils sont contraints de s’incliner : l’ANI précise bien, « l’accord s’impose au contrat de travail ». Pas de contestation, pas de recours : en cas de refus du salarié, la rupture de son contrat « s’analyse en un licenciement économique dont la cause réelle et sérieuse est attestée par l’accord précité ». Viré automatiquement, impossible d’aller au tribunal !

S’ils sont nombreux à refuser, pas de « plan social » : « l’entreprise est exonérée de l’ensemble des obligations légales et conventionnelles qui auraient résulté d’un licenciement pour motif économique » !.

C’est finalement l’application du projet de loi annoncé par Sarkozy le 31 janvier et publié au J0 sous le nom de loi Warsmann art 40 le 22 mars 2012 : cf. Article 40 de la loi Warsmann : « Modulation du nombre d’heures travaillées sur courte période sans requalification du contrat de travail : la mise en place d’une répartition des horaires sur une période supérieure à la semaine et au plus égale à l’année prévue par un accord collectif ne constitue pas une modification du contrat de travail »

Mais en pire : c’est 2 ans ! Et les salaires aussi peuvent baisser !

C’était déjà possible de signer des accords dérogatoires au Code ou à la convention collective par la loi Fillon du 4 mai 2004. Ca inversait la hiérarchie des sources de droit. Mais le salarié pouvait refuser et il gardait ses droits de recours en cas de licenciement. C’est donc pire que la loi Fillon du 4 mai 2004 : ce dernier n’avait pas osé à l’époque imposer la loi à un salarié qui refusait individuellement la baisse de son salaire. Celui ci restait dans ses droits ! Là, ce n’est plus le cas, il sera licencié avec une « cause réelle et sérieuse » présumée, le contenu de l’accord.

(Cela pourrait être anticonstitutionnel parce que cela prive le juge d’apprécier lui même la cause réelle et sérieuse)

Sur ce point là c’est un recul historique d’une ampleur encore inappréciable ! car ça bouleverse un point fondamental du rapport entre la loi, la convention et le contrat de travail !

Quel effet sur l’emploi ? là, il peut y en avoir : différer dépôts de bilan et liquidation en faisant payer les difficultés aux salariés. Le chantage à l’emploi est légalisé et le contrat de travail collectif et individuel peut être attaqué dans ses éléments substantiels.

9°) Mobilité interne : une entreprise qui supprime des postes mais « reclasse » les salariés en signant un accord majoritaire » sera dispensée de « plan social ».

Là, on entre dans un autre univers. Ca franchit des années lumière de remise en cause du droit du travail.

Car il s’agit de « mise en oeuvre de mesures collectives d’organisation … se traduisant pas des changements de postes ou de lieux de travail au sein de la même entreprise » ! (ANI art. 15). Cela peut donc affecter des services entiers d’une entreprise sans plan social.
Il est précisé qu’en cas de refus d’un poste, le salarié pourra être licencié « pour motif personnel » pas pour « motif économique » !

Les entreprises auront ainsi la possibilité de restructurer sans plan social en imposant aux salariés la « mobilité ».

Les limites « à la mobilité géographique » ne sont pas définies. Elles sont reportées à une autre négociation ! D’une société d’un groupe à l’autre ? « Au delà de la zone géographique de son emploi » ? On ne mesure pas encore l’ampleur de cet autre énorme recul.

Mais une quantité exceptionnelle de situations de menace de « mobilité » forcée, de changement de contrat de travail, vont s’engouffrer là dedans.

Sauver de l’emploi de cette manière ? A quel prix ?

10°) Faciliter les plans sociaux : ils pourront donc faire l’objet de procédures dérogatoires s’il y a accord majoritaire… avec les syndicats de l’entreprise.

Vous lisez bien : le droit du licenciement collectif recule.

Il sera possible de déroger soit par accord avec des syndicats… bienveillants : (énumération article 20 -1 de l’ ANI)
- sur le nombre et le calendrier des réunions avec les IRP
- la liste des documents à produire
- les conditions et les délais de recours à l’expert
- l’ordre des licenciements,
- le contenu du plan de sauvegarde
C’est à dire quasiment sur tout.

On ne contrôle pas les licenciements boursiers, on les permet.. s’il y a accord… syndical !
Ca fait logiquement suite aux « accords de compétitivité » précédents.

La loi prévoyait que, dans l’ordre des critères de licenciement, l’ancienneté et la situation sociale arrivaient, de façon protectrice, en premier. Dorénavant selon l’ANI « la compétence professionnelle » sera privilégiée.

Vous lisez bien : le critère social est relégué.

Une fois que l’employeur vous aura essoré par « accord » pendant deux ans, sur la durée du travail, sur le salaire sans que vous puissiez dire « non », il pourra mettre la clef sous la porte après « un délai égal à la durée de l’accord qui aura été conclu ». Sans trop de risques administratifs (homologation cf. ci dessous) ou judicaires ((lequel n’aura plus le droit – cf. ci dessous – de juger la procédure), sans avoir de comptes à rendre, il lui suffira de dire au juge qu’il a eu la signature de syndicats de son entreprise pour baisser les droits, mais qu’il n’a pas pu réussir, malgré ça à maintenir des profits suffisants. Avec ça, les employeurs et actionnaires ne seront plus « risquophiles » mais « risquophobes » !

Quel effet emploi en 2013 ?

Peut être cela peut avoir un effet sur l’emploi en baissant la qualité de ceux ci et en les différant. Peut-être.

11°) Invention de nouveaux plans sociaux « produits par l’employeur » : ils pourront être sécurisés par une « homologation administrative »

Si vous avez du mal à comprendre : en résumé, il ne s’agira pas d’un contrôle administratif des licenciements mais.. d’un contrôle des dérogations aux licenciements. La « garantie de l’état » serait apportée aux employeurs qui « produisent » eux-mêmes un plan social accéléré, raccourci, par dessus leurs IRP et leurs syndicats.

C’est une nouvelle formule de licenciement selon un plan « produit par l’employeur » qui, pareillement fixe les calendriers, modalités dérogatoires, du PSE… Celui-ci le soumet « pour avis » au CE, en une seule fois puis il demande qu’il soit « homologué par le Dirrecte ». (Notez bien qu’il s’agit du directeur pas de l’inspection du travail).
Le Dirrecte aura 21 jours pour trancher : à défaut l’homologation sera réputée acquise. Et la mise en œuvre du PSE peut commencer dés l’obtention de l’homologation !

C’est de la dynamite : il s’agit de court-circuiter toutes les procédures et « dé judiciariser » les plans sociaux. Il est bien précisé que les délais « sont des délais préfixes, non susceptibles de suspension ou de dépassement ».

Le Medef avait peur des syndicats. Il avait peur des contrôles des IRP lors des plans sociaux. Il avait peur de l’inspection du travail. Il avait peur des juges. En fait il a peur de tout contrôle social.
C’est bien Laurence Parisot qui affirme que « la liberté de penser commence là où commence le code du travail ».
L’ANI réduit le rôle des syndicats. L’ANI réduit le rôle des IRP. L’ANI écarte l’inspection du travail. L’ANI raccourcit les délais, procédures et recours. L’ANI réduit le contrôle des juges.

Il avait été réclamé un contrôle des plans sociaux boursiers, ou abusifs. C’est le contraire, dans cet accord, ils sont facilités simplifiés pour les employeurs. Mittal ou Pétroplus, Sanofi auraient pu aller plus vite avec ça.

Une fois les délais raccourcis, les PSE facilités, les employeurs vont se ruer dessus. Pourvu que pareil « accord » ne s’applique pas, et pas trop tôt (fin 2013 ?). Le Medef a obtenu, là, le plus sur moyen de couler la gauche et de faire le maximum de chantage à l’emploi contre les salariés et leurs syndicats.

Chaque fois que les licenciements ont été facilités (1986, avec la « suppression du contrôle administratif de l’inspection du travail », 2008 avec la « rupture conventionnelle ») il y a eu des « pics » de licenciements. Par exemple les « ruptures conventionnelles » qui permettent des ruptures de contrats sans motif, il y en a eu 1 million, 250 000 par an depuis 2008, un raz de marée !

Cet accord, si, par malheur, il lui est donné une suite parlementaire, va nuire à l’objectif d’inverser la courbe du chômage avant fin 2013 !

12°) Remise en cause de la place des procédures en droit du travail : vers la suppression des motifs pour les licenciements

L’ANI prévoit la réduction des délais d’un plan social. Pas seulement des délais de réalisation mais aussi des délais de contestation ! Ca s’appelle « rationaliser les procédures de contentieux judiciaire » . En fait il ouvre la voie à un bouleversement de la place de la procédure en droit du travail.

Il s’agit encore de diminuer le temps et le coût des licenciements ! Mais aussi la formulation des motifs bases des recours.

Pour ceux qui croyaient que « la procédure est sœur jumelle de la liberté », c’est fini… L’ANI demande à ce que la « sécurité juridique des relations de travail ne soit pas compromise si des irrégularités de forme sont assimilées à des irrégularités de fond ». (art. 24)

Il s’agit de contrecarrer les décisions des juges de recours des chambres sociales. Après le fond, dérogatoire, rendus possible, ils seront muselés en droit formel du licenciement. C’est une offensive idéologique de fond qui s’engouffre derrière cela : si le « contrat de travail » relève d’un accord entre deux parties, la rupture de ce contrat relève d’un acte unilatéral et dans ce dernier cas, la procédure est indissociable du fond.

Le Medef progresse de façon acharnée vers le but qui est le sien : le licenciement sans motif. Le « motif », ce serait la forme, l’économie, c’est le fond. Il faut pouvoir licencier sans se faire embarrasser de motifs… humains !

Alors évidemment l’ANI prend des précautions : il invoque le respect des principes généraux du droit et de la Constitution. Mais il y a aussi l’OIT qui interdit de licencier sans motif !

13°) L’ANI ou « accord de Wagram » termine sur des vraies mesquineries contre les salariés :

La justice est l’ennemi du Medef ! Selon Laurence Parisot « Les prud’hommes, ça insécurise les employeurs ». Jusqu’à présent ils ont réussi à bloquer les conciliations, à renvoyer aux juges départiteurs, à diminuer la formation, les crédits d’heures attribués aux conseillers prud’hommes, à différer les futures élections prud’hommes…

Un salarié disposait de 5 ans pour se porter aux prud’hommes, le délai est réduit à 24 mois.

Jusque là il était possible à un salarié de réclamer ses heures supplémentaires 5 ans en arrière, que le contrat soit en cours ou qu’il soit rompu. Désormais ce ne sera plus que 36 mois. C’était une vieille revendication du Medef !

Il y aura un plafonnement des dommages et intérêts que pourront obtenir des prud’hommes les salariés en réparation des préjudices qu’ils auront subis. Etrangement cela n’est évoqué que devant le « bureau de conciliation » : parce que sinon, cela aurait pu être anticonstitutionnel de fixer pareil plafond aux juges.

Alors l’ANI répète qu’il doit y avoir « conciliation » dans les deux mois. C’était déjà le cas. La conciliation est systématique et a valeur de la chose jugée. Sauf que dans 80 % des cas, les employeurs refusent. Donc l’affaire prospère en audience : à quoi sert alors de mettre un plafond de dommages et intérêts ? Sinon pour PLAFONNER la demande des salariés elle même afin d’obtenir justice dés la conciliation plutôt que d’attendre longuement l’audience ? Et si la demande est plafonnée en conciliation il sera difficile de demander davantage en audience. Bien vu hein ?

Pour ceux qui ne savent pas, c’est la deuxième mort de la célèbre lingère de Chamonix : de mémoire, cette femme avait travaillé de l’âge de 16 ans à l’âge de 65 ans comme lingère dans le plus grand hôtel de Chamonix. Seule et simple, elle avait travaillé 7 jours sur 7, et 12 h par jour sans savoir qu’elle pouvait se plaindre. Elle a travaillé pour le patron grand père, puis pour le fils, puis pour le petit fils. Elle logeait même dans une chambre de bonne sous les combles de l’hôtel. Lorsqu’elle a eu 65 ans, le petit fils l’a viré ! De sa chambre de bonne aussi ! Un syndicaliste l’a pris en pitié : il a conduit le procès aux prud’hommes. En s’appuyant sur de nombreux témoignages, il a pu invoquer une « prescription trentenaire » pour le « dol » exceptionnel que cette femme avait subi ! Elle aurait reçu 360 000 euros d’indemnités.

On peut croire au contraire que l’employeur de Chamonix aurait du payer dix fois plus. Comme inspecteur du travail, il m’est arrivé d’être obligé de donner l’autorisation à un délégué CGC d’une banque parisienne pour une « rupture conventionnelle », lequel avait négocié son départ pour la même somme à 360 000 euros, mais pour…2 ans et demi d’ancienneté.

Impossible de dire que cet accord est le plus important depuis trente ans. Les accords de 1995 (sur la réduction du temps de travail, nombre d’heures supplémentaires limitées à 91 h par an, définies comme « exceptionnelles et imprévisibles ») ) ou de 2008 (sur la représentativité syndicale) étaient plus importants, mais surtout plus progressistes.

Par contre cet accord est minoritaire, il peut, il doit être remis en cause par le Parlement de gauche.

Gérard Filoche, membre du BN du Parti socialiste, du samedi 12 janvier au lundi 14 janvier 2013

Source : Blog de Gérard Filoche

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 09:48

 

Bravo ! Mais est-ce que cela va aider véritablement l'ensemble des travailleurs de se congratuler dans des élections professionnelles qui ressemblent plus à une course à l'échalotes pour éparpiller les luttes syndicales....On remarqueras la triste et habituelle verve réformiste de la CGT confédérale qui dans son communiqué évoque les "négociations collectives" puis se targue de "nouvelles conquêtes sociales". Ce serait à pleurer de rire si cela ne constituait pas un langage syndical institutionnel et assumé et qui est aujourd'hui adopté par l'ensemble des organisations syndicales représentatives comme la CGT.

Alors, à défaut de merles, mangeons des grives...Parce qu'il serait évidemment malvenue de faire la critique d'une si belle victoire...

 

-UPAC-

 

 

Communiqué de la Cgt

 

 

Les salariés des TPE placent la Cgt très largement en tête

 

Avec un résultat de 29,54%, la Cgt arrive très largement en tête du premier scrutin de représentativité dans les très petites entreprises. Scrutin où 465 756 électeurs et électrices se sont exprimé-e-s malgré les innombrables obstacles.

 

La Cgt remercie les salarié-e-s qui ont porté leur choix sur la Cgt. Ce résultat vient après d’autres signes forts quant à la place majeure occupée par la Cgt dans le paysage social. La deuxième organisation syndicale recueille quant à elle 19,26% et la troisième organisation recueille 15,25%.

 

Le résultat obtenu donne encore plus de poids à ceux qui n’acceptent pas une régression sociale majeure dans la négociation sur l’emploi en cours.

 

Dans les conventions collectives et au niveau national interprofessionnelle, ce résultat renforce la place de la Cgt. Il donne du poids aux exigences portées par les salarié-e-s des TPE et renforce leur volonté d’obtenir à l’avenir de véritables lieux de négociations avec des élu-e-s pour les représenter.

 

Au cours de plusieurs mois de campagne, la Cgt dans les territoires et avec ses organisations professionnelles a tissé de nombreux liens avec des milliers de salarié-e-s des TPE qui lui ont réservé un accueil très favorable.

 

La Cgt entend poursuivre cet effort au-delà de l’élection et créer les conditions pour que le syndicalisme et la négociation collective prennent toute leur place auprès de ces salarié-e-s.

 

Forts de ce résultat, les salarié-e-s peuvent compter sur la présence de la Cgt pour agir avec eux en faveur de nouvelles conquêtes sociales. Elle les appelle aussi à prendre toute leur place dans cette mobilisation en rejoignant massivement la Cgt.

 

Montreuil, le 21 décembre 2012  

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 12:33

Le président de la République a appelé de ses vœux la conclusion d’un « compromis historique » à l’issue de la négociation interprofessionnelle sur la « sécurisation de l’emploi » ouverte à l’initiative du gouvernement. Disons-le clairement : cette façon de présenter les choses masque l’enjeu réel.

Depuis trente ans les droits des salariés n’ont cessé de reculer, la flexibilité n’a cessé de se développer, la précarité a explosé. Loin d’enrayer le chômage, les différents dispositifs de déréglementation du travail ont accompagné sa montée. On a aujourd’hui à la fois plus de chômeurs, plus d’intérimaires, et plus de CDD. Mais aussi plus de salarié-e-s travaillant la nuit et le week-end ou dont le temps de travail a été annualisé. On attend donc à tout le moins d’un gouvernement de gauche qu’il œuvre à la correction de cette situation. En appeler au compromis historique, sans montrer sa claire volonté de remettre en cause ces reculs, c’est en réalité ouvrir la voie à de nouvelles régressions.

Au lieu de cela, on sous-entend, quand on ne le dit pas ouvertement, qu’il faudrait encore plus de flexibilité (à disposition des employeurs), en échange de plus de sécurité (pour les salariés). La feuille de route gouvernementale promeut « une approche globale gagnant-gagnant » : « renforcer la sécurité de l’emploi (…) c’est nécessairement concilier la protection et l’accompagnement des salariés » et « les marges d’adaptation des entreprises pour développer ou préserver l’activité ou l’emploi, face aux mutations qui s’accélèrent dans un contexte de concurrence internationale renforcée ». Le moins que l’on puisse dire est que ce cadrage de la négociation laisse la porte largement ouverte aux prétentions patronales. Après son élection, Nicolas Sarkozy avait mis les syndicats sous pression en indiquant clairement qu’il imposerait, en cas d’échec, le contrat unique de travail. Aujourd’hui, on ménage le patronat.

Celui-ci, d’ailleurs, ne s’y trompe pas. Dans un contexte où le gouvernement enchaîne reculade sur reniement, le patronat affiche haut et fort ses objectifs : « Nous demandons une souplesse, une simplification des procédures du droit du travail pour ajuster l’organisation de l’entreprise, éventuellement les effectifs, en fonction de la situation de l’entreprise, de la conjoncture de manière générale », déclare la patronne du MEDEF, en ajoutant qu’elle est prête à des avancées concernant la sécurisation des parcours professionnels des salariés. La proposition d’accord patronale a montré les limites de ce discours : les concessions sont soit vagues, soit renvoyées à un accord de branche, soit financées en partie par d’autres que les entreprises, soit compensées par des reculs.

Par contre, le cœur du projet impliquerait une remise en cause de grande ampleur du droit du travail : accords compétitivité-emploi permettant de négocier des baisses de salaire et de faciliter le licenciement des salariés récalcitrants, droit pour l’employeur d’imposer un changement de poste dans un périmètre de 50 kilomètres ou d’une heure trente de temps de trajet, demande d’une homologation des plans de licenciements par l’administration, ce qui limiterait les possibilités de les contester en justice, création d’un CDI de projet, soit un « CDI à durée déterminée », etc.

Les dispositifs de sécurisation évoqués visent au mieux à améliorer de manière minimale la situation d’une partie des salariés entre deux emplois. En échange, le patronat entend pouvoir licencier comme bon lui semble, négocier les salaires à la baisse et imposer la mobilité aux salariés, en toute « sécurité juridique ». Le gagnant-perdant est assuré.

Face à cette offensive dérégulatrice, une autre perspective doit être opposée. Il faut renverser la vapeur et revenir sur les reculs multiples de ces dernières décennies. En matière de licenciement, les premières mesures à prendre pour protéger les salariés sont connues : modification de la définition du licenciement économique dans un sens restrictif (interdisant notamment les licenciements dans les entreprises en bonne situation financière ou distribuant des dividendes aux actionnaires), création d’un droit à la continuité du salaire et des droits sociaux, d’un droit à la reprise d’activité par les salariés, limitation drastique des contrats précaires, renforcement des droits du salarié en cas de procédure de licenciement pour motif disciplinaire, suppression de la rupture conventionnelle du contrat de travail. Tel devrait être le contenu minimal d’un accord ou d’une loi.

Mais cela ne suffirait pas : l’indispensable transition écologique à opérer va nécessiter dans les années qui viennent de créer, transformer ou supprimer certaines activités. Les salariés ne doivent pas en faire les frais, mais en être au contraire les acteurs. Cela impose de prendre des mesures garantissant la reconversion des salariés, à qualification au moins égale, et des collectifs de travail, sans perte de salaire, ni licenciement. Pour cela, il faut changer de feuille de route.

 

Denis Auribault, inspecteur du travail, Guillaume Etiévant, expert auprès des comités d’entreprise et Laurent Garrouste, juriste du travail, sont membres de la Fondation Copernic.

Cette tribune a initialement été publiée le 18 décembre 2012 dans Libération sous le titre « Il faut sécuriser l'emploi ».

 

source: Fondation Copernic

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 15:28

 

               En septembre 1920, le congrès d’Orléans de la CGT est marqué par la création des Comités Syndicalistes

Révolutionnaires. Une tendance est officiellement créée dans la CGT afin d’impulser le débat interne et de redonner à 

la CGT son orientation révolutionnaire et son fonctionnement fédéraliste. Un Comité Central des CSR a été élu, il 

comprend des militants très influents Monatte, Semard, Berrar, Racamond, Bouet,…Plusieurs dizaines de milliers de 

militants syndicaux rejoignent les CSR en quelques mois. Des militants, par la suite très connus, vont faire leurs 

premiers pas au sein des CSR : Monmousseau, Frachon, Thorez, Duclos, Tillon, Marrane, Gosnat…

La tendance impulse les grèves de 1920-1921, organise la lutte anti-militariste, la campagne pour la libération de 

Sacco et Vanzetti, les grèves de solidarité avec la Révolution russe… Les CSR donnent leur adhésion à 

l’Internationale Communiste dès septembre 1920, amenant avec eux plus de mille syndicats CGT acquis à la stratégie révolutionnaire. En décembre 1921, les syndicalistes révolutionnaires sont redevenus majoritaires dans la CGT. 

Il faut attendre décembre 1920 pour que le très réformiste PS-SFIO décide, au congrès de Tours, son adhésion à 

l’Internationale Communiste. Mais, pendant plusieurs années, c’est l’organisation syndicale qui demeure le fer de 

lance du mouvement révolutionnaire français, profondément ancrée dans le prolétariat. Comme le montre la lecture de 

L’Humanité de l’époque, le parti est condamné à commenter le combat anti-capitaliste, comme observateur. 

Les dirigeants de l’Internationale Communiste ne sont pas dupes et c’est Lénine lui même qui demande en 1923 à 

Monmousseau, Monatte et Semard de prendre le contrôle du PC français. En deux ans, le PC va être totalement 

renouvelé en ce qui concerne sa composition interne. La sensibilité sociale-démocrate quitte le parti et Semard devient secrétaire général du Parti. 

Les syndicalistes révolutionnaires viennent donc de créer un parti de type nouveau, un parti composé et dirigé par des 

syndicalistes. Il le restera pendant des décennies, ce qui remet en cause la théorie de la soit disant « courroie de 

transmission » entre le parti et le syndicat. Car si il y a eu une domination de l’un sur l’autre, c’est bel et bien la 

tendance syndicale de la CGT qui oriente désormais le parti. Le PC est animé, à tous les niveaux, par les anciens 

militants des CSR et ce jusqu’aux années 1970. 

Ce schéma parti-syndicat est entré en crise avec l’effondrement de l’URSS. Mais la CGT est loin d’avoir pour autant 

régler sa crise politique. Pendant des décennies, elle a sous-traité les « débouchés politiques »  à un parti, croyant 

ainsi pouvoir utiliser les institutions (députés, sénateurs, maires,... et Etat capitaliste) comme outils de 

transformation sociale. Mais au final, c’est bel et bien la CGT qui a impulsé les mobilisations politiques qui ont 

fondamentalement changé la situation sociale des travailleurs. En sous traitant le combat anti-capitaliste, elle s’est 

toutefois empêchée d’impulser le renversement de l’Etat capitaliste qui était pourtant l’objectif premier de 

l’Internationale Communiste. La construction du Socialisme, c’est à dire la gestion des outils de production (usines et 

services) par les travailleurs, a systématiquement été reporté à plus tard. 

Malgré tous les beaux discours sur les  « débouchés politiques », le mouvement syndical a mené le combat anticapitaliste en 1936, en 1940-44, en 1968 mais aussi en 2010. Et il continuera de le faire. 

Nous affirmons qu’il devra désormais le faire en se dotant d’une stratégie cohérente, élaborée dans ses propres rangs. 

L’application de la Charte d’Amiens est une condition indispensable à ce réveil politique. Car affirmer que 

« l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux mêmes » n’est pas une déclaration de guerre aux 

partis politiques et aux groupes philosophiques. Mais c’est prendre conscience du fait que la révolution socialiste ne 

pourra aboutir que si elle est l’œuvre de la classe, c’est à dire de son organisation de masse, la Confédération. La 

révolution ne peut être dirigée par un parti d’avant garde, c’est désormais une évidence. 

C’est donc au cœur même du mouvement syndical que les débats stratégiques doivent être menés, dans le respect des sensibilités et des tendances (autonomes des partis). Après 90 années de luttes et de réflexion , le mouvement 

communiste, actif dans l’action concrète de la classe, doit mener un bilan sur les outils dont il s’est doté à différentes 

périodes. Sinon nous ne sortirons jamais de la crise stratégique qui a empêché notre victoire en octobre 2010. 

Les CSR, désormais réorganisés, se proposent d’offrir une analyse de cette longue expérience. Ils viennent d’éditer 

une brochure de référence qui s’appuie sur l’étude  de centaines de militants. Nous vous proposons de la diffuser 

comme support de formation, de réflexion et de débat.  

 

« Le Communisme français. Des CSR au PCF » 

2 euros l’exemplaire à commander à : CSR, BP3, 31240 Saint Jean  ou syndicalistes@gmail.com

 

Source : CSR

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 17:49
Introduction
 


Il y a environ dix ans, nous avons publié notre « Manifeste pour un Syndicalisme de Classe ». La grève de décembre 95 venait de se terminer. La crise de la CFDT entrait dans une phase aiguë, suite à son attitude hostile à la grève et favorable au plan Juppé. Elle se manifestait par la structuration d’une opposition, puis par des départs : en particulier ceux des cheminots CFDT de Paris-Gare-de-Lyon qui vont créer SUD-Raïl. Cette création d’un nouveau SUD, sur le modèle de SUD PTT, allait amorcer la constitution de nombreux syndicats SUD et l’essor du regroupement connu aujourd’hui sous le nom de G10 Solidaire.

 
A l’époque les questions fusaient dans le milieu des syndicalistes opposés aux directions confédérales. Fallait-il favoriser la constitution des SUD ? Aider à structurer l’opposition CFDT ? Aller à la CGT ? C’est à ces questions bien concrètes qu’étaient alors confrontés nos militants dans les syndicats.
   

Nous avons abordé à plusieurs reprises dans Partisan la situation du syndicalisme SUD aussi bien que CGT. Dans la période de confusion que nous vivons, nous n’en sommes pas à établir des plates-formes de lutte ou à batailler sur la structuration des SUD ou de la CGT (bien que ces questions aient des enjeux). Par contre, nous pensons qu’il reste fondamental de se positionner en termes généraux dans le débat en cours sur la recomposition et de créer des espaces de débat, de rencontres, de regroupements.

 

C’est pour cela que nous republions cette brochure qui vise à déterminer une orientation syndicale pour les révolutionnaires et tous ceux qui ont le souci de développer un syndicalisme de classe. Notre objectif est de constituer l’outil par lesquels une masse de travailleurs de plus en plus grande puisse faire l’apprentissage de la lutte contre le capitalisme. Un syndicalisme révolutionnaire qui serve aussi de formation politique de premier niveau dans la lutte contre la bourgeoisie et pour son renversement.

 

Quels sont donc les critères pour aujourd’hui d’un syndicalisme de classe, ceux qui permettent de voir avec qui nous pouvons ou ne pouvons pas travailler, et sur quelles bases doit se faire cette recomposition ? C’est le but du texte ci-dessous de définir cette orientation générale sur le syndicalisme que nous voulons. Une telle démarche nous semble préalable à la constitution de regroupements autour de plates-formes.

 
Le 8 février 2006
 

 

 

Manifeste pour un syndicalisme de classe


Nous sommes des militants révolutionnaires menant une activité syndicale, délégués ou non, dans les entreprises du privé ou du public. Parfois, l’état consternant des sections syndicales de nos entreprises nous empêche même de nous syndiquer !

Nous sommes éparpillés dans des confédérations dont nous n’approuvons pas l’orientation, à la CGT, dans des syndicats à l’évolution incertaine (SUD) voire même dans des sections locales CFDT repliées sur elles-mêmes.

Pourtant, nous sentons que les temps changent, que l’heure des reclassements et des recompositions est ouverte. Mais quelle perspective syndicale défendre : renforcer telle confédération (la CGT en l’occurrence) ? Pousser à la création de nouveaux syndicats radicaux (SUD par exemple) ? Structurer des oppositions syndicales un peu partout ? Participer à des regroupements, et lesquels ? Organiser le travail intersyndical ? Prendre des responsabilités au sein des appareils syndicaux ?

Il est bien difficile d’y voir clair.

Par contre, il n’est pas trop tôt pour débattre, proposer et lutter dans ce sens. Au contraire même, il ne faut pas laisser la confusion s’installer et profiter aux dirigeants syndicaux, de toutes tendances, qui ont entraîné le mouvement ouvrier dans l’état dans lequel on le trouve aujourd’hui.

A l’heure où de nouveaux syndicats SUD se constituent régulièrement sans vraiment d’orientation ; à l’heure où le recentrage de la CGT se précise, le moment est venu de confronter nos points de vue et nos perspectives, de tracer les grandes lignes d’un syndicalisme de classe, à défaut de pouvoir encore le structurer. Nous avons tous une riche expérience, en positif comme en négatif, de notre activité de ces dernières années. Il est temps d’en faire la synthèse, de savoir ce que nous voulons et ce que nous rejetons.

Nous voulons un syndicalisme de classe


L’exploitation, le capitalisme sont au cœur de la société actuelle. Lutter pour leur abolition doit être le fil directeur de l’action syndicale. Il ne s’agit pas pour nous de combattre seulement tel ou tel excès particulièrement odieux, mais de remettre en cause l’exploitation de l’homme par l’homme. En ce sens, le syndicalisme de classe est celui porté par la classe ouvrière, les exploités du privé comme du public, producteurs de toutes les richesses et dépossédés de tout pouvoir sur leur vie.

Peut-être aujourd’hui la classe ouvrière est-elle en retrait des combats partiels, affaiblie et désorganisée par des années de restructurations et de combats perdus contre les licenciements et le chômage. Il n’empêche. En Belgique ou en Argentine comme en Corée du Sud ou en Turquie, le combat de la classe ouvrière mondiale est toujours vivant. Son développement numérique en Chine et en Asie du Sud-Est est riche de possibilités à venir. C’est elle qui est au cœur de la société et des transformations futures, et tout projet syndical qui ne s’organise pas autour d’elle ne peut déboucher que sur la conciliation avec les intérêts de la bourgeoisie.

Aussi, il ne s’agit pas d’une déclaration de principes, mais d’un critère essentiel pour s’orienter dans toutes les luttes et débats en cours autour de la recomposition :

Nous affirmons que la société n’est pas divisée entre d’un coté des « exclus » et de l’autre des « privilégiés » qui comprendraient l’ensemble des salariés bénéficiant d’un emploi plus ou moins stable. Non. La ligne de partage oppose l’ensemble des exploiteurs à l'ensemble des exploités qui subissent, de manières différentes l’aggravation de leurs conditions de vie. La misère croissante des chômeurs, le nombre de plus en plus grand de travailleurs précaires, la précarisation grandissante de tous les salariés sont des phénomènes inséparablement liés entre eux.

Nous affirmons que c’est sur la base de ce critère de classe que l’on situe les revendications à défendre. Nous rejetons les mots d’ordre ouvertement nationaliste comme le « produisons français » ou au chauvinisme camouflé comme « développement industriel ». Nous refusons la défense de son entreprise ou de son pays au nom de la défense des emplois. Contre la solidarité de fait avec son employeur, nous opposons la construction de l’unité entre travailleurs de différentes entreprises, de différents pays. Nous refusons, de même, de parler de la « défense des usagers » ou du « Service Public » et nous mettons en avant la défense des intérêts des travailleurs et des secteurs populaires dans l’accès aux soins, à l’éducation, aux transports...

Nous disons que ce critère de classe nous sert de boussole pour savoir qui l’on privilégie dans le travail syndical. Dans la grande industrie comme dans le secteur public, notre priorité de travail sera d’organiser les ouvriers et de construire, sur la base de leurs intérêts de classe, des revendications qui unifient largement contre le patronat et l’Etat.

A l’inverse, nous nous opposons à un certain syndicalisme qui vise à mettre les ouvriers à la remorque de l’aristocratie ouvrière, des cadres, voire des patrons. Pour cela nous rejetons les revendications sur les augmentations de salaires en pourcentage, ou (pour ce qui est des routiers ou des marins-pécheurs) sur la taxation du fioul. Pour la même raison aussi, nous combattons dans nos syndicats toute organisation séparée des cadres ou techniciens.

Nous voulons un syndicalisme de solidarité


Il ne s’agit pas là d’un critère qui s’impose naturellement. Tout le monde se prétend aujourd’hui « solidaire », pour l’unité. Le « Tous ensemble ! » n’est-il pas le mot d’ordre partagé dans toutes les manifestations ? Mais ensemble pour quoi ? Solidaires en quoi ?

La première des solidarités de classe est celle à l’égard de nos camarades immigrés, avec ou sans papiers, souvent les plus précaires des travailleurs. Ils sont marginalisés dans l'activité des confédérations. Nous rejetons sans détour le nationalisme. Pour reprendre un des plus vieux mots d’ordre du mouvement ouvrier : « les prolétaires n’ont pas de patrie ». Combattre le chauvinisme et le racisme dans l’entreprise et en dehors est plus important que jamais en ces périodes troublées où le Front National maintient son influence parmi les travailleurs.

Cette solidarité n’est donc pas seulement « européenne », même si les conditions de combat relativement proches rendent les liens plus faciles. Certains discours visant à légitimer la Confédération Européenne des Syndicats (CES), cette institution de l’Europe impérialiste, recouvrent en fait un chauvinisme européen en formation derrière un internationalisme de façade. Cette CES qu’on nous vante dans les confédérations, n’est qu’une structure de technocrates de la relation sociale qui cherchent à se poser en interlocuteurs très responsables face à la Commission Européenne. D’où l’appel à vote Oui au référendum du 29 mai 2005, en France, repris par la CFDT et toute une fraction de la direction CGT, finalement mise en minorité. Non. La solidarité de classe que nous visons, concerne les travailleurs du monde entier, en particulier ceux des pays dominés, des pays d’origine de l’immigration.

Pour cela nous rejetons toute forme de « préférence nationale » ou « européenne ». En particulier nous revendiquons l’ouverture de l’embauche des étrangers dans la fonction publique... ce qu’oublient de faire tous ceux qui défendent, en l’état, le statut des fonctionnaires.

La construction de l’unité de classe suppose le combat contre le racisme, mais aussi contre le sexisme. Temps partiel imposé, discrimination salariale, discrimination à l’emploi sont le lot des femmes travailleuses. La dureté croissante des conditions d’exploitation entraîne aussi la multiplication de rapports machistes et des cas de harcèlement sexuel. Comme sur les questions de l’immigration, il ne faut pas hésiter à aller à contre-courant des idées dominantes dans le syndicat. Le combat d’ensemble ne doit pas se faire en camouflant les situations particulières mais en intégrant la lutte contre les divisions que le patronat et l’Etat nous imposent.

Construire une solidarité de classe, c’est aussi la construire avec les chômeurs et les précaires. Nous rejetons le syndicalisme élitiste qui conditionne la titularisation des précaires au passage de concours. Dans le secteur public comme dans le secteur privé, nous nous battons pour l’embauche immédiate et sans condition des précaires qu’ils soient intérimaires, vacataires ou CDD. De même, la solidarité avec les sous-traitants de toute sorte, multipliés par suite des découpages juridiques opérés par les patrons, est indispensable pour reconstruire un syndicalisme qui organise tous les secteurs d’activité. Avec les chômeurs, nous travaillons à construire un syndicalisme faisant converger en une même lutte celle des travailleurs sans emploi et des travailleurs avec emploi, par exemple contre l’intensification du travail. La réduction massive du temps de travail, malgré le discrédit qui entoure la revendication, suite aux 35 heures Aubry, est aussi un axe privilégié à reprendre pour organiser cette convergence.

La solidarité c’est aussi le souci de sortir le nez des situations locales. S’il nous faut défendre pied à pied les intérêts immédiats des travailleurs dans les entreprises, nous ne pouvons nous satisfaire des petits rapports de force établis çà et là, souvent sur des bases étroites et locales. Le syndicalisme de classe ne se définit pas seulement à l’échelle de l’entreprise, voire du délégué. Il existe parce qu’il se situe par rapport à tous les enjeux syndicaux, nationaux et internationaux, contre les orientations portées par les directions confédérales. Pour cela, nous saisissons autant que possible les occasions pour mettre en contact nos syndicats avec des travailleurs d’autres sites, d’autres entreprises, d’autres pays. Même si les retombées pratiques sont souvent faibles en terme de lutte commune, les conséquences sont généralement positives dans la prise de conscience des enjeux chez les syndiqués.

Enfin, nous ne nous satisfaisons pas d’une solidarité « contre » (contre le gouvernement du moment par exemple) qui cache souvent un « chacun pour soi », solidarité des mécontents qui évite d’affronter les corporatismes et les contradictions qui existent parmi les travailleurs. La solidarité que nous voulons est positive, « pour » la défense des intérêts de classe des travailleurs. Cela suppose débat et avancée, convergence sur un projet commun qu’il nous faudra bien définir. On ne pourra pas faire l’impasse de cette démarche, et nous devons l’affirmer dès à présent, contre tous ceux qui cherchent une unité réduite au minimum acceptable par tous. On ne peut être en même temps pour la défense de l’industrie française et celle des sans-papiers, pour la défense des ouvriers exploités et pour celle de leurs exploiteurs cadres etc... Il faut se déterminer, et choisir un camp, celui de la classe ouvrière, des travailleurs.

Nous voulons un syndicalisme indépendant


Certes pas un syndicalisme jaune, qui refuse la politique de classe pour mieux collaborer avec le patronat, ce que font la plupart des syndicats qui s'appellent eux-mêmes « indépendant »

Au contraire, nous voulons un syndicalisme totalement indépendant du capital et de l’Etat, qui ait rompu tous ces liens entretenus depuis des décennies par des bureaucrates qui partagent maintenant la logique de nos exploiteurs.

Nous refusons le syndicalisme qui rentre dans la défense de l’entreprise et de la nation, qui se prétend meilleur gestionnaire qu’un patron incompétent, qui propose contreplan sur contreplan, qui s’échine à chercher les moyens de financer nos revendications et enchaîne ainsi les travailleurs aux règles de l’économie capitaliste. Face aux restructurations nous défendons l’intérêt des travailleurs, et rien d’autre. Dans les structures syndicales économiques institutionnelles (Comités d’Entreprise, Conseil d’Administration, Commissions Paritaires...) nous refusons de rentrer dans le débat gestionnaire pour dénoncer au contraire les règles qui en régissent le jeu.

Nous refusons le syndicalisme institutionnel de partage des tâches entre syndicats et patronat. Nous refusons un syndicalisme qui gère cantines, mutuelles, chômage et sécurité sociale, syndicalisme qui n’a apporté que corruption matérielle et idéologique dans nos rangs. On ne peut pas en même temps dénoncer le capitalisme et prétendre en être les meilleurs gestionnaires, voire de dignes représentants patronaux comme on a pu le voir dans certains CE...

Nous refusons de négocier l’embauche (dockers, imprimerie) ou les licenciements des ouvriers, de cogérer la carrière de nos collègues, comme dans l’Education Nationale. Nous refusons le syndicalisme institutionnel de « partenaire privilégié », le syndicalisme de clientèle, le syndicalisme de service, pour privilégier celui de la lutte de classe !

Notre syndicalisme est celui de l’indépendance de classe, qui définit ses objectifs par rapport aux intérêts des travailleurs, et d’abord les plus exploités. C’est pour cela que nous osons affirmer des revendications considérées comme aussi « utopiques » que « Zéro licenciement », « maintien des postes de travail » et « les 32 heures sans perte de salaire, sans précarité ni flexibilité et avec embauche correspondante », ou encore « libre circulation des travailleurs ».

C’est pour cela que nous refusons le mot d’ordre « Interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits et qui licencient ». Ce mot d’ordre, initié par Lutte Ouvrière puis repris par la plupart des forces politiques et syndicales, fait dépendre nos objectifs de la bonne santé de l’entreprise et laisse sur le carreau les travailleurs des entreprises perdantes dans la guerre économique ainsi que tous les sous-traitants. Les « Lu-Danone » de Ris-Orangis, après débat, avaient abandonné ce mot d’ordre dans leur appel à la manifestation du 9 juin 2001. Ils avaient cherché à unifier tous les restructurés autour de « Non à tous les licenciements ».

C’est ainsi que se construit notre camp, l’orientation syndicale de classe nécessaire à notre avenir de travailleurs.

Nous voulons un syndicalisme véritablement collectif et démocratique


Nous en avons assez de ces délégués qui parlent en notre nom et utilisent notre force dans les combats au service des intérêts particuliers de quelques uns, qui signent des accords inacceptables ou nous prêchent la division du corporatisme ou du nationalisme.

Nous voulons contrôler nos combats et notre action syndicale. Dans les conflits, nous voulons organiser comités de grève et assemblées générales, un contrôle collectif et permanent sur notre mouvement pour décider nous-mêmes de notre action.

Mais nous avons aussi besoin d’organisations, de véritables syndicats qui nous représentent en permanence. Le syndicalisme n’est pas que la grève, c’est aussi l’éducation, l’organisation permanente des plus larges masses sur une orientation bien claire contre l’exploitation capitaliste.

Contre l’individualisme qui imprègne toute la société capitaliste, le syndicalisme c’est aussi un moyen de préparation à la transformation de la société. C’est une école de solidarité, de lutte, de prise de conscience. C’est l’apprentissage permanent d’autres relations : l’apprentissage des décisions collectives, des responsabilités, de la rotation des tâches dirigeantes, de l’organisation.

Pour cela nous avons besoin de délégués, de représentants, de mandats, de décisions centrales, de modes de contrôle. Nous avons besoin d'Unions Locales, de structures interprofessionnelles, du fédéral et d'organisations internationales. La vie syndicale ne peut se mener sans une telle structuration. La démocratie directe ne peut guère construire qu’une petite structure locale.

Le problème n’est pas d’avoir des représentants, mais de savoir les choisir sur des bases claires et explicites, de pouvoir les contrôler en permanence, jusqu'à remettre en cause leur mandat, d’élaborer collectivement (et non à partir de quelques experts, aussi syndicaux soient-ils) une orientation de classe.

La démocratie syndicale est à réinventer. Contre la bureaucratie galopante, contre le rêve anarchiste de la démocratie et de l'action directes, c’est une organisation de classe, démocratique et centralisée, que nous devons construire dans la lutte. Une organisation destinée au combat contre un ennemi bien mieux organisé que nous !

Nous voulons un syndicalisme de masse et de classe


Nous défendons l’idée d’un syndicalisme de classe ; mais nous voulons aussi construire un syndicalisme de masse. Notre ambition est de construire un syndicalisme de classe majoritaire parmi les travailleurs. Nous pensons même que, dès aujourd’hui, il est possible d’organiser une fraction significative de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs autour d’un syndicalisme dynamique, radical, de rupture avec la société capitaliste. Pour cela, nous refusons le syndicalisme élitiste de quelques avant-gardes. Nous refusons, en particulier, de confondre organisation syndicale et organisation politique.

Nous connaissons bien ce phénomène quand des structures CGT appellent à voter pour le député-maire du coin, PCF. Il existe aussi chez certains militants d’extrême gauche qui utilisent le syndicat comme une simple couverture pour le travail de construction de leur organisation politique. Mais le problème existe aussi chez un certain type de militantisme anarcho-syndicaliste qui confond les tâches entre ces deux types d’organisations et cherchent à ce que le syndicat prenne des positions extrêmement radicales sur des sujets variés, sans tenir compte de leur base et de la nécessité d’un syndicalisme de masse.

Les démarches ne sont pas les mêmes. Un Parti politique se constitue autour d’un programme de transformation de la société que seule une crise révolutionnaire permettra d’accomplir. Dans les luttes, il tend, et c’est normal, à raccorder les manifestations de protestation à son projet politique.

Le syndicat, lui, doit organiser la défense quotidienne des travailleurs contre les empiétements du capital. Il a besoin de l’énergie et de la solidarité de toute la classe, il n’organise pas une avant-garde. Et sa façon d’aborder la politique est conditionné par ce point de départ. Le syndicat est amené à faire de la politique, à prendre position sur les grands problèmes : les attaques de la bourgeoisie bien sur, la nature de la production , la sécurité et l'environnement, la domination impérialiste etc.. Mais il est forcément limité dans son expression proprement politique à ce que peuvent assumer les syndiqués.

Cela n’interdit pas, bien au contraire, l’activité de militants politiques révolutionnaires dans les syndicats. Ils apportent leurs analyses, leur compréhension, leurs propositions, précisément parce que le syndicat doit devenir une école de classe pour la libération des travailleurs. Mais ils se soumettent au débat démocratique et respectent les décisions prises solidairement.

Voilà les grands axes sur lesquels, pensons-nous, doit se construire aujourd’hui un courant syndical de classe, en les défendant dans toutes les structures dans lesquelles nous sommes investis.

C’est le socle, le point de départ d’un syndicalisme de classe, quelles que soient les situations particulières dans lesquelles nous nous trouvons les uns et les autres.

Nous sommes tout à fait conscients que c’est insuffisant, que cela ne définit pas une orientation, une tactique, des choix syndicaux. Mais il faut en passer par là sans brûler les étapes, accepter de jeter à nouveau les fondations de nos organisations de lutte, contre toutes les pseudo évidences serinées par des bureaucrates intéressés.

C’est ce Manifeste que nous proposons de débattre le plus largement possible et d'utiliser comme un outil pour construire un renouveau syndical.

Source: Site "Où va la CGT ?"
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    Non au Front National !

    Camarades ,

    Ne nous livrons pas aux chants des sirènes fascistes, qui sous couvert d'un discours anti-systémique bien rôdé, ne visent qu'à instaurer un régime aux relents des années 30. Ne soyons pas naifs face à ce nouvel ordre moral que veulent imposer par le mensonge et la peur les tenants de la haine et du "sang pur". Sous couvert d'une fausse expression démocratique et médiatique, le FN ne s'est jamais détaché de ce qui a construit son origine : une droite populaire qui rejette le prolétaire, une droite chrétienne qui rejette le non-croyant ou l'autre croyant, une droite corporatiste qui rejette l'union des travailleurs. Le FN a ses petits groupuscules néo-nazi dont il se défend d'être en lien publiquement mais avec qui il travaille bien tranquillement  : GUD, bloc identitaire et autres "natios".

        Et lorsque l'on se penche sur son programme politique le vernis craque : Contre la retraite par répartition et tout ce qu' a fondé le CNR de 1945 (où était-il lors des manifs de 2010 ?)  , contre les droits des salariés ( poujadiste un jour, poujadiste toujours !) etc... 

    De nombreux documents démontrent l'imposture du FN. L'UPAC vous en propose deux :

    - Celui du collectif communiste Prométhée dans son numéro 85, (site net : http://promcomm.wordpress.com), 5 pages.

    -Celui du collectif VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes), qui s'intitule "FN, le pire ennemi des salarié(e)s" et dont le lien est sur le blog, 29 pages. 

     

    Ne lâchons rien ! 

    Face au bras tendu du facho, levons le poing ferme du prolo !! 

     

    Vêtements et accessoires skinheads et Antifas.

                Site "La Pétroleuse" : Clic<  link

     

                Site "moonstomp" : Clic<  link

     

               Site "La Boutique, Tapage Rock" : Clic<  link

     

                Site "Antifa Wear" : Clic<  link

     

              Site "Ni Dieu, Ni Maitre": Clic< link   

     

                 Site "FFC Production": Clic< link

     

      Badges UPAC:

     

    Modèle 25 mm

     

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    Modèle 32 mm.

     

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    Fabrication "FFC Production".