L’antifascisme originel ou primaire du siècle dernier n’avait que pour principal fondement la lutte contre une oppression politique qualifiée de nationaliste : Fascisme italien, franquisme espagnol et nazisme allemand. Et bien que l’antifascisme à cette époque n’était pas naif en ce que le fascisme en général avait déjà décloisonné plus loin que le verset politique, l’antifascisme de l'après guerre de 40 ne définissait son action que par le combat contre le « nazillon », ce qui réduisait son champ de réflexion et d’action.
Pendant très longtemps, le combat contre le fascisme s’est tenu à cette vision binaire entre « antifas » et « fachos » car politiquement les « antifas » n’ont pas su apprécier à leur juste valeur ce qu’impliquait le combat contre le fascisme et tout ce que cela pouvait induire sur les fronts de la lutte. Et lorsque les partis d’extrême droite ou groupuscules identitaires sont retournés par moment à des attitudes plus confidentielles voire clandestines car beaucoup moins populaires ou mis volontairement en veille, les « antifas » ont baissé malheureusement la garde ou leur vigilance parce que considérant que le fascisme n’était tenu que par eux, alors que ce n’était que la partie émergente de l’iceberg.
Aujourd’hui comme hier, l’antifascisme ne peut se réduire à l’antifascisme et ne peut que se définir sur une triptyque : anticapitaliste, antiraciste et antisexiste. Tout antifasciste qui n’adopte pas ces trois thèmes comme les fondements de l’antifascisme ne peut se réclamer de l’antifascisme. Et tout antifasciste qui défini son antifascisme comme « antifasciste, anticapitaliste et antisexiste » réduit l’antifascisme à un composant de lui-même et non à la raison nécessaire et suffisante lorsque défini par la triptyque anticapitaliste, antiraciste et antisexiste. L’antifascisme est la valeur suprême portée par la triptyque et non une des composante de la triptyque.
Cette triptyque nous permet alors de considérer que tout régime politique, social et économique qui cultive la souveraineté du capital par l’exploitation d’une classe dominante sur une classe dominée et qui ajoute à cela la division et l’affrontement des races et des sexes est un régime fasciste.
Cela nous permet de définir des régimes politiques de « fascistes » en dehors de toute personnification parce qu’en dehors du culte de la personne. En d’autres mots, de faire la condamnation d’un système et non d’un individu. Et si les « antifas » ne se sortent pas de l’idée de combattre contre le seul porteur du fascisme (Le Pen par exemple), ils ne rempliront qu’une partie de leur mission. Et risqueront de ne passer que pour des fauteurs de troubles ou de vagues activistes.
Par ailleurs, les fachos ont bien compris cela et dépersonnalisent au maximum leur propagande politique. Ils ne font d’ailleurs que se calquer et prendre exemple sur le système dont ils sont les porteurs : le capitalisme. Aussi, il faut tuer le fascisme par une lutte globale et radicale. Il faut démonter politiquement, économiquement et socialement leurs concepts populistes et anti-humanistes. A chaque argument fasciste, un contre-argument antifasciste. A chaque action fasciste, une contre-attaque antifasciste. A chaque manifestation fasciste, une contre-manifestation antifasciste. Mais plus que ça, il ne faut ni se cantonner aux critiques de personnes aux allures de slogans (« Le pen facho ! ») ni se résoudre à les regarder s’étaler, s’organiser et se populariser en ne faisant que répondre. L’antifasciste doit aussi occuper l’espace parce qu’il doit ….ETRE LA ! Tout simplement. L’antifa, en dehors, de combattre les groupuscules de « natios », se doit d’être un acteur de la vie sociale et un constructeur du monde de demain. Cela demande de sa part d’être un militant de tout instant avec tout ce que cela implique sur la formation nécessaire pour pouvoir lutter aujourd’hui contre des cerveaux formatés et des corps entrainés. Cela nécessite aussi que les collectifs antifascistes se coordonnent au maximum et qu’à chaque étape géographique (locale, régionale, nationale, internationale) le mouvement antifa soit présent.
Aussi, camarades, ne nous trompons ni de combats, ni de cibles car le bruit des bottes montent déjà depuis trop longtemps que ce soit dans les entreprises, les rues, et malheureusement trop souvent dans les têtes….
« Il y a du fachos sur la planche ! »
UPAC, Le 25 octobre 2011.