LES 3 MORTS DE THÉO FRANCOS :
UN ANTIFASCISTE ESPAGNOL
Mort de Théo FRANCOS un
Communiste
des Brigades Internationales Antifascistes
( 6 Juillet 2012) Texte de Aitor Fernández
Version originale en castillan : (cliquer)
Théo FRANCOS (1914-2012) est Mort 3 fois. La 1ère fois : le jour de son
exécution par fusillade dont il a miraculeusement survécu. La 2ème fois : il y a deux jours, à 98 ans dans sa maison à Baiona. La 3ème fois : c'est aujourd'hui, quand il est devenu évident que
les médias mensongers ont fait le silence sur sa Mort..
Introduction. En voyant que pas un seul de ces misérables médias espagnols n'a été digne d'écrire 4 lignes pour ta Mort, Théo, je me suis mis à les écrire
moi-même, moi, une personne sans formation de rédaction journalistique mais que la rage au coeur pousse à réaliser beaucoup de choses. Cette fois, c'est par impuissance à comprendre qu'en
réalité, tout le monde s'en fout de savoir combien de fois tu as risqué ta vie pour défendre la Cause Antifasciste et je dis "Cause" parce que tu as défendu la Cause de l'Humanité au-dessus des
nationalités et des drapeaux. Je t'ai connu et j'ai pu t'embrasser, bien qu'en quittant la ville : tu ne t'es peut-être plus jamais souvenu de moi car ta mémoire était complètement effacée, ce
qui ne m'empêche pas d'être témoin de ta grandeur.
Là où je veux en venir. Depuis que j'ai connu ton Histoire, Théo (d'abord racontée par la ARMH (1) et ensuite lue au travers des textes de Sofia MORO) j'ai voulu te connaître mais je n'en ai eu l'opportunité que 2 ans plus tard. L'été dernier, j'ai voyagé à Baiona durant l'avant-dernier voyage du projet "VENCIDXS" (Vaincu(e)s) pour découvrir en toi un homme beaucoup plus petit que ce que j'avais vu dans les photographies et les vidéos, diminué par la vieillesse et la Mémoire atteinte, mais même ainsi : Exceptionnel et Humain. Un véritable idéaliste qui a Lutté en Espagne pour abattre le Fascisme (bien que le Parti Communiste ait voulu t'en empêcher) avec beaucoup d'autres hommes et femmes volontaires qui se sont appellé(e)s les Brigades Internationales Antifascistes.
(1936-39. Guerre Révolutionnaire dans
l'État espagnol) Brigades Internationales Antifascistes
«Quel est la raison d'être du Fascisme, Théo ?»
«C'est l'Exploitation ! (malgré tout, il avait de moments de lucidité) Comme celle de mon père à Valladolid où ils le faisaient travailler toute la nuit avec un morceau de pain et d'oignon...»
Je suppose que c'est à cela qu'on voudrait nous faire revenir et je suppose que
c'est aussi pourquoi tu n'est pas présent dans les médias aujourd'hui.
La peur ne s'est jamais séparée de toi. Mais cela ne t'a pas empêché de faire de grandes choses. Tu m'as dit que parfois tu te réveillais la nuit et que tu pleurais comme un gamin... je pense que te revenait en mémoire ce qui te paraîtra être la Fin du Monde, ou plutôt, la Fin de l'Humanité quant les Fascistes t'ont enterré jusqu'à la ceinture pour te torturer au Camps de Concentration de Miranda de Ebro en te donnant des coups, en plein soleil, et en te détenant ainsi des journées entières.
«Parfois, je me demande comment j'ai pu supporter autant de choses. Les gens en dehors du Camps me lançaient de la nourriture ou de l'eau que mes compagne(on)s me donnaient quand il(elle)s le pouvaient...».
Ce furent les représailles du fait de t'être évadé du Camps... par les égouts parce que les Brigades Internationales étaient parties mais que, toi, tu es resté pour continuer à Lutter y compris quand tout était perdu.
(A partir de 1939, dans l'État espagnol fasciste : Régime Franquiste)
Camp de concentration à Fyfees, Tenerife
contre ceux et celles considéré(e)s comme des "Rouges"
«Ceux/celles
qui construisaient le Camps de Concentration (2) : c'étaient les prisonnier(ère)s eux/elles-mêmes !» me raconta-t-il d'une façon dispersée «Mais pas
nos baraques car nous dormions en pleine intempérie. On construisait pour les soldats et nous leur avons fait y compris une piscine !».
Et tout cela, alors qu'ils continuaient d'exterminer tes compagne(on)s...
(1936-39. Guerre Révolutionnaire dans l'État espagnol) Brigades Internationales Antifascistes
Quand ils t'ont libéré, tu pensais revenir à la maison pour te reposer. Mais en voyant Baiona prise par les Nazi(e)s : «Je me suis échappé sur le pont, j'ai vu ma mère de loin mais je n'ai pas pu lui dire au-revoir». Parce que, dès lors, une nouvelle odyssée à commencée pour toi, bien qu'en réalité il s'agissait de la même chose : continuer à combattre le Fascisme.
Tu es enrôlé comme parachutiste dans l'Armée anglaise et dans cette nouvelle Guerre les expériences les plus dures de ta vie t'attendaient. Tu as dû tuer un compagnon gravement blessé qui n'avait pas le courage de prendre la pilule de cyanure que vous portiez chacun. Au cours d'une autre mission, en sautant, ton parachute s'est coincé dans l'aile de l'avion : «Je l'ai coupé au couteau comme j'ai pu et je suis bien arrivé à terre. On m'a enlevé le prix du parachute de mon salaire mensuel».
Camp de Concentration dans l'État français
crées dès 1936 par le Gouvernement de Front Populaire avec DALADIER et
destiné aux "Rouges" ou "terroristes" des peuples dans l'État espagnol.
Deux prisonniers Antifascistes espagnols sont attachés à un pieu, châtiés pour leur
rébellion...
Mais je crois que le pire c'est quand les Fascistes t'ont fusillé. Cela me
paraît incroyable. Tu as vécu une exécution par fusillade et c'est pourquoi tu portais une balle logée à quelques centimètres de ton coeur pour toute ta vie... Je t'ai demandé ce que tu pensais
de ce moment-là : «Tu ne sais pas ce qui se passe, si c'est vrai ou pas. Parfois, les Fascistes te blessaient pour que tu souffres avant de mourir». Mais tu n'es pas mort et un couple de
paysans de la Résistance t'ont sauvé le lendemain.
Et tu as aussi connu la bonté humaine, comme celle de ces paysan(ne)s ou ouvrier(ère)s des chemins de fer qui te procuraient de la nourriture ou les gamines qui t'ont caché dans le grenier : «Je reste très impressionné par la Solidarité des femmes, j'ai sauvé plusieurs fois ma vie grâce à elles». Des femmes idéalistes et courageuses.
(1940-45. Minsk) Femmes Antifascistes Communistes Guérilleras.
A Stalingrad, tu es
rentré 30 km dans les lignes ennemies Nazies avec une femme russe âgée de 19 ans pour faire exploser des ponts et empêcher l'avancée des Nazi(e)s. Tu l'as retrouvée 70 ans plus tard, elle avait
90 ans et ton fils lui disait de ne pas t'embrasser aussi fort parce qu'elle allait te tuer en t'embrassant ainsi.
Et telle a été ta vie, Théo ! Tu m'as parlé lentement de ton arrière-petit fils, perdu dans un amalgame de souvenirs qu'il te coûtait d'ordonner. «Papi, tu dois arriver à 100 ans !», te disait-il. Peut-être que tu t'amusais autant avec lui parce que tu n'avais pas pu le faire avec ta fille, celle que tu as connu à partir de ses 20 ans à cause de tout le travail que tu as dû faire : «Au début, personne ne me donnait du travail, j'ai donc dû voyager et travailler loin, en occupant plus de 30 postes de travail différents». J'imagine que tu es mort en paix, bien qu'avec de l'inquiétude au coeur parce que tu voyais le Fascisme «revenir en relevant la tête». J'espère ne pas devoir vivre les terribles expériences que tu as dû vivre.
Théo Francos : "Je dédie cette photographie à ma bienaimée mère
comme preuve de mon affection de fils. (23.09.1937)"
Conclusion. «Et après tout cela, à quoi ça a servit ?» comme me l'a aussi dit Concha CARRETERO... Tout ces hommes, ces femmes et
enfants qui ont été assassiné(e)s, qui ont défendu la Liberté des générations suivantes qu'il(elle)s n'auront pas connu ensuite, qui ont payé avec leur Jeunesse et avec leur Vie chacun de la
totalité des Droits que nous avons aujourd'hui et que nous sommes en train de perdre un à un. Pourquoi ? Pour qu'aucun média ne dédie quelques lignes à ta Mort. Ni RAJOY (3), ni la sélection espagnole de football, ni la prime de risque ne méritent la moitié de l'espace que tu devrais occuper dans les médias.
De telle sorte que, en l'ayant écrit plutôt mal que bien, premièrement : je te demande pardon pour ne pas pouvoir te consacrer tout le temps que tu mérites et deuxièmement : je suis honteux parce que ce n'est pas celui-là le médium principal où ta mort devrait figurer.
Une fois, un général espagnol t'a demandé : «Toi, tu n'as pas de mère ? Parce que ce n'est pas normal qu'une personne réalise autant de missions»,
«Oui monsieur, j'en ai une, je le fais par conviction». Très sûr de lui, il t'a répondu : «Reste avec moi parce qu'au moins tu sauveras ta vie. Quand la Guerre sera finie, on ne te
remerciera de rien». C'était vrai...
NOTES.
(1) ARMH : Association pour la Récupération de la Mémoire Historique.
(2) Camps de concentration : L'État français a lui aussi créé des Camps de Concentration pour contrer la Menace Rouge (Communiste) en désarmant d'abord les réfugié(e)s Antifascistes et Républicain(e)s des Peuples dans l'État espagnol puis en les emprisonnant. Ceux/celles-ci étaient qualifié(e)s officiellement de «Terroristes» par l'État français et ses médias qui incitaient la population française à dénoncer leur présence... Plus d'infos : (cliquer).
(3) Mariano RAJOY BREY : président de l'actuel Gouvernement PP* de l'État espagnol Monarco-Fasciste et secrétaire général du Partido Popular (Parti Populaire), d'Extrême-Droite.
(1936-39. Guerre
Révolutionnaire dans l'État espagnol) Brigades Internationales Antifascistes
(1936-39. Guerre Révolutionnaire dans l'État espagnol) Brigades Internationales Antifascistes
Passage de l'Ebre... pour mener la Lutte contre le Fascisme.
Source: SRI (Secours Rouge International)