Cette brochure est l’occasion de partager les outils fournis un courant de la géographie critique qui se fait de nouveau entendre. Nous avons effectué des coupes, les articles sont disponibles
dans leur intégralité sur internet. Ces travaux nous invitent à reconsidérer les rapports de classes : illusion de la disparition des classes ouvrières dans les pays
« dominants », essor d’une classe ouvrière industrielle dans les pays « dominés » et émergents, apparition d’une nouvelle classe intermédiaire (la petite bourgeoisie
intellectuelle), dissimulation des conflits de classes grâce à une approche raciste. Cette recomposition des rapports de classes n’est pas nouvelle, elle est ici mise à jour de façon explicite.
Un certain vocabulaire présent dans les textes, tel que « répartition des richesses », « égalité », « autogestion », etc. mériterait d’être clairement défini. Ce
langage révèle des positions citoyennistes et réformistes qui ne nous satisfont pas. « Répartition des richesses » ? Quelles richesses ? Par qui ? Pour qui ?
« Autogestion » ? De quoi ? De notre misère, du monde fantastique dans lequel nous vivons ? La notion de droit nous pose également problème, nous ne pouvons la faire
nôtre. Elle sous-entend une autorité garante de ce droit, ce qui est en contradiction avec la volonté d’abolir les dominations. Plutôt que « droit à la ville », nous disons :
prendre la ville. La question des moyens de s’approprier la ville est à peine évoquée. Jean-Pierre Garnier pose la question inéluctable de la violence. Violence par laquelle le capitalisme
étend et protège sa domination. Violence par laquelle nous prendrons la ville ? Si nous voulons détruire le capitalisme et toutes les dominations, il nous faut détruire les moyens de leur
re-production. Il est impossible de s’approprier la ville telle qu’elle est, conçue pour re-produire le capital et les dominations. Pour enrayer les comportements induits par l’espace
capitaliste, sa destruction est nécessaire. Ce qui nous a paru pertinent, c’est de montrer que l’aménagement du territoire et de l’urbanisation sont des éléments moteurs du capitalisme. Cet
aménagement du territoire n’est pas une conséquence du capitalisme mais bien une condition de sa re-production, le capitalisme est en soi une logique spatiale. Et ce n’est pas un hasard si de
nombreuses luttes concernent des territoires et leurs aménagements (la métropolisation), au Val de Susa et à Notre-Dame-Des-Landes par exemple. Se battre contre cet aménagement que nous
subissons au quotidien, c’est donc se battre directement contre le capitalisme et sa re-production. Ainsi des luttes dont les enjeux pourraient paraître locaux, portent une critique en acte
bien plus vaste. Et les cibles ne manquent pas. Partout les villes sont en chantier. Entre les métropoles, les territoires sont éventrés par la circulation des flux (marchandises, travailleurs,
capitaux,...). De par son hégémonie et son omniprésence, le capitalisme nous offre une infinité d’angles d’attaque. Tant que ces analyses restent dans le champ universitaire et théorique, elles
ne transforment pas le réel dans une optique révolutionnaire, voire même elles servent à la re-production du système. Emparons-nous de ces analyses pour « prendre la ville ».
sommaire :
capitalisme et
urbanisation, David Harvey
David Harvey et le
matérialisme historico-géographique, Anne Clerval
La lutte des classes
dans l’espace urbain, interview de Anne Clerval
Voies et moyens pour
le retour d’une pensée critique "radicale" de l’urbain, Jean-Pierre Garnier
téléchargeable sur http://basseintensite.internetdown.org
Source: Indymédia Grenoble